«Nous exigeons le retrait immédiat et inconditionnel de Libye de toutes les forces étrangères, de tous les combattants étrangers et de tous les mercenaires », a affirmé, jeudi, le Représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, qui s’exprimait au nom du groupe A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Leone + Guyana) lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Libye.
Il explique que « l’ingérence extérieure, en particulier la présence militaire étrangère en Libye, constitue un obstacle majeur à la paix ». Pour le groupe A3+ « la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Libye doivent être pleinement respectées ». Il rappelle au Conseil de sécurité sa promesse de paix et de démocratie « non tenue » faite au peuple libyen, et avertit que « la Libye s’enfonce chaque jour davantage dans l’incertitude, sans progrès tangibles sur le plan politique ». Le Conseil de sécurité a pris des décisions hâtives et commis des erreurs de calcul qui ont conduit à cette situation, estime le groupe A3+. Le Conseil de sécurité doit « assumer ses responsabilités historiques en se tenant aux côtés de la Libye et en donnant à son peuple les moyens de façonner l’avenir meilleur qu’il mérite véritablement », souligne le groupe. Pour les A3+, « il est temps d’agir », car la Libye se trouve à « un tournant décisif de son histoire ». « Un moment qui exige un engagement urgent et décisif de la part des acteurs nationaux et internationaux », a estimé le groupe. Exprimant sa « préoccupation » face aux récents affrontements et incidents survenus dans plusieurs villes libyennes, le groupe exhorte toutes les parties « à respecter pleinement l’accord de cessez-le-feu de 2020 et à donner la priorité à la réunification des institutions militaires et sécuritaires libyennes de toute urgence ». Saluant l’achèvement de la deuxième phase des élections municipales, le groupe s’est réjoui de la tenue d’élections dans les municipalités restantes. Il s’agit d’avancées politiques positives qui « marquent une nouvelle étape dans le processus politique mené et contrôlé par les Libyens, ainsi qu’une avancée vers la tenue d’élections nationales libres et équitables, reflétant la volonté du peuple libyen », s’est-il félicité. Les parties prenantes libyennes sont appelées à travailler avec la MANUL (Mission d’appui des Nations unies en Libye) pour « résoudre les questions litigieuses liées aux lois électorales, en vue de trouver des solutions concrètes pour sortir de l’impasse politique actuelle dans le pays ». Les A3+ encouragent également « la représentante spéciale du Secrétaire général et chef de la MANUL, Hanna Tetteh à poursuivre ses échanges avec les pays voisins et à soutenir les efforts de l’Union africaine ». Ils relèvent que ces efforts ont abouti à « la signature de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale par les parties prenantes libyennes, en février dernier, à Addis-Abeba ». Les A3+ ont plaidé, par ailleurs, pour que le peuple libyen puisse bénéficier, « ultérieurement », des avoirs libyens gelés, soutenant que la situation économique dans le pays « demeure une préoccupation majeure » pour le groupe. Ils expliquent que « l’absence d’un budget unifié, conjuguée à un manque de transparence et de responsabilité, n’a fait qu’exacerber la crise économique », et appellent la MANUL à « fournir, dans la mesure du possible, une assistance technique et un renforcement des capacités afin de contribuer à relever les graves défis auxquels la Libye est confrontée ». En décembre dernier, le groupe A3+ avait déjà appelé au retrait de Libye des forces étrangères, des combattants et des mercenaires en expliquant que cette présence « exacerbe les tensions et menace la souveraineté de la Libye ». Les membres du groupe A3+ avaient également noté que la crédibilité du Conseil de sécurité dépend de sa capacité à mettre un terme à l’épuisement des ressources financières libyennes gelées par une résolution de cette instance onusienne, dont l’impact sur la situation économique du pays est évident.
M. R.