En France, le Parti socialiste a suspendu les négociations budgétaires avec le gouvernement à la suite des propos tenus par François Bayrou lundi dernier, lorsqu’il a évoqué le «sentiment d’une submersion» migratoire qui toucherait un «certain nombre de villes ou de régions» en France.
«Si vous gouvernez avec les préjugés de l’extrême droite, nous finirons gouvernés par l’extrême droite et vous en aurez été le complice !». Dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 28 janvier, le député et président du groupe socialiste au Palais Bourbon, Boris Vallaud, a interpellé le Premier ministre Français Bayrou dénonçant les propos que ce dernier avait tenu la veille sur le plateau de LCI. Le chef du gouvernement avait alors évoqué le «sentiment d’une submersion» migratoire qu’éprouverait un «certain nombre de villes ou de régions». D’autres élus socialistes (PS) sont également montés au créneau, tandis que les Insoumis (LFI) en ont profité pour dénoncer une nouvelle fois l’accord entre le PS et l’exécutif. «On ne combat pas l’extrême droite en reprenant ses fantasmes» «Non, on ne combat pas l’extrême droite en reprenant ses fantasmes». Dans un message posté sur le réseau X le 29 janvier, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a dénoncé les propos du Premier ministre en s’indignant : «Vous visez non pas l’immigration illégale mais tous les Français d’origine étrangère et les étrangers en situation régulière». Le chef de file des socialistes a ensuite estimé que la France est le «pays des Lumières» et que «les socialistes en resteront les garants». «François Bayrou encourage le sentiment xénophobe et envoie des signaux très clairs à l’extrême droite. Nous ne l’acceptons pas», a déclaré, le 28 janvier sur le plateau de BFM TV, le député socialiste du Calvados Arthur Delaporte.
Un refus qui a provoqué la suspension des négociations budgétaires entre les socialistes et le gouvernement. Le quotidien L’Opinion a annoncé après la séance à l’Assemblée nationale que les négociateurs socialistes pour le budget avaient annulé une réunion prévue à Bercy le soir-même. Du côté des Insoumis, dont les relations sont glaciales avec le PS depuis le refus des socialistes de voter la censure, l’heure est à la raillerie. Ainsi leur coordinateur national Manuel Bompard a ironisé sur son compte X : «Face à la montée du fascisme, le Parti Socialiste prend ses responsabilités : il annule une réunion. Un peu de sérieux : pour battre la contagion des idées d’extrême droite dans le gouvernement, il faut voter la censure». Le prochain rendez-vous est donné le 3 février, pour le vote du budget. L’exécutif pourrait se retrouver sans les 288 voix nécessaires pour faire adopter son texte et pourrait alors être contraint de dégainer le 49.3 avec le risque de voir une motion de censure votée contre lui.
R. I.