Comme ce fut à l’aube des années sombres de la décennie 90, l’islamisme politique n’a pas changé de ligne directrice. Encore moins dévier de son objectif, celui d’asseoir une république islamique à l’algérienne.
Trente ans après, hormis un réajustement des modes d’approche, comme celui de faire croire au peuple être dans le secret des dieux, la nouvelle génération de la branche propagandiste du FIS dissous se fait vite trahir par ses desseins diaboliques. Ainsi va le cours d’un long pamphlet publié hier par l’homme politique Noureddine Boukrouh. Ciblé par Larbi Zitout, prêcheur digital de Rachad, à l’instar de toutes ces voix qui s’opposent à l’hégémonie islamiste sur le Hirak, le président du PRA n’a pas été tendre avec celui qu’il qualifie de « Goebbels de l’islamisme terroriste ». Et pour cause, la politique nihiliste mise en branle par la nébuleuse intégriste.
En effet, toutes les conditions sont réunies pour ! A commencer par le retour du Hirak, après des mois de trêve imposée par la pandémie. C’est durant cette même accalmie que le tour est joué, derrière les écrans et loin du pays. Il ne se passe pas un jour en effet sans que les partisans de « dawla madania, matchi aaskaria » – mais « islamia » à dire vrai- fassent ce qu’ils croient être des révélations dans la haute sphère du pouvoir à l’effet de captiver l’attention des « hirakistes ». Et s’ils se font rattraper par le passé macabre de la décennie noire, c’est parce que, justement, ils reviennent aujourd’hui dans la peau de victime. Autrement, ce qu’ils font passer pour un coup d’État commis le 12 janvier 1992 alors que le FIS allait in extremis signer l’arrêt de mort du caractère républicain de l’Etat algérien.
Ainsi, Boukrouh, après un recul de plusieurs semaines voire mois, revient pour mettre en garde contre la disparition pure et simple de l’État algérien avec la mainmise de Rachad et ses partisans sur la vie des Algériens. Et à lui d’avertir contre le basculement du pays « dans l’inconnu ou l’imprévu qui pourrait avoir pour nom le zitoutisme. » Pour faire bloc contre l’ascension fulgurante de ce même « zitoutisme », Boukrouh appelle le pouvoir « à proposer quelque chose, une vision de sortie de la crise. » Dans la foulée, écrit l’ancien ministre du Commerce, « le dénommé Zitout le Londonien s’en est pris une nouvelle fois à moi dans un enregistrement vidéo, croyant qu’il lui suffit d’affirmer que j’aurais « soutenu le coup d’État de janvier 1992 » et que je serais une « créature du général Toufik » pour discréditer ma proposition et restreindre son impact sur la société. Après avoir rejeté en bloc, et même mis au défi le nihiliste de Londres à apporter des preuves à ses accusations, Boukrouh met également en garde contre l’exploitation à desseins du slogan populaire « État civil et non militaire ». Derrière ce mot d’ordre, explique-t-il, les islamistes radicaux veulent « talibaniser » l’État algérien, autrement dit mettre en place une république qu’ils veulent « islamisée ». « Ce Zitout est le Goebbels de l’islamisme terroriste en recherche de fréquentabilité, s’affirmant respectueux des valeurs universelles et flattant démocrates, laïcs, Kabyles et même le MAK en qui il voit les fers de lance du combat pour la chute du régime des généraux qu’il espère imminente », pouvait-on lire sur la publication de Boukrouk.
« S’il ne tenait qu’à lui, l’Algérie brûlerait en ce moment »
Et à l’homme politique de dresser le profil du réfugié de Londres qui, tapi derrière l’écran se permettait de tirer sur toute personne qui ose dénoncer la nébuleuse islamiste et ses manigances contre le pays. « S’il ne tenait qu’à lui (Zitout, ndlr), l’Algérie brûlerait en ce moment », assène Boukrouh. Ou encore, « Cet individu a repris à son compte le vieux leitmotiv de Goebbels selon lequel plus un mensonge est gros, plus des foules déboussolées y croiront. Lui n’a ni vision, ni culture, ni capacité d’analyse, ni écrits, ni propositions pour éviter l’implosion du pays, se contentant d’exiger une « remise du pouvoir au peuple » sans indiquer comment, quand, où, et à qui exactement. »
Plus grave encore, lorsque le personnage appelle au lynchage médiatique, même physique si besoin est, des gens qui s’élèvent contre le fait accompli que veut imposer la nébuleuse islamiste. « Mais in petto c’est à lui-même qu’il doit songer en pensant à l’exemple de l’ayatollah Khomeiny, réfugié en France au plus fort de la contestation du Shah, et qui rentra en Iran pour recevoir le pouvoir de la foule à Qom. J’étais là ce jour-là. », dénonce-t-il.
Farid Guellil