L’ancienne puissance coloniale continue de verser dans la surenchère pour ne pas restituer les trésors volés aux peuples de ses anciennes colonies. Outre ses nombreuses dérobades pour éviter toute discussion du sujet avec les représentants de ses anciennes colonies en Afrique, aujourd’hui elle compte mettre en place une loi-cadre qui énumère neuf conditions pour envisager la restitution des objets et autres trésors volés durant sa colonisation de certains pays en Afrique. Cette loi en perspective donne déjà l’impression d’être à mille lieux de la morale et contraire aux droits de l’homme et aux droits à la propriété. Il y a quelques jours, intervenant sur les ondes de Radio France Internationale, Jean Luis Martinez, l’ambassadeur chargé de la coopération internationale dans le domaine du patrimoine, a annoncé qu’il vient de remettre au gouvernement français une proposition de loi-cadre permettant aux anciennes colonies de récupérer certains objets du patrimoine volé durant la période coloniale. Cette loi, aux antipodes du rapport Bénédicte Savoy et Felwine Sarr élaborée en 2018, prévoit neuf conditions que tout pays africain, désirant récupérer son patrimoine, devra remplir. Parmi ces conditions, l’obligation que le trésor ne doit pas faire l’objet d’une demande commune à des pays comme c’est le cas pour le trésor Segou, réclamé, conjointement par le Mali et le Sénégal. Il faut préciser, dans ce cadre, que ce trésor n’est pas seulement de pièces d’or, de bijoux, d’armes, de pièces de mobilier et livres, mais bien plus comme le souligne le rapport du soldat Archinard qui avait participé, avec un régiment français, à la prise de la ville de Segou capitale de la ville de Ségou, l’une des capitales de l’empire « toucouleur » établi par Elhadj Omar Ahmadou en 1861, soit des décennies avant la colonisation française du Mali. L’autre condition est l’engagement du pays demandeur à prouver que l’objet réclamé fait partie du patrimoine et qu’il sera, une fois restitué confié à un musée et exposé au public. Le hic est que ces conditions, une fois remplies, n’ouvrent pas droit à une restitution en bonne et due forme mais sont une partie du dossier qui sera soumis au Conseil d’État qui doit l’étudier avant de soumettre son avis au gouvernement pour une approbation de la demande et la restitution, dans le cadre d’un accord bilatéral, conclu avec le pays demandeur. Ce sont autant d’embûches qui n’ont qu’une seule finalité, décourager les anciennes colonies et entraver tout effort permettant de libérer les mémoires du lourd fardeau du passé et surtout de contraindre la France à reconnaitre ses crimes commis au nom d’une colonisation barbare qui a spolié des terres, et des biens et qui continue de peser dans ses rapports avec les pays qui ont arraché leur indépendance et leur liberté au prix de mille et un sacrifices.
Slimane B.