L’acte de sabotage délibéré des gazoducs Nord Stream 1 et 2 a été évoqué, vendredi, par le Représentant permanent auprès des Nations unies, Amar Bendjama, qui intervenait au cours d’un briefing au Conseil de sécurité de l’ONU sur « les menaces auxquelles se heurtent la paix et la sécurité internationales ».
Bendjama a souligné que « deux ans après ce grave incident qui a menacé la paix et la sécurité internationales, les auteurs de cet acte n’ont toujours pas été identifiés, ni présentés à la justice ». Amar Bendjama a rappelé que, grâce aux enquêtes menées par les autorités compétentes en Allemagne, en Suède et au Danemark, « le Conseil a été informé que les dommages subis par les gazoducs étaient dus à un acte de sabotage délibéré ». Par la voix de son Représentant permanent, l’Algérie, tenant compte que l’enquête diligentée par les autorités allemandes « est toujours en cours », souhaite que la lumière soit faite sur cet incident délibéré. À ce titre, Amar Bendjama a affirmé que la sécurité des installations énergétiques transfrontalières était « vitale et ne peut être menacée en toute circonstance », relevant que leur sabotage « impacte les approvisionnements en énergie, non seulement pour des millions de personnes, mais aussi pour des secteurs vitaux tels la santé, l’agriculture, la production alimentaire et les transports ». Il a également réaffirmé « le soutien total de l’Algérie aux enquêtes en cours menées par l’Allemagne et à tout effort international à l’avenir, notamment sous l’égide des Nations unies », relevant qu’il « est important de poursuivre les auteurs de ces actes en justice ». Amar Bendjama a, en outre, indiqué que « l’importance stratégique des infrastructures transfrontalières les expose à des menaces et à des facteurs de vulnérabilité multiples, d’où la nécessité de les protéger en vue de garantir la sécurité de la production, du transport et de la distribution de l’énergie ». Pour le Représentant permanent de l’Algérie, le renforcement de la coopération régionale et internationale « est essentiel pour assurer la prévention, la protection, l’atténuation, la préparation et l’enquête en temps opportun sur les attaques contre les infrastructures énergétiques vitales ». Comme le notent les spécialistes, pour que les attaques contre les infrastructures énergétiques vitales ne se produisent pas, il faut que le grave précédent constitué par l’attaque terroriste contre les Nord Stream soit traité de la façon la plus minutieuse et que ses coupables soient identifiés et punis. Or, deux ans après l’attentat contre les deux conduites des Nord Stream- un véritable acte de guerre économique- l’enquête n’a pas encore abouti. Pour rappel, le Nord Stream est un système de deux conduites qui passent sous la mer Baltique reliant la Russie au nord de l’Allemagne et qui sont exploitées par le géant russe Gazprom. Le projet des gazoducs remonte aux années 1990. Les sources médiatiques indiquent que, pour Gazprom, il s’agissait de livrer le gaz russe à l’Europe sans passer par l’Ukraine, la Biélorussie, la Pologne et d’autres pays d’Europe de l’Est et de la Baltique. Ainsi, le premier Nord Stream a été construit en 2010-2012 et a permis à la Russie de livrer à l’Union européenne 59,2 milliards de mètres cubes de gaz en 2021 (107% de la capacité), en battant le record de l’année précédente, d’après les mêmes sources.
Les travaux de construction de Nord Stream 2 ont commencé en 2018, pour être ensuite interrompus du fait des sanctions américaines, puis achevés en décembre 2021. Le 26 septembre 2022, ces conduites ont fait l’objet de sabotage. Selon les sites spécialisés, dans la nuit du 26 septembre 2022, une perte de pression sur l’une des deux lignes de Nord Stream 2 a été signalée, et des sismologues suédois ont relevé deux explosions le long du tracé du gazoduc. Des spécialistes expliquent qu’il était avantageux de priver l’Europe de l’Ouest de gaz russe bon marché en la forçant à l’acheter aux États-Unis trois fois plus cher.
M’hamed Rebah