Dans une interview de 40 minutes accordée à la Télévision publique algérienne, diffusée mardi soir, le président de la République arabe sahraouie démocratique, Brahim Ghali, n’y est pas allé de main morte pour qualifier, à juste titre, ce qu’est la vraie nature du régime marocain, ses visées expansionnistes et sa politique belliqueuse à l’égard du peuple sahraoui contre lequel il avait livré une guerre en violant le cessez-le-feu le 13 novembre 2020.
Le SG du Front Polisario a d’emblée affirmé que le régime royal de Mohammed VI, depuis notamment qu’il a fait la guerre au peuple sahraoui, a mené un « terrorisme d’État » en recourant à des armes sophistiquées ramenées de son allié sioniste prenant les civils sahraouis pour cible. « Le régime royal marocain est terroriste, expansionniste et belliqueux. C’est sa nature », a tonné Brahim Ghali. Toutefois, ceci est loin de décourager la lutte armée et encore moins avoir une incidence sur le moral et la volonté du combattant sahraoui. « Mais, cela n’impactera pas la volonté du combattant sahraoui et sa disposition à tomber en martyr », prêt à poursuivre la lutte pour l’indépendance, estime l’interviewé du journaliste Faouzi Aït Ali.
À la question de savoir un peu plus sur l’avenir du Sahara occidental occupé, Brahim Ghali s’est montré optimiste, en entonnant pour résumer « l’indépendance » avant d’enchaîner que « le Sahara occidental poursuit sa marche vers l’indépendance ». D’autre part, le président sahraoui est revenu sur le feuilleton de normalisation marocaine avec l’entité sioniste, dont il dénonce vigoureusement un pacte conclu avec « le diable » pour achever, mais en vain, la lutte sahraouie.
« La guerre n’était pas encore finie »
Abordant la lutte contre l’occupant marocain, Brahim Ghali a précisé que la guerre « n’était pas encore finie », et que « les efforts de la direction sahraouie axés sur l’apaisement des rues en attendant la prise de conscience par la communauté internationale, et à sa tête le Conseil de sécurité, avaient été torpillés suite à la violation éhontée par le Maroc du plan de règlement ». Quant à l’escalade de la guerre menée par le Makhzen, le président sahraoui a assuré qu’ « à priori, il ne fallait pas se prononcer sur ce fait ». Et pour cause, il explique que la guerre « impose sa loi au diapason des nouvelles méthodes appliquées », ajoutant que le peuple sahraoui « était déterminé » à développer sa lutte armée jusqu’à amener l’occupant à admettre que sa politique fondée sur l’obstination, la fuite en avant et le génocide ne serviront à rien.
« La nature de la guerre se développe et chaque phase est plus rude et plus influente sur l’aspect psychologique et matériel du colonisateur », a-t-il souligné, expliquant que l’armée sahraouie « jouit de l’esprit d’initiative, c’est d’ailleurs un point fort qui la distingue de l’armée marocaine croupie dans ses retranchements ». Plus que ça, Brahim Ghali donne preuve de la détermination de son peuple à poursuivre la lutte armée. « Nous frappons là où nous voulons et lorsque nous le souhaitons », a riposté le président Ghali à la propagande du Makhzen. Sur ce, d’ailleurs, il a révélé que la RASD « s’attelait à développer des alliances militaires avec d’autres pays en faveur de la cause sahraouie », à travers notamment des alliances « concrétisées, entre autres, par la signature de nouveaux accords pour soutenir la lutte de l’armée sahraouie ».
S’agissant de l’ennemi marocain, Brahim Ghali a affirmé qu’en dépit du fait qu’il emploie, durant les deux derniers mois, des drones, l’armée royale d’occupation n’est pas parvenue à affronter les attaques de l’armée sahraouie, pourtant la quasi-totalité (90%) de ses attaques sont menées contre des cibles civiles ». En sus, les pertes militaires dans les rangs des Sahraouis restent, une année après le déclenchement des hostilités, « très faibles », selon le président sahraoui, même s’il déplore « des grosses pertes ayant touché des civils », renvoyant de ses propos aux derniers actes terroristes (novembre, ndlr) marocains ciblant les Sahraouis.
Par contre, les pertes qu’a subies l’armée royale marocaine « sont incommensurables », a-t-il indiqué, citant l’exemple d’un seul assaut donné par les éléments de l’Armée de libération sahraouie contre une base militaire au pied du mur de la honte, et laquelle s’est soldée par 53 morts parmi les soldats marocains et plusieurs blessés.
Farid G.