Adoubée par le président Tebboune depuis qu’il a confié le portefeuille des Affaires étrangères à Ramtane Lamamra, la diplomatie algérienne fait son grand retour sur la scène internationale.
À commencer par l’échiquier régional, où la voix de l’Algérie sur la Libye ou encore sur le Sahel, reçoit l’écoute et l’attention particulière de Washington, ainsi fort exprimées par son émissaire diplomatique à Alger, Joey Hood. En visite de deux jours pleins et soutenus par des échanges de haute importance avec les responsables du gouvernement, à Alger, le secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Joey Hood, affirme l’intérêt de l’administration Biden de travailler « sérieusement » avec l’Algérie sur la résolution de la crise en Libye. Au demeurant, l’Algérie a réussi le pari de reprendre la main sur le dossier libyen dont le gouvernement de transition reste focus sur l’agenda électoral prévu le 24 décembre prochain. Pour peu que le départ des forces et mercenaires étrangers de la Libye ait lieu d’ici là. Sur ces deux points en qui constituent l’objectif majeur pour résoudre la crise, les Etats-Unis et l’Algérie « convergent » et les deux gouvernements ont « la même perspective » concernant la situation dans notre voisin, affirme Joey Hood dans un entretien qu’il a accordé à l’Agence nationale de presse (APS). « Nous sommes donc déterminés à travailler ensemble sur cet objectif commun qui consiste à discuter avec nos alliés et nos partenaires de la manière exacte dont nous pouvons promouvoir les conditions nécessaires au retrait des forces étrangères le plus rapidement possible et à la tenue d’élections générales le 24 décembre afin que la souveraineté puisse être rendue au peuple libyen le plus rapidement possible », a précisé le diplomate américain qui venait de terminer sa visite en Algérie.
Preuve à cette bonne volonté de Washington et d’Alger de travailler sur ce dossier, le déplacement en Algérie du président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younès El-Menfi, pour une visite de deux jours en Algérie. Le haut responsable à la tête de l’autorité de transition en Libye sera reçu aujourd’hui même par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avec lequel il aura à aborder l’évolution de la situation dans son pays au sujet du départ des forces et mercenaires étrangers et de-là faire le point sur l’agenda électoral.
Au-delà du dossier libyen, Joey Hood reconnait le rôle clé de la diplomatie algérienne dans la région et à sa tête Lamamra. « L’Algérie à travers son compétent ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a une voix très importante sur cette question et qu’elle sera écoutée dans la région et au-delà », a-t-il affirmé, assurant que les Etats-Unis « attendaient avec intérêt (de travailler, ndlr) avec le gouvernement algérien sur ce sujet important ». Évoquant la question du retrait des forces et l’arrêt des interventions étrangères, comme condition pour la tenue des élections générales en Libye, Washington multiplie les discussions avec les acteurs étrangers impliqués dans cette crise, notamment la Turquie, des pays de l’Europe et la Russie, en vue d’aboutir à cet objectif. Autrement, cite Joey Hood, « le retrait de toutes les forces étrangères et la cessation de toutes les interventions militaires étrangères » est une priorité absolue » pour l’administration américaine. » A ce moment-là, « C’est au gouvernement qui sera élu en décembre de décider de son propre chef des relations qu’il veut entretenir avec d’autres pays sans ce type de pression représentée par des forces militaires sur son propre territoire », a déclaré l’émissaire américain. Quant au rôle que pourraient avoir certains acteurs militaires en Libye après la période de transition, Joey Hood évoque la souveraineté de la Libye. C’est-à-dire, qu’il s’agissait d’ « une décision qui appartient aux Libyens et au peuple libyen uniquement ».
« L’administration Biden souhaite travailler avec l’Algérie sur des objectifs communs »
Évoquant la région du Sahel, dont il loue tout aussi le rôle de l’Algérie à travers la conclusion de l’Accord d’Alger sur le Mali, Joey Hood a affirmé la volonté de Washington de discuter et de travailler avec Alger en vue de réaliser les objectifs de cet accord conclu et paraphé entre les parties maliennes en 2015. Autrement, « travailler avec le gouvernement algérien pour essayer de faire avancer les objectifs de cet accord », a-t-il indiqué. Comme pour attester de la bonne volonté et « le sérieux » des Etats-Unis quant à travailler avec l’Algérie sur les intérêts communs, en Libye comme au Sahel, Joey Hood a reflété la vision de l’administration de la Maison Blanche elle-même. « Le Président Biden est très sérieux au sujet de travailler avec l’Algérie sur nos objectifs communs en ce qui concerne la Libye, par exemple, où les deux pays cherchent le départ des forces étrangères et le retour de la souveraineté au peuple libyen afin que (les libyens) puissent déterminer leur propre avenir », a-t-il déclaré.
C’est aussi eu égard au « rôle de l’Algérie au Sahel et dans d’autres régions » que Washington souhaite approfondir sa coopération avec Alger », a-t-il ajouté. Le secrétaire d’Etat adjoint américain a, par ailleurs, qualifié ses discussions avec les responsables algériens, « à l’occasion de sa première visite en Algérie, de « très productives ».
Farid Guellil