Accueil À LA UNE CONTRIBUTION/LA DIASPORA FRANCO-ALGÉRIENNE : « Gardienne de l’honneur face au mépris »

CONTRIBUTION/LA DIASPORA FRANCO-ALGÉRIENNE : « Gardienne de l’honneur face au mépris »

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Depuis plusieurs mois, le ministre de l’Intérieur français multiplie les provocations, les contre-vérités et les invectives à l’égard de l’Algérie, mettant en péril un équilibre diplomatique déjà fragile entre Paris et Alger. Faut-il y voir l’empreinte d’une ligne politique assumée, ou celle, plus insidieuse, d’une soumission rampante aux injonctions de la droite extrême et de la fasho-sphère cette nébuleuse réactionnaire qui rêve encore d’Empire et de domination coloniale ?
Quoi qu’il en soit, le constat est clair : en se faisant le porte-voix d’un ressentiment colonial à peine voilé, ce ministre ne parle pas pour la France mais pour une certaine idée de la France nostalgique et autoritaire. Quand il ose évoquer une prétendue “humiliation” de la France face à l’Algérie, c’est une insulte faite à l’Histoire. Car s’il y a bien un peuple qui a connu l’humiliation la vraie, brutale, systémique c’est le peuple algérien. Une humiliation longue de 132 ans, faite de spoliation, d’avilissement, de massacres, et d’une guerre coloniale dont les plaies restent béantes.
De qui se moque-t-on ? De quelle humiliation parle-t-il, lui qui occulte sciemment celle infligée à des millions d’Algériens ? Cette tentative de réécriture de l’Histoire n’est pas seulement indigne, elle est dangereuse. Elle ravive les braises d’un passé non digéré, au lieu de construire les conditions d’un dialogue apaisé entre deux pays liés par le sang, la douleur, mais aussi par l’avenir.
Nous, membres de la diaspora franco-algérienne, ne sommes pas dupes. Et non, notre silence n’est pas un signe de soumission. Il est celui d’une maturité politique que beaucoup dans l’appareil d’État francais semblent avoir perdue. Mais ce silence ne durera pas éternellement. Car nous refusons d’être les spectateurs muets d’une dérive nationaliste qui instrumentalise nos histoires, nos identités, et notre citoyenneté plurielle à des fins électoralistes.
Notre voix est là. Et elle s’élèvera, plus forte, plus ferme, chaque fois qu’on tentera de nous effacer, de nous humilier, ou de travestir notre passé.
Paris le 17.04.2025 
Par Nasser KHABAT 
Secrétaire général du MOUDAF

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