Accueil ACTUALITÉ TUNISIE : Après ses propos incendiaires, Ghannouchi arrêté

TUNISIE : Après ses propos incendiaires, Ghannouchi arrêté

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Mesure préventive ? Les médias tunisiens ont annoncé l’arrestation, lundi, sur instruction du ministère public, relevant du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, du président du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui a été conduit à la caserne d’El Aouina, à Tunis, après la perquisition de son domicile. Le lien a été vite fait avec le contenu d’une vidéo d’une réunion entre Ghannouchi et les dirigeants du Front de salut national (coalition de six partis politiques), dans laquelle il affirme que la Tunisie serait menacée d’une “guerre civile” si l’Islam politique, dont est issu son parti, y était éradiqué. Il a également déclaré que la mesure de suspension du Parlement prise par le Président Kaïs Saeïd en juillet 2021 -qualifiée de « coup d’État » par Ghannouchi- ne devrait pas être tolérée, et les personnes impliquées dans cette mesure- « terroristes et exterminateurs », selon lui- ne devraient pas être tolérées ; « le coup d’État n’est pas célébré, il est plutôt lapidé », a-t-il ajouté. Dans le contexte des très fortes pressions extérieures exercées sur la Tunisie, exploitant à outrance ses difficultés économiques et sociales, les propos du chef islamiste ont été sans doute perçus, par les autorités, comme porteurs de risque de chaos. Une source au sein du ministère tunisien de l’Intérieur, citée par El Mayadeen, a fait savoir que Ghannouchi restera détenu dans l’attente d’une enquête dans une affaire liée à des propos incendiaires qu’il a tenus. La source a ajouté que les forces de sécurité ont perquisitionné le domicile de Ghannouchi, et saisi tout ce qui était utile à l’enquête, avec l’autorisation du parquet. Hier, les forces de sécurité tunisiennes ont fermé le siège du Front de salut national et interdit toute réunion dans ce local ainsi que dans les locaux d’Ennahda. Les autorités tunisiennes ont fondé leurs décisions sur les dispositions de l’Etat d’urgence en vigueur dans le pays, ce qui indique leur détermination à neutraliser les tentatives de déstabilisation annoncées ouvertement dans les propos de Ghannouchi. Il y a visiblement une plus grande fermeté de la part des services de sécurité tunisiens face aux menaces sur la stabilité du pays. Le président tunisien Kaïs Saïed, qui a supervisé hier, au palais de Carthage, la célébration du 67e anniversaire de la Journée des forces de sécurité intérieure, a déclaré : »nous menons une guerre de libération nationale, car il y a ceux qui cherchent à enflammer les conditions sociales. » Certains partis «ont tenté de frapper l’État de l’intérieur», a-t-il souligné. L’Union européenne, par la voix de son porte-parole pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Luis Miguel Bueno, a réagi en faisant part de son inquiétude et en évoquant la nécessité de respecter le principe du pluralisme politique, une des « base du partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne ». Récemment, dans une interview accordée à Al-Jazeera Podcasts, le Président Abdelmadjid Tebboune a fait part des pressions étrangères qui risquent de porter atteinte à la stabilité de la Tunisie et a rappelé que l’Algérie est toujours disposée à soutenir ce pays en précisant que les affaires internes de la Tunisie ne concernent que les Tunisiens et en espérant que « le peuple tunisien va préserver son pays ».  L’Algérie ne laissera jamais l’État tunisien s’effondrer, a insisté le Président Tebboune. « La Tunisie est le prolongement de l’Algérie sur le plan sécuritaire et vice-versa », a-t-il encore ajouté. À la fin du mois de mars, dans une autre interview, accordée à Al Jazeera, le Président Tebboune avait  réaffirmé que « L’Algérie reste aux côtés de la Tunisie. Celle-ci fait l’objet d’un complot ». Côté tunisien, les observateurs ont noté que le Président Tebboune a bien dit et précisé que l’Algérie se limite à appuyer la Tunisie sur le plan économique, avec les moyens disponibles, en adéquation avec ses besoins du moment. Ils rapportent également qu’il a entrepris, depuis de longs mois maintenant, un plaidoyer auprès des partenaires de son pays, pour une approche constructive et respectueuse de la Tunisie.
M’hamed Rebah

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