Accueil ACTUALITÉ CESSEZ-LE-FEU ENTRE ISRAËL ET L’IRAN : Des réactions arabes et internationales mitigées

CESSEZ-LE-FEU ENTRE ISRAËL ET L’IRAN : Des réactions arabes et internationales mitigées

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Un cessez-le-feu entre l’Iran et l’entité sioniste est officiellement entré en vigueur hier à 7 heures du matin, mettant fin à douze jours d’une confrontation militaire sans précédent entre les deux puissances rivales. Ce tournant géopolitique, obtenu dans un contexte d’escalade régionale et de tensions mondiales, est présenté à Téhéran comme une victoire stratégique, arrachée sous la pression des armes, mais aussi des efforts diplomatiques menés, en coulisses, par le Qatar et avec l’intervention personnelle du président américain Donald Trump. La télévision d’État iranienne n’a pas tardé à annoncer la nouvelle : « L’ennemi a été forcé d’accepter le cessez-le-feu ». Quelques heures plus tard, le Conseil suprême de sécurité nationale iranien publiait un communiqué triomphal, affirmant que la République islamique avait infligé « une défaite cuisante » à Israël et que celui-ci avait « mis fin unilatéralement à son agression ». L’Iran, dans ce communiqué, se montre ferme : « Nous ne faisons aucune confiance à nos ennemis. Notre doigt reste sur la gâchette et nous répondrons avec force à toute nouvelle agression ». Ce ton martial s’inscrit dans la ligne d’une stratégie offensive affichée depuis les frappes iraniennes qui ont ciblé des installations militaires israéliennes et même, pour la première fois, la base américaine d’Al-Udeid au Qatar. « Le peuple iranien a résisté avec fermeté et dignité. Les récentes attaques étaient une réponse légitime aux violations israéliennes », déclare encore le Conseil. Et de conclure : « Nous avons remporté une supériorité stratégique en douze jours de combat. L’entité sioniste a dû capituler ».

Égypte : retour au calme, mais pas de paix sans la Palestine
L’Égypte a, elle aussi, salué la trêve, y voyant « un tournant important vers le rétablissement du calme ». Le Caire a promis de poursuivre ses efforts diplomatiques avec ses partenaires régionaux et internationaux pour consolider la trêve. Mais la diplomatie égyptienne a rappelé l’essentiel : « La question palestinienne reste le cœur du conflit régional. Sa résolution juste et globale est la seule voie vers une paix durable ». Ce rappel intervient alors que les frappes israéliennes sur Ghaza et les incursions en Cisjordanie ont redoublé depuis octobre 2023, dans une impunité quasi totale.

Liban : appel à la fin de l’occupation
Du côté libanais, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le Premier ministre Nawaf Salam a remercié le Qatar pour ses efforts et appelé à aller plus loin : « Le Liban demande à Doha de faire pression pour mettre fin à l’occupation israélienne du sud du pays. Nous travaillons à mobiliser un soutien arabe et international contre les violations israéliennes ». Ce message réaffirme que, malgré le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, les lignes de confrontation restent actives dans la région, notamment au Liban, en Syrie et en Palestine.

Turquie : Erdoğan hausse le ton
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a exigé « l’arrêt immédiat de l’agression israélienne » et exhorté « les puissances mondiales à agir de manière décisive pour mettre fin aux tensions ». Pour Ankara, la trêve ne saurait masquer la nécessité d’un rééquilibrage du rapport de force en faveur des peuples opprimés de la région.

Moscou, entre prudence stratégique et critique de l’Occident
La Russie, par la voix de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, a réitéré sa disponibilité à contribuer au règlement du conflit, tout en refusant de s’imposer comme médiateur : « Moscou ne s’imposera pas, mais reste disponible pour aider à un règlement durable ». Lavrov a toutefois émis des doutes sur la solidité du cessez-le-feu : « Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur la durabilité de cette trêve ». Il a ajouté que Moscou avait soumis des propositions aux États-Unis, à l’Iran et à Israël, et que les réactions avaient été « globalement positives ». Dans un contexte plus large, Lavrov a souligné que « les mécanismes alternatifs aux systèmes dominés par l’Occident doivent être renforcés », évoquant la logistique, les paiements et l’indépendance stratégique, notamment vis-à-vis de l’OTAN qu’il a qualifié de « coalition agressive ».

Pékin prône la désescalade par le dialogue
la Chine a pris la parole pour appeler à un retour urgent au dialogue et à la retenue. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Pékin a exprimé son soutien à une désescalade rapide de la situation au Moyen-Orient, exhortant toutes les parties à « reprendre le dialogue sur un pied d’égalité ». Le chef de la diplomatie chinoise a affirmé que son pays « soutient les efforts visant à apaiser la situation dans la région » et insiste sur le fait que « les moyens militaires ne peuvent aboutir à la paix ». La Chine a également exprimé son appui à l’Iran dans « la protection de sa souveraineté nationale et de sa sécurité », en soulignant qu’elle soutient l’instauration d’un véritable cessez-le-feu entre Téhéran et Tel-Aviv. Dans une déclaration distincte, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a renchéri, déclarant : « Nous ne souhaitons pas une escalade. Le cessez-le-feu doit être appliqué au plus vite. » Pékin a réaffirmé sa volonté de coopérer avec la communauté internationale pour garantir la stabilité et la paix dans cette région déjà fortement fragilisée par des décennies de tensions et d’affrontements.

Qatar, l’intermédiaire décisif
Si les missiles ont ouvert le chemin de la confrontation, ce sont les lignes diplomatiques qataries qui ont scellé la trêve. Selon Reuters, la médiation décisive est venue de Doha. Dans la foulée des frappes iraniennes sur la base américaine d’Al-Udeid, le président Trump et son vice-président J.D. Vance ont contacté l’émir du Qatar pour lui demander d’intervenir auprès de l’Iran. Le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdulrahman Al Thani, a confirmé cette séquence lors d’une conférence de presse tenue avec son homologue libanais : « Les États-Unis nous ont demandé de convaincre Téhéran d’accepter un cessez-le-feu. Nous avons effectué les contacts nécessaires pour parvenir à un accord ». Il a par ailleurs dénoncé « l’irresponsabilité des actions israéliennes, qui menacent la stabilité régionale ». L’implication du Qatar marque un retour de Doha sur le devant de la scène diplomatique moyen-orientale, à un moment où les puissances régionales rivalisent pour affirmer leur influence sur les lignes de fracture du nouveau désordre mondial.

Arabie Saoudite et Allemagne saluent la trêve
L’Arabie saoudite a exprimé sa satisfaction suite à l’annonce du cessez-le-feu par le président américain Donald Trump. Riyad a salué « les efforts pour désamorcer la crise », et exprimé l’espoir que « toutes les parties s’abstiennent de recourir à la force à l’avenir ». Le royaume a réaffirmé son engagement en faveur du « dialogue et du respect de la souveraineté des États ». En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz a également salué la trêve, appelant Israël et l’Iran à « respecter cet accord fragile ». Il a précisé que cette question serait abordée lors du prochain sommet de l’OTAN.

Trump s’attribue le mérite de la trêve
Fidèle à lui-même, le président américain Donald Trump s’est exprimé sur sa plateforme Truth Social : « Le cessez-le-feu est en vigueur. Merci de ne pas le violer ! », a-t-il écrit, peu après minuit, dans la nuit de lundi à mardi. Derrière cette annonce lapidaire, se cache un effort diplomatique notable, bien que motivé par la volonté d’éviter un embrasement régional qui aurait pu mettre en péril les intérêts militaires et énergétiques des États-Unis dans le Golfe.

Vers une stabilité régionale ou une accalmie provisoire ?
Si cette trêve est aujourd’hui saluée sur plusieurs continents, sa durabilité reste hautement incertaine. Les causes profondes du conflit – occupation, colonisation, expansionnisme israélien, sanctions et encerclement de l’Iran – demeurent intactes. Dans un message adressé à son homologue émirati, le diplomate iranien Abbas Araghchi a averti : « Il ne faut pas laisser l’entité sioniste et les États-Unis semer la discorde entre les peuples de la région ».
Ce message résonne comme un avertissement : la paix ne peut être imposée sans justice. Le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël marque un moment de répit dans une région sous tension permanente. Mais la paix véritable exige bien plus que l’arrêt des hostilités. Elle requiert une volonté politique partagée, un respect du droit international, et surtout, la fin de l’impunité dont bénéficie l’entité israélienne. Jusqu’à ce que ces conditions soient réunies, chaque trêve ne sera qu’un souffle court dans un brasier sans fin.
M.Seghilani

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