L’attention particulière accordée par le président Abdelmadjid Tebboune à la sécurité hydrique est confirmée par les orientations et directives qu’il a données à ce sujet lors de plusieurs Conseils des ministres.
Ce dimanche, selon le communiqué officiel, il a «ordonné au ministre du secteur d’entamer des enquêtes approfondies sur la nature de la consommation de l’eau dans tous les domaines, pour élaborer une stratégie nationale de production, de distribution et de consommation».
La classification établie par la loi du 4 août 2005 relative à l’eau distingue entre l’eau de consommation humaine et l’eau à usage agricole. L’eau destinée à l’usage industriel ou aux activités commerciales (bains, douches, lavage de voitures, cafés, restaurants…) ainsi qu’aux constructions est amalgamée à l’eau potable (boisson, hygiène, préparation des repas et autres usages domestiques) avec le même mode de tarification. Les enquêtes destinées à l’élaboration de la stratégie nationale de production, de distribution et de consommation d’eau évoquée en Conseil des ministres, devront être indépendantes des institutions financières internationales occidentales et des organismes spécialisés et experts qui leur sont liés. Il s’agit d’empêcher toute intrusion d’intérêts étrangers dans l’élaboration de cette stratégie qui vise exclusivement à répondre aux besoins nationaux. Le président Tebboune a également ordonné que des sanctions sévères soient appliquées dans les affaires de vol d’eau, c’est-à-dire, essentiellement, le vol sur les réseaux de distribution à travers les raccordements illicites qui donnent lieu à des consommations d’eau non facturées et non payées. Il y a aussi le cas des particuliers qui creusent des puits dans leur propriété sans autorisation, en violation de la loi. Le président Tebboune a rappelé que l’eau est un produit vital subventionné par l’État. Le phénomène du vol d’eau a sans doute pris des proportions considérables pour que le président de la République, lui-même, s’en saisisse et appelle à contrôler et à sévir. C’est le travail de la police des eaux instituée par la loi du 4 août 2005. Elle est constituée par des agents relevant de l’administration chargée des ressources en eau. Ils sont assermentés et habilités, tout comme les officiers et agents de police judiciaire, à rechercher et constater les infractions à la loi. La police des eaux est-elle en mesure de remplir sa mission? D’abord : a-t-elle réellement existé? On sait que, durant les années 1990, le terrorisme a paralysé le fonctionnement des services de l’État chargés du contrôle des constructions d’habitations, mais aussi le travail des agents chargés du relevé des compteurs d’électricité et gaz, et d’eau… La longue période d’insécurité qu’a vécue notre pays est pour beaucoup dans ce qui a été appelé les «désordres de l’hydraulique » qui ont commencé, en fait, dans les années 1980, pour être aggravés en 1990, par la décennie du terrorisme. Depuis, l’État a repris toutes ses fonctions et rien ne peut justifier aujourd’hui les lacunes dans le fonctionnement des services publics, notamment dans les missions de contrôle. Dans le domaine de l’eau, l’exigence de la rigueur dans la gestion de cette ressource, est renforcée par les pronostics des spécialistes qui rappellent, à chaque occasion, que l’Algérie, pays aride, va encore connaître des périodes de sécheresse. Les interventions du président Tebboune en Conseil des ministres, indiquent que cette préoccupation fait partie de ses priorités. L’eau est à la base de tout, en particulier la sécurité alimentaire. La sécurité hydrique sera assurée par le dessalement de l’eau de mer qui permettra de préserver les ressources stratégiques (barrages et nappes phréatiques) tout en limitant l’impact des changements climatiques. Seulement, la construction, l’exploitation et l’entretien des stations de dessalement constituent une lourde charge pour les finances de l’Etat, a fortiori dans le cadre d’une économie qui reste encore largement dépendante du cours des hydrocarbures.
M’hamed Rebah