À des milliers de kilomètres de là, dans les couloirs du Parlement britannique à Londres, la 77ᵉ commémoration de la Nakba a également trouvé un écho fort. Organisé en partenariat avec l’ambassade de Palestine au Royaume-Uni, l’événement a réuni des députés britanniques issus des principaux partis politiques, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, ainsi que des représentants des communautés palestinienne, arabe et musulmane vivant au Royaume-Uni.
L’ambassadeur de Palestine, Husam Zomlot, a prononcé un discours poignant dans lequel il a affirmé que la Nakba constitue le fondement du combat palestinien pour la liberté et la justice. « L’occupant sioniste a dépassé toutes les limites morales et légales, notamment à travers les massacres continus à Ghaza », a-t-il dénoncé, rappelant que plus de 60 000 Palestiniens y ont été tués dans ce qu’il a qualifié de « campagne de génocide ». Il a tenu à rappeler la responsabilité historique de la Grande-Bretagne dans la tragédie de 1948, soulignant que la promesse Balfour et la colonisation britannique ont préparé le terrain à la catastrophe qui s’est abattue sur le peuple palestinien. Zomlot a exhorté le gouvernement britannique à reconnaître sans délai l’État de Palestine, à respecter le droit international, et à jouer un rôle actif — non passif — pour une paix juste. Parmi les autres intervenants figuraient Andrew Bix, député du Parti travailliste, Kate Malthouse du Parti conservateur, et Brendan O’Hara du Parti national écossais. Tous ont souligné la nécessité de garantir les droits du peuple palestinien, notamment à l’autodétermination et au retour, et ont dénoncé les violations continues du droit international par l’occupant. Cette journée de commémoration démontre que la Nakba ne s’efface ni avec le temps ni avec les souffrances qui s’accumulent. L’occupation, les politiques d’annexion, les exactions à Ghaza et en Cisjordanie, et les tentatives de réécriture de l’histoire ne font que renforcer l’attachement du peuple palestinien à sa cause. Dans les écoles palestiniennes, la mémoire devient un outil pédagogique, un vecteur d’identité. Dans les parlements étrangers, elle se fait acte politique et interpellation morale. La mémoire de la Nakba transcende les générations et les frontières : elle est un cri pour la justice, un rappel que tant que l’exil perdure, la lutte continue. Alors que le monde ferme trop souvent les yeux sur les souffrances palestiniennes actuelles, la mémoire de la Nakba agit comme un garde-fou contre l’oubli. Elle rappelle que le droit au retour n’est ni symbolique, ni négociable : c’est un droit fondamental, inscrit dans le cœur et la conscience collective de millions de Palestiniens, où qu’ils se trouvent.
De 1948 à 2025, l’exode forcé des Palestiniens continue
La Palestine et ses soutiens à travers le monde ont commémoré hier la 77e anniversaire de la Nakba, ou « catastrophe », désignant l’exode massif et forcé d’environ 750 000 Palestiniens lors de l’occupation de la Palestine par l’entité sioniste en 1948. En Cisjordanie, dans les écoles palestiniennes comme dans les institutions internationales telles que le Parlement britannique, cette journée a été l’occasion d’un rappel fort : la mémoire n’est pas qu’un devoir, elle est un engagement, une résistance face à l’oubli et une affirmation renouvelée du droit au retour. Dans la ville de Qalqilya, au nord de la Cisjordanie, la direction de l’Éducation, en partenariat avec la Commission populaire des services aux réfugiés et le mouvement Fatah, a organisé des activités éducatives et culturelles dans les écoles « Qalqilya primaire » et « Al-Isra’ ». Sous le parrainage du gouverneur Hosam Abu Hamda, l’événement a rassemblé des enseignants, des élèves, et des représentants locaux pour rappeler l’importance de cette date symbolique. Dans son discours, le gouverneur a souligné que la Nakba ne se limite pas à un souvenir historique, mais qu’elle reste une réalité douloureuse pour chaque Palestinien, exacerbée par la persistance de l’occupation et les politiques oppressives de l’occupant sioniste. Il a insisté sur l’importance de renforcer la conscience nationale chez les jeunes générations, par l’éducation et la connaissance de l’histoire. Le porte-parole du mouvement Fatah à Qalqilya, Marwan Khader, a rappelé que cette commémoration incarne l’attachement du peuple palestinien à ses droits inaliénables, notamment celui du retour. Il a salué la persévérance du peuple palestinien, en particulier de la jeunesse, qui porte aujourd’hui le flambeau du combat pour la liberté. Pour Amine Awwad, directeur de l’Éducation à Qalqilya, cette commémoration est un outil pédagogique essentiel. Par le biais d’expositions artistiques, de représentations théâtrales et de travaux littéraires, les élèves expriment leur attachement à leur terre et leur droit à la liberté, malgré les souffrances de l’exil et de l’occupation. La même ferveur a animé les écoles de Tubas, dans la vallée du Jourdain. Des cérémonies officielles ont été organisées par la direction de l’Éducation en présence du vice-gouverneur Abdallah Drougmeh. « La Nakba n’est pas un chapitre clos, elle perdure tant que les réfugiés n’ont pas retrouvé leurs foyers », a-t-il déclaré. Il a également condamné la poursuite des massacres perpétrés à Ghaza et en Cisjordanie. Le directeur de l’Éducation de Tubas, Azmi Bulaouneh, a salué la détermination du peuple palestinien qui, selon lui, n’a jamais abandonné sa cause, malgré les décennies passées. « Le pari de l’occupant de faire oublier la Palestine aux jeunes générations a échoué », a-t-il affirmé, ajoutant que les élèves, à travers leurs activités artistiques, témoignent d’un attachement indéfectible à leur terre. À Bethléem, la commémoration a pris la forme d’un événement central au sein de l’école secondaire pour garçons de Beït Sahour. Le représentant du gouverneur, Fouad Salem, a rappelé que « la Nakba est plus qu’un souvenir, c’est un droit, une responsabilité morale, et un message transmis de génération en génération. » Pour Ayman Hammamrah, directeur adjoint de l’Éducation, cet événement est « un arrêt réflexif et une reconquête de la mémoire collective ». Le directeur de l’établissement, Ali Mohsen, a souligné que l’enjeu de cette commémoration est de mener la bataille de la conscience dans l’esprit des élèves, pour qu’ils comprennent que leur terre n’est pas à négocier. Des poèmes, des chansons traditionnelles et des saynètes ont animé la cérémonie, ancrant la Nakba dans le cœur des élèves comme une cause vivante et actuelle.
M. Seghilani
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