Dans un acte de résistance symbolique et engagé, les dockers du port de Marseille-Fos ont refusé de charger une cargaison d’armes destinée à l’armée israélienne, marquant ainsi leur refus de participer à ce qu’ils qualifient de « génocide » à Ghaza.
Le 5 juin dernier, un cargo israélien de la compagnie Zim, le Contship Era, devait embarquer 14 tonnes de pièces détachées pour fusils-mitrailleurs fabriquées par la société française Eurolinks. Ces composants, des maillons essentiels pour permettre des tirs en rafale, étaient destinés à Israel Military Industries (IMI), filiale d’Elbit Systems, principal fournisseur de l’armée sioniste. Alertés par des réseaux militants, les dockers, membres de la CGT, ont identifié le conteneur comprenant 19 palettes de ces maillons et ont décidé de le mettre de côté, empêchant ainsi son chargement à destination du port de Haïfa. Christophe Claret, secrétaire général du syndicat CGT des dockers et personnels portuaires du Golfe de Fos, a déclaré que « lorsqu’un docker refuse de charger une marchandise, personne ne peut le faire à sa place ». Cette action, la troisième depuis janvier 2025 (après les expéditions des 3 avril et 22 mai), a été révélée par les enquêtes journalistiques de Disclose et The Ditch, soulevant de vives critiques sur la politique française d’exportation d’armes dans un contexte de guerre sanglante à Ghaza.
Un acte salué par la gauche et la société civile
Dans un communiqué, la CGT a condamné l’usage du port pour « alimenter l’armée israélienne » et a dénoncé le « génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien ». Le syndicat a réaffirmé son engagement pour la paix entre les peuples et son rejet de tous les conflits armés qui engendrent mort, misère et exode. Cette mobilisation des dockers a reçu le soutien public de nombreuses figures politiques de gauche en France, notamment Manuel Bompard, Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure, ainsi que celui de millions de citoyens manifestant chaque week-end pour exiger l’arrêt de la guerre à Ghaza et la fin du soutien militaire de Paris à Israël.
La controverse autour des exportations d’armes françaises
Depuis mars 2024, des révélations dénoncent l’implication d’armes françaises utilisées dans des frappes contre des civils à Ghaza. Initialement, le ministre des Armées de l’époque, Sébastien Lecornu, affirmait que ces pièces étaient destinées à une réexportation. En novembre 2024, cette explication fut révisée : ces composants seraient assemblés en Israël avant un éventuel retour en France, attisant les critiques contre la politique française, accusée de soutenir implicitement la guerre génocidaire israélienne qui perdure depuis octobre 2023.
Mobilisations internationales contre les livraisons d’armes
Parallèlement à l’action des dockers, des rassemblements importants ont eu lieu dans plusieurs capitales et grandes villes d’Europe et d’Amérique, où manifestants et militants appellent à la fin du soutien militaire à Israël.
Paris : Manifestation devant le GIFAS
À Paris, des manifestants se sont réunis devant le GIFAS, principal lobby de l’armement aérospatial organisateur du Salon du Bourget, dénonçant la participation d’Israël au salon, qui présente des entreprises « qui tuent en Palestine ». Un manifestant a déclaré : « C’est un combat génocidaire pour tuer des civils, des femmes, des enfants. C’est une honte et un mépris du droit international. » Ils demandent l’interdiction d’Israël au salon et des sanctions fermes, insistant que « le droit exige d’arrêter de fournir des armes aux génocidaires israéliens».
Chicago : Rassemblement pour la Palestine
À Chicago, des dizaines de militants et soutiens de la cause palestinienne ont organisé un rassemblement sur Michigan Avenue pour dénoncer la guerre d’extermination menée par Israël à Ghaza. Ils ont appelé à la fin de tout soutien militaire et financier américain à Israël, dénonçant le silence comme un « acte de complicité directe ».
Paris et autres villes européennes
Dans plusieurs capitales européennes, notamment Paris, Berlin, Stockholm et Rome, des manifestations massives ont eu lieu, rassemblant des centaines de milliers de personnes pour exiger l’arrêt de la guerre à Ghaza, la levée du siège humanitaire, et la fin des livraisons d’armes. À Rome, plus de 300 000 manifestants ont défilé, dénonçant « le silence complice » du gouvernement italien et appelant à la reconnaissance de l’État palestinien. Giuseppe Conte, ancien Premier ministre, a souligné la responsabilité morale des dirigeants à ne pas « être complices d’un génocide ». À Berlin, une large coalition palestinienne et arabe a appelé à stopper la fourniture d’armes à Israël, tandis qu’à Stockholm, une marche « contre l’extermination » a mobilisé plusieurs milliers de personnes.
Solidarité en Afrique du Nord
En Mauritanie, des centaines de manifestants ont exprimé leur soutien aux Palestiniens à Ghaza, dénonçant le rôle des États-Unis dans la poursuite du conflit. Ils ont demandé le retrait de l’ambassadeur américain. Au Maroc, un rassemblement devant le Parlement à Rabat a appelé à l’ouverture des corridors humanitaires pour Ghaza et à la protection des civils, critiquant l’empêchement des aides par Israël.
Une crise humanitaire majeure
Depuis le 2 mars 2025, Israël maintient le blocus du territoire, interdisant l’entrée de nourriture, médicaments, carburant et aides humanitaires. Plus de 180 000 Palestiniens, dont une majorité d’enfants et de femmes, ont été tués ou blessés depuis le début de la guerre d’octobre 2023, avec des centaines de milliers de déplacés. L’ONU a récemment alerté sur un risque de famine totale dans le territoire assiégé, renforçant l’urgence des appels à la solidarité internationale et à la fin immédiate des hostilités. Cette mobilisation exemplaire des dockers marseillais s’inscrit dans un mouvement mondial d’opposition à la guerre à Ghaza et à la complicité implicite des gouvernements occidentaux, notamment à travers la fourniture d’armes. Elle montre que la résistance populaire peut concrètement agir, jusqu’à entraver la machine militaire dans ses rouages, pour réclamer justice, paix et respect des droits humains fondamentaux.
M. Seghilani