Présenté, il y a peu, comme exemple de «transition démocratique» à imiter, le Soudan est malheureusement en proie, depuis hier, à des affrontements sanglants entre les forces de l’armée, dirigées par le général de corps d’armée Abdel Fattah Al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire d’ex-miliciens du Darfour (ouest du Soudan), fidèles à son ancien allié, Mohamed Hamdan Dagalo.
Les FSR et l’armée ont échangé des accusations réciproques d’attaques sur leurs bases. Alors que les combats faisaient rage à Khartoum, la capitale, et s’étendaient à d’autres villes, des voix se sont élevées pour appeler à l’arrêt de ces affrontements. Ainsi, la Russie (qui préside le Conseil de sécurité) a exhorté les parties au conflit à faire preuve de volonté pacifique, de retenue et à prendre des mesures urgentes pour un cessez-le-feu, et à régler leur différend par des négociations. C’est dans l’intérêt du peuple soudanais qui aspire à la stabilité pour affronter les tâches du développement économique et social. Le secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Abu Al-Gheït, a condamné le recours aux armes par l’armée soudanaise et les FSR et a souligné la nécessité d’arrêter l’escalade et d’arrêter immédiatement l’effusion de sang. Vendredi déjà, les Nations unies avaient exprimé leur inquiétude face à une éventuelle escalade des tensions au Soudan et avaient appelé au calme et à un engagement soutenu en faveur de la transition démocratique, « essentiels pour que les négociations progressent». « Nous, avec l’Union africaine, avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et le Mécanisme trilatéral, exhortons toutes les parties prenantes à apaiser ces tensions et à parvenir à un accord politique dès que possible pour permettre un retour à une transition dirigée par des civils », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors d’un point de presse. Hier, Khartoum résonnaient d’explosions et de coups de feu. L’armée a utilisé des avions de guerre pour frapper les unités des FSR. Des sources diplomatiques ont fait état de combats à l’arme lourde, dans la zone du Palais républicain, le commandement principal des forces armées soudanaises, l’aéroport et le marché central, ainsi que près des bases militaires au sud de la capitale. L’aéroport international a été temporairement fermé et les ponts sur le Nil bloqués. Hier, le Syndicat des médecins a donné un premier bilan dans un communiqué sur Facebook : deux personnes ont été tuées à l’aéroport de Khartoum et une autre personne a été tuée à El-Obeid (dans le centre du Soudan) et au moins 9 personnes ont été blessées, dont un officier de l’armée, à Omdurman. Le porte-parole de l’armée soudanaise a démenti, au correspondant de l’agence russe Russia Today, que les FSR avaient pris le contrôle du palais républicain à Khartoum. « Les combats se poursuivent dans les zones stratégiques de la capitale, et les Forces de soutien rapide ne se sont emparées d’aucun site », ajoutant : « Nos forces affrontent les Forces de soutien rapide et exercent leur devoir, et les affrontements sont toujours à Marawi. » Le commandement général de l’armée avait déclaré dans un communiqué, que « des affrontements ont lieu actuellement entre nos forces armées et les forces rebelles de soutien rapide sur des sites stratégiques ». De leur côté, les FSR ont indiqué que leurs « forces avaient été surprises dans la matinée lorsqu’une force importante des forces armées était entrée dans notre quartier général dans les terrains de camping de Soba à Khartoum et avait encerclé nos forces ».
« Les forces armées ont ensuite attaqué nos forces avec toutes sortes d’armes lourdes et légères », selon ce communiqué. Le rédacteur en chef du journal « Masader », Abdel Majid Abdel Hamid, cité par Al-Mayadeen, est pessimiste : « Si des voix raisonnables n’interviennent pas pour calmer la situation au Soudan, le pays pourrait être au bord d’une guerre civile ». De profondes divergences sont apparues récemment entre l’armée soudanaise et les FSR, notamment en ce qui concerne l’intégration des paramilitaires dans l’armée, comme le stipule un accord-cadre signé entre les dirigeants militaires et civils le 5 décembre 2022.
M’hamed Rebah