Le ICT Africa Summit 2025 réunit plus de 2 500 experts, entrepreneurs, responsables institutionnels et acteurs de la société civile venus des quatre coins du continent, autour de l’ambition de repenser l’avenir numérique de l’Afrique. Du 21 au 23 avril 2025, le Palais des Expositions de la SAFEX à Alger est devenu le centre névralgique de l’innovation numérique africaine.
Ce sommet se présente comme une occasion unique de réfléchir aux défis et aux opportunités d’une Afrique plus connectée, souveraine et résolument tournée vers l’avenir, dans un monde où la technologie et l’innovation sont devenues les moteurs du développement. L’événement a été inauguré en présence de M. Sid Ali Zerouki, ministre des Postes et des Télécommunications, M. Yassine Mahdi Walid, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, et M. Nour El-Din Wadi, ministre de l’Économie de la Connaissance et des Startups. Dans son discours d’ouverture, M. Zerouki a souligné l’importance de cet événement pour l’Afrique, en rappelant que le numérique est désormais un facteur clé de croissance, de développement et d’autonomisation des nations africaines. Il a également évoqué l’ambition de l’Algérie, sous la direction du président Abdelmadjid Tebboune, d’accompagner le continent dans sa transformation numérique, en développant une stratégie nationale basée sur trois axes principaux : la formation des compétences, le développement des infrastructures numériques et la valorisation de l’innovation locale. Le ICT Africa Summit 2025 se positionne ainsi comme un lieu de convergence pour les acteurs institutionnels, les chercheurs, les entreprises et les start-ups africaines. L’objectif de ce sommet est clair : créer des ponts entre les différentes initiatives numériques africaines, tout en abordant des enjeux cruciaux pour l’avenir du continent, tels que la fracture numérique, la cybersécurité, les infrastructures de données, et la formation des talents. Les discussions qui s’y déroulent portent sur des secteurs aussi variés que la santé, l’éducation, la gouvernance, la finance et l’agriculture, qui sont au cœur de la transformation numérique en Afrique. Les innovations technologiques présentées lors de cet événement sont des exemples concrets de l’impact du numérique sur le quotidien des Africains. Des solutions de télémédecine à l’éducation numérique, en passant par les plateformes agricoles intelligentes, l’événement a permis de mettre en avant des projets qui contribuent à la résolution des défis structurels de l’Afrique.
La santé numérique au cœur du rendez-vous
L’importance de la santé numérique, par exemple, est au centre des préoccupations, avec des initiatives visant à améliorer l’accès aux soins, à faciliter la gestion des établissements de santé, et à renforcer la qualité des services médicaux grâce aux technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle, la blockchain et les objets connectés. Le Africa HealthTech Forum, l’un des moments phares du sommet, a ainsi permis de mettre en lumière les dernières innovations en matière de santé numérique. La pandémie de Covid-19 a mis en évidence les faiblesses des systèmes sanitaires africains, incitant de nombreux pays à explorer les opportunités offertes par les technologies pour améliorer la prise en charge des patients, la gestion des hôpitaux et la logistique pharmaceutique. À Alger, des solutions numériques ont été présentées, des projets de télémédecine aux plateformes d’information pour les patients, avec un accent particulier sur la cybersécurité des données médicales, enjeu majeur dans un monde de plus en plus connecté. L’Algérie, en tant que pays hôte, a également profité de l’occasion pour mettre en avant ses progrès en matière de gouvernance numérique. Le Pavillon E-Gov Algérie illustre les efforts entrepris pour moderniser l’administration publique, notamment grâce à la dématérialisation des procédures administratives et à la mise en place de guichets uniques pour simplifier les démarches des citoyens. Le Forum E-Gov, qui s’est tenu parallèlement, a permis de réfléchir sur la manière dont les services publics peuvent être réinventés à l’ère numérique. La question centrale qui a été abordée était celle de la transparence, de l’efficacité et de l’inclusion des citoyens dans les processus administratifs numériques. Les enjeux de la cybersécurité, de la souveraineté numérique et de l’identité digitale ont été des thèmes essentiels tout au long des débats, tout comme la nécessité d’une formation continue des fonctionnaires pour accompagner cette transition. Ce sommet ne se limite pas à des conférences ou des présentations technologiques. C’est aussi un lieu de rencontre et d’échanges, où les start-ups africaines ont pu présenter leurs solutions innovantes. Des dizaines de jeunes entreprises ont montré des applications mobiles de santé, des solutions de paiement numérique, des plateformes agricoles connectées, des drones de livraison, des dispositifs de réalité augmentée et bien d’autres innovations.
À la découverte des talents
Le salon a ainsi pris la forme d’un véritable laboratoire à ciel ouvert, un espace où les idées se croisent, où les prototypes sont expérimentés et où les investisseurs peuvent découvrir les talents du continent. Les concours de pitchs ont permis aux start-ups de convaincre des investisseurs venus d’Afrique, d’Europe et du Golfe, de soutenir leurs projets et d’impulser de nouveaux développements. L’un des objectifs sous-jacents du ICT Africa Summit 2025 est de favoriser l’émergence d’un écosystème numérique panafricain. Le sommet entend offrir un espace de convergence pour les politiques publiques, les innovations privées, les stratégies d’éducation et les préoccupations des citoyens. C’est une vision de l’Afrique numérique qui doit être pensée par et pour les Africains, en tenant compte des réalités locales, des langues, des cultures et des contextes socio-économiques spécifiques à chaque pays. L’initiative vise également à promouvoir l’interopérabilité des infrastructures numériques à l’échelle du continent, afin de permettre une meilleure connectivité et une gestion plus efficace des données et des ressources. Le sommet met également l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération régionale et de promouvoir l’intelligence collective. L’Afrique a besoin de solutions technologiques locales, adaptées à ses défis spécifiques, et c’est en renforçant les capacités de recherche et d’innovation qu’elle pourra se doter des outils nécessaires pour construire un avenir numérique prospère. Les échanges sur des sujets comme la souveraineté technologique, la régulation éthique de l’intelligence artificielle, la gestion des infrastructures transfrontalières et la mutualisation des savoir-faire ont permis de dessiner les contours d’un continent plus résilient face aux défis technologiques. Au-delà de la vitrine technologique, ce sommet s’inscrit dans une démarche globale visant à faire du numérique un levier de développement et d’autonomisation pour les pays africains. Le ICT Africa Summit 2025 est ainsi plus qu’un événement technologique : il représente une étape cruciale dans la construction d’une Afrique numérique forte, connectée et souveraine. Une Afrique où le numérique n’est pas seulement une tendance, mais une véritable stratégie de transformation. Ce sommet, en réunissant des acteurs institutionnels, technologiques et entrepreneuriaux, a permis de poser les bases d’une Afrique numérique qui se veut inclusive, interconnectée et tournée vers l’avenir. Un avenir où la technologie devient un outil au service du développement, de la souveraineté et de la justice sociale, permettant à l’Afrique de prendre sa place parmi les grandes puissances numériques mondiales.
M. Seghilani