Une soirée prolifique dans le genre chaâbi, animée, mercredi dernier à Alger, par les chanteurs Kamel Aziz et Sayah Korti, a embarqué le public, relativement nombreux, dans une belle randonnée onirique, à travers un florilège de pièces du terroir. Accueilli à la salle Atlas, le concert a été organisé par l’Office national de l’Information et de la Culture (ONCI), dans le cadre de son programme d’animation des soirées du mois de Ramadhan. Très applaudi par le public, Kamel Aziz a d’entrée séduit le public avec sa voix, présente, étoffée et à la large tessiture, ainsi que par sa virtuosité à l’instrument, et son charisme d’artiste accompli.
Accompagné par un orchestre de plateau de six musiciens dirigés par Djamel Agueni, le disciple de l’icône de la chanson chaâbie, le regretté Amar Ezzahi (1941-2016) a donné vie à une suite en deux parties, faites de m’dih et de qcid. Entamant son programme dans le mode Raml El-Maya, Kamel AZIZ a entonné, entre autres pièces, « Nebda en’dam besm’el khalek », « Sallou âala s’diq essadeq » et « Dirou el awani ». La seconde partie du programme de Kamel Aziz a consisté en un long qcid au tour du titre, « Ghedder kassek ya n’dim weghnem fordjet laâchiya », décliné en plusieurs entrées introduites par des istikhbars dans les modes, raml el-Maya, ghrib, zidène, Moual, mezmoum et sehli. Dans une interprétation qui rappelle celle de « Cheïkh leblad » que le public a très appréciée, Kamal Aziz a conclu sa prestation dans une ambiance festive, répondant à la demande des spectateurs qui ont souhaité apprécier, « Elli rah ou wella », du regretté Dahmane El-Harrachi (1926-1980), brillamment interprétée dans le mode Sika et enchaînée à, « Sali trach qalbi yaâtik kh’barou », « Meryouma » et « Selli houmoumek ».
Faisant ses débuts en 1995 à l’association des Beaux Arts d’Alger sous la houlette du professeur Abdelmadjid Boumaza, Kamel Aziz prêtait son oreille au genre chaâbi à travers ses plus grands chanteurs et cheikhs de l’époque, Amar Ezzahi en particulier. Poursuivant son apprentissage de la musique andalouse durant 14 ans, le jeune chanteur s’essayait déjà au genre chaâbi, manifestant ainsi, son ambition de se frayer un chemin dans ce genre de musique populaire. En 2002, il forme son premier orchestre et commence à se frotter à son maître ainsi qu’à d’autres, à l’instar du Cheïkh Boudjemâa El-Ankis. En 2018, Kamal Aziz sort « Fettouma », son premier CD en hommage à Amar Ezzahi, qui contient également la pièce, « Ya rabbi ya ouahhab » du grand poète El-Gherabli. Kamel Aziz compte plusieurs participations à des rencontres en Algérie comme à l’étranger. Il est attendu, lundi prochain, au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA).
Auparavant, Sayah Korti, jeune amateur de la chanson chaâbie venu de Ghardaïa, a livré une prestation, très applaudie par l’assistance qui a apprécié, près d’une heure durant, un répertoire contenant des madihs et du gharami. Dans des variations modales rappelant également celles du grand maître Amar Ezzahi, le gaucher de la mandole, doté d’une voix travaillée, a rendu entre autres pièces, « Ya sahib El-Ghamama », « Koul nour » et « Lakitouha fi tawafi tessâa ».
Du mode Zidène au genre Sehli, l’artiste a entamé sa deuxième partie avec l’istikhbar, « Rouh bel’h’na wed’mane ya lamane » du regretté Mohamed El-Badji (1933-2003) qu’il a enchaîné à « Rah el-ghali rah » qui réunit deux grands noms de la chanson chaâbie, Mahboub Safar Bati (1919-2000) et Boudjemâa El-Ankis (1927-2015). Sayah Korti a ensuite enchaîné, « Waâlach ma fik’ch enniya », « Djib liya rassek wadji en’guesrou » et « Alawah yal’biya mani siyad « , que le public a savouré dans la délectation. Né dans une famille d’artistes, Sayah Korti est un autodidacte qui s’est intéressé très tôt à la musique chaâbie, commençant d’abord par écouter les grands maîtres du genre, Amar Ezzahi notamment.