La pièce de théâtre « Leflouka » (l’embarcation), une comédie noire aux contours burlesques, qui dénonce le phénomène de l’émigration clandestine, a été présentée, samedi à Alger devant un public nombreux. Accueilli au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), où le Festival national du théâtre professionnel (FNTP) a élu domicile jusqu’au premier janvier 2023, « Leflouka », premier spectacle à entrer en compétition du 15e FNTP, a été mis en scène par Ahmed El Aggoun, sur un texte de Sifeddine Bouha. D’une durée de 80 mn « Leflouka » raconte le sacrifice d’une génération pour qu’une autre survive, à travers l’histoire d’un couple sans enfants qui décide d’aller se faire soigner « ailleurs » défiant les hautes mers au péril de leur vie, après avoir tout essayé. Seuls au milieu de nulle part, les époux, Warda et Ali, deux personnages antagonistes, campés par Sabrina Korichi et Sifeddine Bouha, passent en revue, leurs vies respectives dans des rapports souvent tendus entre eux, évoquant la relation à leurs proches, leurs ambitions, leurs joies et leurs peines tout en dénonçant les travers de la société. La scénographie au décor minimaliste, signée Abderrahmane Zaboubi, a permis aux comédiens d’utiliser des accessoires multifonctionnels et d’occuper tout l’espace scénique dans des échanges ascendant et soutenu, usant souvent, du registre du théâtre de la cruauté, au regard des échanges qui se passaient souvent dans la vocifération. La bande son, œuvre de Hassen Lamamra et l’éclairage ont été concluants et judicieux, permettant à la trame de prendre de la hauteur dans des atmosphères qui ont restitué l’angoisse du péril et l’inquiétude de la fatalité. Treize spectacles en compétition au TNA et une trentaine d’autres en off, programmés dans les salles Ibn Khaldoun, Théâtre municipal d’Alger-Centre et Hadj-Omar au TNA, animeront jusqu’au 1 janvier 2023, le 15è FNTP. Des conférences, des masters-class, des spectacles de rue, sont également au programme du 15e Fntp. Le 15e FNTP se poursuit avec au programme de dimanche, le spectacle « Mawt Ed’Dhet Et’Thalita » du Théâtre régional d’El Eulma. La troupe « El Moudja » de Mostaganem perpétue l’œuvre de Kaki Par ailleurs, la troupe de théâtre « El Moudja » de Mostaganem a présenté, samedi à Alger, « diwan El Garagouz », une reprise de l’œuvre de Ould Abderrahmane Kaki, ainsi perpétuée 35 ans après sa première présentation. Le public a afflué nombreux à l’entrée du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), applaudissant longtemps la vingtaine de jeunes comédiens, en tenue de personnages clownesques (pull marin, bérets et pantalons noirs et gans de pantomime) qui ont présenté le spectacle de rue « Diwan El Garagouz » inspiré de la Commedia Dell’arte. Une vingtaine de comédiennes et comédiens s’adonnent chacun à une sorte de performance, montrant son savoir faire, dans le jeu d’acteur, la danse et le chant pour que le chef de la troupe, Adel Touil, choisisse la thématique à interpréter, et distribue les différents rôles. En 1987, Ould Abderrahmane Kaki (1934-1995) avait adapté le spectacle « Diwan El Garagouz », de « L’oiseau vert », spectacle de la Commedia Dell’arte écrit par l’Italien Carlo Gozzi qui, lui-même l’aurait adapté du conte de ?El Boulboul El Haddar? (l e rossignol bavard) tiré du conte des « Milles et une nuits ». Les jeunes comédiens de la troupe « El Moudja » sont en formation depuis quatre ans déjà avec Adel Touil dans l’atelier de la Commedia Dell’arte.