La sanction infligée à Saad Abdeldjalil Taki Eddine et Abdellaoui Ayoub par la Commission de Discipline soulève de nombreuses interrogations. Si la réaction est rapide et sévère dans ce cas, où était cette même commission pendant toute la saison, voire la saison dernière, lorsqu’on a été témoins d’incidents bien plus graves, souvent restés impunis ? Une impression de deux poids, deux mesures qui questionne l’intégrité du système disciplinaire du football national.
La récente décision de la Commission de Discipline, suspendant Saad Abdeldjalil Taki Eddine et Abdellaoui Ayoub pour six matches, fait scandale. La sanction, jugée excessive par de nombreux observateurs, semble en effet disproportionnée par rapport à la nature des faits, mais elle soulève surtout une question fondamentale : pourquoi cette commission n’a-t-elle pas agi avec la même rigueur face à des comportements bien plus graves observés tout au long de la saison et la saison dernière ?
Il est difficile de ne pas voir dans cette décision une forme de pression exercée par l’opinion publique, où la commission semble vouloir « rattraper » son retard en imposant une sanction dure et rapide. Mais cette réactivité soulève une série de questions légitimes : où était la Commission de Discipline lorsqu’on a vu, semaine après semaine, des gestes tout aussi (voire plus) répréhensibles, mais qui sont restés sans conséquences ?
Prenons l’exemple du match de la saison dernière entre l’USMA et le NC Magra, où Boukhanchouche a célébré son but avec un geste hautement irrespectueux envers les supporters adverses. Ce geste n’a pas suscité de réaction de la part de la commission, ni de suspension, ni même d’avertissement. Pourquoi cette passivité à l’époque ? À la même période, un autre incident a secoué les terrains : lors d’un match du CRB, Bouchar s’en est pris verbalement à un adversaire, insultant un joueur en plein match et s’engageant même dans une altercation physique. Pourtant, là encore, aucune sanction n’a été prononcée.
Pire encore, lors d’un match entre les jeunes de la JS Kabylie et ceux du Mouloudia Alger, l’entraîneur de la JSK a giflé un joueur du Mouloudia en pleine confrontation. Un geste de violence inacceptable, qui n’a suscité aucune réaction de la part de la Commission de Discipline. Comment justifier cette inertie face à de tels actes ? Si la Commission avait appliqué les mêmes critères qu’elle a utilisés dans le cas d’Abdellaoui et Taki Eddine, ces incidents auraient mérité des sanctions bien plus sévères.
Un manque de cohérence flagrant
La sanction des deux joueurs du Mouloudia Alger et de l’US Biskra apparaît alors comme une décision à géométrie variable. Pourquoi infliger une telle peine pour des propos jugés offensants, tout en fermant les yeux sur des actes bien plus graves ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que les règles du Code disciplinaire sont pourtant claires, mais leur application semble souvent guidée par des considérations subjectives, parfois influencées par l’opinion publique ou la pression des médias. Ce manque de cohérence dans l’application des sanctions donne l’impression que la commission choisit de réagir de manière disproportionnée, dans un souci de se montrer sévère à un moment donné, tout en laissant filer d’autres comportements inacceptables. Cela a des conséquences dramatiques sur l’image de la Ligue et sur la confiance que les acteurs du football (joueurs, entraîneurs, supporters) peuvent avoir en ses décisions.
Une Commission sous pression et une sanction ambiguë
La décision de la Commission de Discipline semble avoir été prise sous l’influence de la pression médiatique. Pourtant, l’article 58 du Code disciplinaire prévoit une suspension de quatre matches pour des propos injurieux, et non six. L’article 74, qui prévoit six matches, concerne exclusivement des gestes obscènes. En combinant ces deux articles de manière discutable, la commission semble avoir adapté les règles à sa guise. Cette interprétation floue jette un doute sur l’impartialité des décisions prises.
Une justice sélective
Il devient difficile de ne pas voir dans cette affaire un véritable « deux poids, deux mesures ». Si les actes répréhensibles des joueurs comme Boukhanchouche ou Bouchar ne méritent aucune attention de la commission, pourquoi celle-ci se montre-t-elle si inflexible quand il s’agit de simples paroles échangées sur le terrain ? On pourrait même se demander si la Commission de Discipline applique réellement les règles à la lettre, ou si elle se laisse guider par la pression extérieure.
La Commission de Discipline, en se montrant aussi sélective dans l’application de la loi, met en lumière une incohérence flagrante dans son approche. Loin d’être une instance impartiale et équitable, elle semble faire preuve d’une complaisance douteuse face à certains comportements, tout en s’acharnant sur des faits mineurs. Le football mérite mieux qu’une justice à deux vitesses.
Mohamed Amine Toumiat