Le Pr Rachid Belhadj, président de l’Académie algérienne des sciences de développement médico-judiciaire algérienne a condamné le lynchage et l’assassinat de Djamel Bensmail, perpétré à Larbaa Nath Irathen à Tizi Ouzou, en le qualifiant d’un acte « ignoble » avec intention criminelle visant la déstabilisation du pays, terroriser les gens et création de troubles économiques.
Également, le médecin a affirmé lors de son passage sur les ondes de la Radio algérienne chaîne3, que plusieurs éléments permettront de reconstituer le crime dans l’enquête judiciaire. « Il y a les images qui sont là, il y a les témoignages mais aussi, il y a les preuves scientifiques et l’expertise du véhicule, les empreintes, les taches de sang et d’autres éléments de preuves qui n’ont pas été filmés à l’intérieur du fourgon.
C’est ça le rôle de la science, apporter des explications, peut-être qu’il y aura des éléments de preuve contre des gens qui n’ont pas été filmés». Le légiste a ensuite souligné qu’« Il y a une intention à travers cet acte de porter atteinte à la bonne santé morale et psychologique de toute une nation et même de l’humanité entière.» Le Pr Belhadj va plus loin, « la diffusion de ces images inhumaines, y compris par les gens qui n’étaient pas présents sur la scène de crime est également répréhensible. » Il insiste sur la nécessité d’apporter un accompagnement psychologique à la famille Bensmail.
Dans ce cadre il insiste sur le développement et la révision du système de prise en charge, des victimes de violence et aussi des auteurs de la violence, « Il faut développer cette prévention, même la nouvelle loi sanitaire condamne ce genre de crime, elle a consacré tout un chapitre pour la la médecine légale et le chapitre de la violence pour organiser la prise en charge des victimes et aussi des auteurs de la violence pour éviter la reproduction de tel acte ».
Ajoutant au passage «ce qui demande l’implication des psychologues, neurologues, psychiatres, l’assistance sociale et la société civile ». Il faut revenir à nos anciens comportements respect de l’autre et la convivialité ». Pour la médecine légale il dira que cette dernière essaye d’organiser ses structures d’accueil pour la prise en charge de ces personnes.
« Nous vivons les séquelles de la violence des années 90 »
En effet, selon l’invité de la rédaction, la violence vécue par les Algériens durant les années 90 laisse aujourd’hui des séquelles. « Lorsque quelqu’un vit une situation traumatisante, il transmet sa souffrance à l’autre.
Ça a créé ensuite des perturbations dans le fonctionnement de la famille, ainsi que dans le fonctionnement professionnel », a-t-il analysé. D’ailleurs, le médecin dira que c’est à peu près le même message de ces années. « Comme durant les années 90, le message est le même : terroriser les gens et créer un climat d’instabilité.» En tant que médecin légiste, il rappelle que sa corporation «attire depuis des années l’attention des pouvoirs publics sur la violence du quotidien, dans les stades, dans les cités et même au sein des familles, notamment à l’encontre des femmes». L’auteur du livre les stars du légiste a affirmé que ce phénomène nous inquiète plus d’une décennie, il regrette « il a atteint même le personnel de la santé, les imams, et les enseignants », selon lui il s’agit des séquelles de la violence vécue lors de la décennie noire, insiste-t-il.
La situation épidémiologique et les incendies ou « l’autre » stress
Par ailleurs, l’hôte de la chaîne 3, a affirmé que nous souffrons sur le plan moral et psychologique depuis plus 18 mois à cause de la situation épidémiologique, en rajoutant le problème des incendies ce qui a créé un autre stress supplémentaire à l’homme, appelant dans ce cadre les citoyens à s’organiser pour pouvoir y faire face , « en tant que professionnel de la santé j’appelle à ne plus subir une catastrophe, mais à la gérer ». Précisant que la violence dans son entité multidimensionnelle est aussi un sinistre pour un peuple, on doit bien la gérer pour quelle ne soit pas génératrice un jour et deviendra source d’instabilité ou bien de trouble à l’ordre public.
Sarah Oubraham