Les walis ne sont plus de simples commis de l’Etat, mais des gestionnaires publics qui, protégés par l’Etat, doivent contribuer, par l’acte et depuis la base, au développement socio-économique du pays.
La traditionnelle rencontre qui regroupe, chaque année, le Gouvernement avec les walis de la République, comme cadre visant à booster et à optimiser le développement local dont le wali est au cœur de l’action, s’est ouverte, hier, au Palais des nations à Alger, sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune. Placée sous le sous le thème « Collectivités locales : locomotive du développement national », cette rencontre en aval de l’exercice 2024 intervient dans la foulée d’un engagement présidentiel envers la collectivité locale et territoriale qui saute aux yeux. Il s’agit de la révision des Codes communal et de wilaya, dont les avant-projets sont fin et prêts et sont, d’ores et déjà, arrivés au Conseil de la nation pour examen.
A cette occasion, le président Tebboune a, à travers une allocution dont la quintessence est inspirée de la révision des collectivités locales, donné le ton aux travaux de cette rencontre qui s’étable sur deux jours. Pour commencer, le président a souligné que, « plusieurs décennies après l’indépendance, il était temps de réviser les codes communal et de wilaya » pour que ces textes « permettent de concrétiser la volonté du peuple au niveau local ». Ceci, précise-t-il, partant du fait que les collectivités locales constituaient « le trait d’union entre l’Etat et le citoyen » et « le socle sur lequel est basé l’Etat ». En ce sens, il a affirmé que les textes en question ont fait l’objet d’une révision en profondeur, notamment dans le volet relatif aux prérogatives, des moyens octroyés et de classification des communes. Pour objectif recherché, il s’agissait d’ « instaurer un équilibre financier et économique » entre les communes riches et les communes moins riches ou défavorisées, précisant que les communes seront déchargées, au profit de l’Etat, de la gestion de certaines infrastructures pour « ne pas les accabler financièrement ».
Une banque pour financer les projets locaux
Pour le financement, le Président a annoncé la création d’une banque dédiée aux financements des projets inscrits au profit des communes et des wilayas. Cette mesure vise, visiblement, à soulager la trésorerie et de l’Etat et, par la même, permettre aux collectivités un accès aux financements pour la concrétisation de projets locaux. Pour donner corps à son idée, le Président a affirmé que le prochain Code communal permettrait aux élus de « déléguer à des entreprises locales des services publics comme l’hygiène, en trouvant des mécanismes juridiques pour demander des comptes sur les performances. » Pour la wilaya, le nouveau Code prévoit de « conférer au président de l’Assemblée populaire de wilaya la qualité d’ordonnateur, afin que l’élu local soit un responsable investi des pleines prérogatives ».
« Au service du peuple, du Président au simple agent »
Abordant les zones d’ombre, comme dossier au cœur de son programme de réponse au quotidien immédiat du citoyen lambda, le Président a rappelé que « plus de 6,5 millions d’Algériens ont été touchés dans les zones d’ombre », soulignant que « certains responsables (walis, Ndlr) démis de leurs fonctions estimaient que le développement des zones d’ombre ne relevait pas de leurs prérogatives ». D’ailleurs, à cette occasion, le Président a rappelé les walis à leurs responsabilités qui sont celles de placer le citoyen au cœur du développement local. « Il faut que vous sachiez que nous sommes au service du peuple, du Président au plus simple agent public », a –t-il martelé. Par ailleurs, et comme il fallait s’y attendre, le chef de l’Etat a touché du doigt des préoccupations du citoyen qui attendent des réponses de la part des walis. Et même des élus locaux pour certaines tâches. Pour ce faire, il a donné un certain nombre d’instructions. A savoir,
« Trouver des formules pour financer le parachèvement des constructions des citoyens » et « l’octroi de foncier aux artisans dans des zones dédiées pour la création de petites activités professionnelles ».
Egalement, il appelé les responsables locaux à maintenir les portes des administrations ouvertes pour de réception des citoyens, les jeunes notamment, et desquels il faut recueillir les prélocations. Abordant les « préoccupations des walis », le Président les as rassurés en renvoyant de ses propos à la dépénalisation de l’acte de gestion. « Les walis sont protégés par l’Etat tout en tenant compte des erreurs administratives qu’ils peuvent commettre tant qu’il ne s’agit pas de corruption », a-t-il réaffirmé, soulignant « être au courant des résidus de la Issaba (bande) qui menacent les responsables locaux en utilisant des relais pour les dissuader d’accomplir leur mission ».
« La numérisation, parade à la bureaucratie »
Concernant la bureaucratie qui semble sévir dans certaines administrations et résistent au changement, le Président a rappelé la parade « numérisation » pour venir à bout de ces pratiques révolues. A ce propos, il souligné « la nécessité de lutter contre la bureaucratie à travers la totale numérisation globale qui est sur le point d’être achevée ». Autre question importante pour le citoyen, à savoir l’alimentaire en eau potable, le Premier magistrat du pays a réaffirmé que la mise en service des cinq stations de dessalement est prévue avant le mois de Ramadhan, appelant, par ailleurs, les walis à « adhérer au système d’exploitation des eaux usées dans toutes les wilayas » et auquel il faudrait « accorder une attention particulière ».
Farid Guellil