Le politologue et spécialiste des questions énergétiques, Majed Nehmé, directeur également du magazine Afrique Asie, qui s’exprimait hier sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio algérienne dont il était l’invité de la rédaction, a commenté le Sommet du GECF 2024 (Gas Exporting Countries Forum, Alger, 29 février-2 mars 2024) et la Déclaration d’Alger qui a sanctionné ses travaux.
Le gaz, une énergie propre
Il a commencé par rappeler que sans énergie, il n’y a pas de développement, et à propos du Sommet du GECF, il insiste sur le fait que le gaz est une énergie propre, et c’est là son avantage. Il s’inscrit en faux contre la perception occidentale des énergies fossiles. Il fait remarquer que, au moment où les Occidentaux font semblant de protéger la planète des dangers du CO2, et qu’ils veulent interdire les énergies fossiles dont le gaz, on les voit développer le gaz de schiste qui est plus polluant pour la nature et qui est plus cher. Il y a une hypocrisie, fait-il constater. Pour Majed Nehmé, la Déclaration d’Alger a bien fait de mettre l’accent sur la souveraineté des peuples sur leurs richesses naturelles. La Déclaration d’Alger n’est pas une déclaration de guerre, mais, explique-t-il, c’est une déclaration à l’entente entre producteurs et acheteurs, et, ajoute-t-il, c’est l’expression, surtout, du refus de toute instrumentalisation de cette énergie au service de dessins géopolitiques inavoués. « La Déclaration d’Alger » qui a sanctionné les travaux du GECF 2024, est venue jeter les bases d’une stratégie commune en faveur, à la fois, de la souveraineté des peuples sur leurs richesses, tout en préservant les intérêts de toutes les parties prenantes.
L’hypocrisie occidentale confirmée à Ghaza
Car, précise-t-il, l’inavouable, c’est de mettre la main sur les richesses des peuples, sous n’importe quel prétexte, parfois la démocratie, parfois les droits de l’homme, etc. – alors que tout le monde a compris maintenant que c’est le dernier de leurs soucis, souligne Majed Nehmé. Il en donne pour preuve ce que l’on voit à Ghaza où un génocide est commis devant le monde entier et les Occidentaux refusent d’appeler au cessez-le-feu. Il rappelle que l’entité sioniste est une création coloniale. Il note que c’est Donald Trump qui a lancé le mouvement de normalisation avec l’entité sioniste qu’il a imposée à certains pays arabes. Pour Trump, les intérêts sionistes passaient avant tout. Il estime que les pays arabes normalisateurs vont revenir sur leur décision d’établir des relations avec l’entité sioniste. L’utilité de ces forums, comme le Sommet du GECF, est d’inviter les gens à ouvrir les yeux sur le fait que ce sont les intérêts qui, hélas, mènent le monde, estime Majed Nehmé. Le directeur du magazine Afrique Asie ouvre une parenthèse pour signaler que, «comme par hasard », les forces écologistes sont les plus va-t-il en guerre en Occident. Comment peut-on défendre la nature, l’écologie, en provoquant des guerres, se demande-t-il. Il cite le cas de l’Allemagne où c’est la ministre des Affaires étrangères, qui est écologiste et qui est, dit-il, la plus va-t-il en guerre contre la Russie, elle soutient le génocide, en Palestine,… Majed Nehmé s’interroge à nouveau : comment peut-on expliquer l’attachement à l’environnement alors que les guerres ne font que des ravages pour l’environnement, pour le climat et pour tous les principes qui sont balancés rien que pour justifier la domination de l’Occident sur les pays du Sud.
Le droit international doit être respecté
Majed Nehmé rappelle qu’il y a un droit international qui doit être respecté, car, rappelle-t-il, parmi les participants au Sommet du GECF, il y a trois pays qui sont soumis à des embargos qui ne sont pas décidés par l’ONU, mais uniquement par les pays occidentaux et surtout par les États-Unis, ce qui est, fait-il observer, illégal, immoral et, ajoute-t-il, contreproductif.
Les Occidentaux persistent dans cette démarche de sanctions en croyant qu’ils arriveraient à faire plier les pays producteurs comme ils l’avaient fait pas le passé. À ce sujet, il rappelle l’Iran de Mossadegh, en 1953, quand l’Iran a nationalisé son pétrole, un embargo sur le pétrole avait été imposé et il y a eu une intervention pour ramener le Shah et le réinstaller dans au pouvoir.
M’hamed Rebah