Au moins 76% de la population estimée à 12,4 millions du Soudan du Sud vit en dessous du seuil de pauvreté national de 358 724 livres sud-soudanaises (environ 105 dollars américains) par personne et par an, a révélé mardi un nouveau rapport de la Banque mondiale.
Selon le rapport d’évaluation de la pauvreté et de l’équité au Soudan du Sud, basé sur la dernière enquête sur le budget des ménages au Soudan du Sud, la nation la plus jeune du monde a connu 10 ans de déclin économique, rendant la pauvreté endémique et la vulnérabilité presque universelle. Charles Undeland, directeur de la Banque mondiale pour le Soudan du Sud, a déclaré que la faible gouvernance, les chocs multiples, le manque d’opportunités économiques, les prix élevés des denrées alimentaires et les conflits ont tous contribué à accroître la pauvreté et la vulnérabilité. « Il existe de réelles possibilités d’améliorer les conditions de vie des populations. Les moyens clés pour y parvenir sont notamment une meilleure gestion et une meilleure utilisation des ressources du pays, ainsi que la création d’un environnement stable et sûr dans lequel les citoyens peuvent cultiver, travailler et investir afin de se garantir un avenir meilleur », a déclaré M. Undeland lors du lancement du rapport à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Le rapport souligne que la pauvreté généralisée et extrême résulte d’une combinaison de facteurs historiques et systémiques complexes, notamment des conflits et des violences persistants, une capacité inadéquate de l’État à fournir des services essentiels à la population, une gouvernance faible et des catastrophes naturelles récurrentes. Frank Adoho, économiste principal de la Banque mondiale pour le Soudan du Sud, a noté que l’insécurité alimentaire est un problème répandu au Soudan du Sud et qu’elle s’est récemment aggravée avec la flambée de l’inflation, ajoutant que les prix élevés des denrées alimentaires limitent l’accès à la nourriture, même dans les zones rurales où plus de la moitié des ménages dépendent des achats sur le marché pour se procurer de la nourriture. « L’insécurité, les déplacements de population et le faible investissement agricole ont réduit la production alimentaire, contribuant ainsi aux taux élevés d’insécurité alimentaire. Investir dans l’agriculture et les infrastructures routières permettrait de renforcer l’intégration des marchés, de relier les zones rurales aux villes et d’améliorer la distribution des aliments, ce qui permettrait de réduire les prix des denrées de base et de diminuer la dépendance aux importations », a déclaré M. Adoho.
Le rapport indique que les niveaux élevés de vulnérabilité s’expliquent principalement par les très faibles niveaux de capital humain et physique de la population sud-soudanaise, qui enferment les gens dans une pauvreté chronique. Il appelle à des investissements importants dans les services de base et les infrastructures pour réduire la vulnérabilité de la population. La Banque mondiale a exhorté les autorités à investir dans les données et les capacités statistiques afin de combler les importantes lacunes en matière de données et de connaissances, ajoutant que le système statistique du Soudan du Sud est faible et complique l’élaboration de politiques éclairées. « Le défi auquel sont confrontés les décideurs politiques du Soudan du Sud est de concevoir et de mettre en œuvre des interventions politiques durables et bien ciblées pour lutter contre l’extrême pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire. L’élaboration de politiques efficaces repose sur des données probantes crédibles, ce qui nécessite des investissements accrus dans la mise en place d’un système statistique solide pour soutenir ces interventions », a déclaré le directeur général du Bureau national des statistiques du Soudan du Sud, Augustino Ting Mayai.
R. I.