Troisième jour de cessez-le-feu à Ghaza, et les équipes de défense civile de la ville de Rafah, au sud, poursuivent leurs opérations de recherche et de récupération des corps de Palestiniens disparus sous les décombres des maisons détruites par les bombardements israéliens et les opérations militaires terrestres menées depuis le 6 mai dernier.
Ces équipes, accompagnées des familles des victimes, récupèrent des corps en état de décomposition avancée, transformés en « squelettes », dans une scène déchirante qui bouleverse les cœurs. Selon le Corps de défense civile de Ghaza, ce mardi, 66 corps ont été extraits des décombres des maisons et bâtiments détruits par Israël dans la région de Ghaza, le nord et le sud, pendant la période de massacres commis par l’occupant israélien, qui ont duré environ 16 mois avant la mise en place de l’accord de cessez-le-feu. L’accord, entré en vigueur le dimanche 19 janvier 2025, prévoit une première phase de 42 jours, suivie de négociations pour les deuxième et troisième phases, sous la médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis. Depuis le 7 octobre 2023, soutenue par les États-Unis, Israël a mené une campagne d’extermination à Ghaza, tuant plus de 57 000 Palestiniens et en blessant des dizaines de milliers d’autres, dont une majorité d’enfants et de femmes. Plus de 14 000 personnes sont toujours portées disparues. La guerre a transformé Ghaza en la plus grande prison à ciel ouvert du monde, avec un blocus israélien qui dure depuis 18 ans, forçant environ 2 millions de Palestiniens à fuir dans des conditions désastreuses, manquant cruellement de nourriture, d’eau et des soins médicaux. Les équipes de défense civile, malgré le manque de ressources, poursuivent leur travail héroïque. Elles récupèrent des ossements et des crânes éparpillés parmi les décombres, les plaçant dans des sacs blancs spécialement conçus à cet effet. Leur travail se déroule dans des conditions extrêmement difficiles, avec des outils rudimentaires, les équipements lourds nécessaires à la levée des décombres étant pratiquement inexistants. À Rafah, une des équipes de défense civile a pu récupérer 4 corps enfouis sous les décombres d’une maison détruite, un travail qui a laissé une empreinte profonde dans l’âme des travailleurs et des habitants présents sur place. Malgré les conditions périlleuses, où les débris contiennent des explosifs et des vestiges de guerre israéliens, mettant en danger la vie des équipes de secours, celles-ci continuent de travailler avec détermination. Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile de Ghaza, a indiqué que la situation est extrêmement risquée et a appelé la communauté internationale à fournir les équipements nécessaires pour continuer ces missions de sauvetage. D’après les statistiques du Bureau de l’information gouvernemental, Israël a largué sur Ghaza 100 000 tonnes d’explosifs, détruisant près de 88 % des infrastructures de la région, y compris des maisons, des réseaux d’eau, d’assainissement et d’électricité, et provoquant des pertes initiales de plus de 38 milliards de dollars. En dépit du cessez-le-feu, la réalité sur le terrain reste dramatique, et les efforts pour sauver les survivants et récupérer les corps des disparus sont loin d’être terminés. Ce terrible bilan s’inscrit dans un contexte plus large de l’occupation israélienne en Palestine, en Syrie et au Liban, qui dure depuis plusieurs décennies, Israël refusant toujours de se retirer de ces territoires occupés et de permettre la création d’un État palestinien indépendant.
Les survols israéliens persistent, mettant en péril l’accord
Un dirigeant de la résistance palestinienne affirme que les violations israéliennes de l’accord de cessez-le-feu à Ghaza se poursuivent, notamment avec la persistance des vols de drones de reconnaissance israéliens dans l’espace aérien de Ghaza.
Il a précisé que les intermédiaires ont averti Israël que la poursuite de ces violations mettrait en danger l’avenir de l’accord. La résistance palestinienne, quant à elle, a également mis en garde Israël, soulignant qu’elle était prête à répondre de manière appropriée à ces violations. Le quatrième jour de l’accord, les vedettes de guerre israéliennes ont ouvert le feu sur la côte de la ville de Ghaza, en violation des termes de l’accord. Le lundi 21 janvier, une source proche de la direction de la résistance a révélé qu’il y avait eu plusieurs violations israéliennes, notamment les survols de drones et les tirs sur des civils. Cette dernière a précisé que ces violations, en particulier les tirs sur les citoyens, menaçaient l’accord. Les médiateurs qatariens et égyptiens, en collaboration avec les États-Unis et Israël, assurent un suivi serré pour garantir la mise en œuvre de l’accord. La source a également souligné que les deux premiers jours de l’accord s’étaient déroulés positivement, avec l’échange de prisonniers et l’entrée de l’aide humanitaire. L’accord, qui est entré en vigueur le 19 janvier 2025, a néanmoins été rapidement violé par Israël, provoquant des morts et des blessés, et suscite de nouvelles inquiétudes quant à son respect. Le gouvernement israélien et son armée ont d’ores et déjà annoncé leur intention de ne pas honorer pleinement l’accord. Selon les termes de l’accord, plusieurs centaines de camions de vivres et de médicaments ont commencé à entrer dans Ghaza via le point de passage de Rafah, avec l’engagement d’acheminer jusqu’à 600 camions d’aide par jour sous un « protocole humanitaire » supervisé par le Qatar. En outre, 200 000 tentes et 60 000 caravanes pour un hébergement d’urgence sont également prévues pour soutenir la population de Ghaza.
153 martyrs retrouvés
Le Corps de défense civile de Ghaza a annoncé, ce mardi, la récupération de cinq corps de martyrs dans les gouvernorats de Ghaza et du nord, ainsi que cinq autres dans les gouvernorats du sud du secteur. Depuis la mise en place du cessez-le-feu dimanche dernier, un total de 153 corps de martyrs a été récupéré. Le bureau de l’information gouvernemental de Ghaza a publié hier un rapport actualisé sur les principales statistiques de la guerre d’extermination lancée par l’occupant israélien contre le secteur de Ghaza, une guerre qui a duré 470 jours, depuis le 7 octobre 2023. Le rapport indique que l’occupant israélien a commis environ 10 100 massacres, ayant entraîné la mort et la disparition de près de 61 182 personnes, ainsi que plus de 110 725 blessés, qui ont été transportés vers les hôpitaux, selon le ministère de la Santé.
250 camions de secours arrivent
250 camions d’aide humanitaire, dont 25 camions chargés de carburant, ont traversé le point de passage de Karam Abu Salem pour entrer dans le secteur de Ghaza. Cette entrée s’est faite après une inspection minutieuse par les forces israéliennes, a rapporté une source du Croissant-Rouge égyptien dans le nord du Sinaï. Depuis le début de la trêve, qui a pris effet dimanche dernier, 2 000 camions ont pu pénétrer dans le secteur, apportant une aide vitale aux habitants du territoire assiégé. Le Croissant-Rouge a par ailleurs préparé un total de 4 000 camions d’aide, prêts à être envoyés à travers les points de passage de Karam Abu Salem et Al-Aouja. Ces camions sont inspectés avant d’être autorisés à entrer dans Ghaza, dans le cadre des termes du cessez-le-feu, qui prévoient la circulation quotidienne de 600 camions d’aide. La capitale égyptienne, Le Caire, attend l’arrivée de la mission européenne chargée de superviser les modalités de fonctionnement du point de passage de Rafah, actuellement fermé depuis que l’occupation israélienne a pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage en mai dernier. Selon les termes de l’accord de cessez-le-feu, 600 camions d’aide humanitaire doivent pénétrer chaque jour dans Ghaza, et le passage de Rafah sera rouvert sept jours après l’application de l’accord. La phase initiale de l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers se poursuivra pendant 42 jours, au cours desquels des négociations entre le mouvement Hamas et Israël se poursuivront en vue du lancement de la deuxième puis de la troisième phase de l’accord. Cette aide représente un soutien crucial pour les populations de Ghaza, qui vivent des conditions de plus en plus difficiles sous le blocus israélien. Les camions transportent principalement des vivres, des médicaments, et du carburant, des ressources vitales dans le cadre de la reconstruction et pour répondre aux besoins humanitaires urgents de la population.
M. Seghilani