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EN VOULANT À TOUT PRIX ORGANISER LA COUPE DU MONDE 2030 : Le Maroc compromet l’avenir du peuple

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L’attribution de la Coupe du monde 2030 au Maroc, en partenariat avec l’Espagne et le Portugal, est vantée par le Makhzen comme une réussite  non pas  sportive mais plutôt politique et diplomatique majeures.
Mais derrière cet enthousiasme officiel se cache une réalité économique implacable : le coût de ce projet, estimé à plusieurs milliards de dollars, pourrait aggraver une situation socio-économique déjà critique pour des millions de marocains  au  royaume de Mohammed VI.  Alors que les attentes du peuple  marocain, notamment les mordus du ballon rond, en trait  à des  priorités, sociales, en matière de santé, d’emploi, d’éducation, accès à l’eau etc.  Le  Makhzen les occulte voire  les ignore, en recourant à des choix, qui ne manquent pas de  soulever de nombreuses interrogations sur la gestion  des finances publiques. 
Le choix d’organiser un événement aussi prestigieux que la Coupe du monde n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une stratégie habituelle du Makhzen : détourner l’attention des problèmes internes en misant sur des projets de prestige. Alors que le Maroc est en proie à une crise sociale et économique grave, marquée par une sécheresse persistante, une dette galopante et un sous-financement chronique des secteurs vitaux comme la Santé et l’Éducation, le régime préfère investir des milliards dans des infrastructures sportives et de transport pour satisfaire ses ambitions internationales.  Ce projet reflète une politique qui privilégie les apparences sur le bien-être de la population. Derrière les discours officiels se cache une réalité implacable : l’organisation de la Coupe du monde sert avant tout les intérêts du Makhzen, qui cherche à renforcer son image à l’étranger, au détriment des priorités nationales. Le Maroc, qui partage l’organisation avec deux partenaires européens mieux équipés, part avec un énorme retard en infrastructures. Alors que l’Espagne et le Portugal disposent de stades modernes et de réseaux de transport performants, le royaume devra investir massivement pour être à la hauteur des exigences de la FIFA. Le Maroc doit rénover plusieurs installations sportives, notamment les stades de Casablanca, Marrakech et Tanger, et en construire de nouveaux. Les coûts sont estimés à 5 à 6 milliards de dollars selon des sources internes. Cependant, les dépassements budgétaires dans ce type de projet sont courants : la Russie, par exemple, avait initialement prévu dépenser 10 milliards pour la Coupe du monde 2018, mais a finalement dépensé 14 milliards.  L’un des projets phares est la construction d’une ligne de train à grande vitesse (LGV) reliant Tanger à Agadir, un trajet de 900 kilomètres, pour un coût estimé à 10 milliards de dollars. Ce projet est un défi colossal pour un pays où les infrastructures ferroviaires hors des grandes villes restent limitées. Le Maroc devra également investir dans des infrastructures hôtelières et urbaines pour accueillir  des millions de touristes attendus. À titre d’exemple, le Brésil, pays émergent et membre du BRICS avait dépensé près de 3 milliards de dollars pour améliorer ses infrastructures urbaines avant la Coupe du monde 2014. En cumulé, les dépenses totales pourraient dépasser 15 milliards de dollars, soit plus de 10 % du PIB marocain de 2023 (141 milliards de dollars).  
 
Une dette lourde avant et après le rendez-vous  
Le financement de ces projets reposera majoritairement sur des emprunts internationaux. En 2023, la dette publique totale du Maroc (intérieure et extérieure) atteignait 95 % du PIB, soit environ 134 milliards de dollars. La dette extérieure seule s’élevait à 69,2 milliards de dollars, marquant une augmentation de 14 milliards depuis 2019. Pour financer la Coupe du monde, le régime devra lever des fonds supplémentaires, ce qui risque de pousser la dette extérieure à plus de 100 milliards de dollars d’ici 2030. Avec des taux d’intérêt moyens de 6 %, le coût des remboursements (intérêts et principal) pourrait dépasser 8 milliards de dollars par an, aggravant encore la pression sur les finances publiques.  À titre de comparaison, le Maroc a déjà déboursé 5,69 milliards de dollars en remboursements de dettes en 2023. Selon les analystes, cette charge augmentera significativement, avec les nouveaux emprunts ainsi réduisant les marges de manœuvre budgétaires pour les secteurs essentiels comme l’Éducation, la Santé ou l’Emploi. 
 
Le train de vie  luxueux prime sur les attentes du peuple
Alors que des milliards seront injectés dans des projets de prestige, les besoins fondamentaux des Marocains restent largement insatisfaits. Le pays traverse une sécheresse historique depuis six ans, et seulement 18 % des terres arables sont irriguées. Les usines de dessalement, essentielles pour contrer cette crise, avancent à un rythme trop lent faute de financements adéquats. Par exemple, le projet de dessalement de Casablanca, estimé à 1 milliard de dollars, est toujours à l’arrêt. En parallèle, en 2023, le Maroc consacrait seulement 5 % de son budget au secteur de la Santé, bien en dessous de la moyenne mondiale de 9,8 %. Résultat : moins de 7 lits d’hôpital pour 10 000 habitants, contre 34 en Espagne.  Avec un taux d’analphabétisme encore supérieur à 25 % chez les adultes, le Maroc reste à la traîne dans les classements mondiaux. Ces chiffres révèlent une politique économique tournée vers l’apparat et le prestige, au détriment des priorités sociales.  
 
Des écarts économiques criants
En partageant l’organisation avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc accepte un rôle déséquilibré. L’Espagne et le Portugal possèdent déjà des infrastructures conformes aux normes de la FIFA, ce qui leur évite des dépenses supplémentaires importantes. À titre d’exemple, le stade Santiago Bernabéu (Madrid) et le Camp Nou (Barcelone) ont été rénovés pour un coût global de 1,3 milliard de dollars, bien inférieur aux investissements nécessaires au Maroc. En 2023, le PIB de l’Espagne (1 581 milliards de dollars) était 11 fois supérieur à celui du Maroc (141 milliards). Même le Portugal, avec un PIB de 287 milliards, dispose d’une capacité financière supérieure à celle du royaume. Ce déséquilibre expose le Maroc à des risques financiers majeurs, alors que ses partenaires européens s’en sortiront sans difficulté.  
 
Des études  attestent que les recettes générées ne couvrent généralement pas les coûts d’organisation 
Si les retombées économiques d’une Coupe du monde sont souvent mises en avant, elles restent incertaines, surtout pour un pays en développement comme le Maroc. Des études montrent que les recettes générées par l’événement ne couvrent généralement pas les coûts d’organisation. Par exemple, l’Afrique du Sud, hôte en 2010, avait investi 3,6 milliards de dollars, mais n’a récupéré que 500 millions en revenus directs. Pour les Marocains, les conséquences seront bien plus lourdes. Pour financer ces projets, le régime pourrait augmenter les taxes, réduisant encore le pouvoir d’achat des citoyens, déjà mis à mal par une inflation de 7,7 % en 2023.  
 
Un projet qui enrichit le Makhzen et étrangle le peuple
Alors que les élites proches du pouvoir récolteront les bénéfices de contrats juteux pour la construction et la gestion des infrastructures, le peuple marocain portera le fardeau de cette ambition démesurée. Les sacrifices exigés, combinés à une mauvaise gestion des priorités nationales, risquent de transformer ce rêve de grandeur en cauchemar pour le royaume. En définitive, la Coupe du monde 2030 n’est pas un projet pour le Maroc, mais pour le Makhzen. Un projet coûteux, qui enrichira quelques-uns tout en appauvrissant un peu plus une population déjà accablée par les injustices sociales et économiques. 
Mohamed Amine Toumiat

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