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PR YOUSFI MET EN GARDE CONTRE UNE ARRIVÉE DES NOUVEAUX VARIANTS DE LA COVID-19 : « Rapatrier les cas d’urgence, le reste devrait attendre »

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Alors que de nouveaux variants de la Covid-19 se sont développés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, considérés par la communauté scientifique comme étant plus dangereux et plus contagieux, le docteur Mohamed Yousfi suggère aux autorités d’observer plus de vigilance dans les opérations de rapatriement des ressortissants algériens. Voire même d’y surseoir momentanément.
«Il faut faire très attention quant aux opérations de rapatriement. Les variants du Sars-CoV-2 peuvent entrer à tout moment. Ces variants sont beaucoup plus dangereux que le virus lui-même », a-t-il mis en garde lors de son passage au Forum du Courrier d’Algérie. En attendant l’arrivée des vaccins, qui sont le seul moyen pour avoir une immunité collective de la population, Dr Yousfi, chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital de Boufarik à Blida, wilaya épicentre de la pandémie lorsqu’elle a apparu en Algérie, recommande de maintenir fermées les frontières et de continuer d’observer les mesures barrières. « Il faut rapatrier avec beaucoup de prudence. Je pense que l’ouverture des frontières n’est pas à l’ordre de jour », a-t-il répondu sur la question aux journalistes.
Il a fait observer que malgré le strict contrôle des opérations de rapatriement par les autorités nationales, « les choses n’ont pas été faites comme il le faut ». « Il faut rapatrier les cas d’urgence seulement. Le reste devrait attendre. On est dans une situation de pandémie, tout le monde en Algérie à des proches à l’étranger. Mais il faut se montrer patient et compréhensif quant au danger sanitaire », a-t-il expliqué.

Le dépistage a concerné « les formes symptomatiques »
Sur la situation sanitaire de l’Algérie qui connait un recul des cas de contaminations, alors que des pays limitrophes font face à un rebond de la pandémie (Tunisie et Maroc), le docteur Yousfi a expliqué que ces pays ont recouru à un dépistage général de la population, contrairement à notre pays. « En Algérie, les autorités ont mené le dépistage uniquement pour les formes symptomatiques. Les cas en dehors des hôpitaux [hospitalisés] n’ont pas été dépistés. En Tunisie, il y a eu un dépistage plus large, et de ce fait il y a eu un nombre de cas plus important », a-t-il souligné.
Toutefois, il cite un élément plus illustrateur : c’est lorsque des pays commencent à déconfiner rapidement, sans contrôle ni suivi des étapes graduellement, que les cas d’infections remontent en flèche. Cela a créé des situations de relâchement par la population des mesures barrières, ce qui stimule la reprise de la pandémie, analyse le docteur Yousfi. « En Tunisie, les cas de contamination étaient autour de zéro. Ce n’est qu’avec l’ouverture totale des frontières que le rebond de la pandémie s’est enclenché », a-t-il indiqué. Il a souligné que l’Algérie a connu une situation similaire au mois de Ramadan dernier, avec l’ouverture de certains commerces, marchés et espaces de vente, avant que les autorités ne revoient leurs décisions.

Les professionnels attendent l’arrivée des vaccins
Abordant l’arrivée tant attendue des vaccins contre la Covid-19 commandés par l’Algérie, le docteur Yousfi a affirmé que le personnel médical et hospitalier les attend plus que d’autres, étant donné qu’ils sont les plus exposés aux contaminations. « Nous attendons plus de visibilité de la part des pouvoirs publics et qu’ils nous donnent plus de précisions sur les échéanciers de vaccins : comment la vaccination se déroulera-t-elle, si c’est dans tel ou tel autre mois ? Cela est très important car ça va donner plus de confiance aux citoyens », s’est-il interrogé avant d’expliquer le pourquoi.
Notant la forte concurrence, parfois déloyale voire immorale, pour acquérir le vaccin au niveau mondial – 13 % seulement des pays ont mis la main sur 50 % des vaccins dans le monde -, l’éminent docteur a fait savoir que l’arrivée tardive des vaccins n’aura aucun impact négatif sur le lancement de l’opération de vaccination. Toutefois, il a assuré que les structures sanitaires du pays ont les moyens humains et matériels nécessaires pour réussir la campagne de vaccination contre la Covid-19.
Durant son intervention, le docteur Yousfi a estimé que l’Algérie a bel et bien fait face à une deuxième vague du virus, appelant la population à continuer à observer les mesures d’hygiène et de distanciation physique dans l’attente de l’arrivée du vaccin. « Il y a eu bien une deuxième vague de Covid-19 en Algérie. Quand on passe de 200 cas à plus de 1 000 cas, on est bien devant une deuxième vague. Maintenant reste à savoir c’est quand la troisième vague qui a commencé déjà dans des pays de l’Europe. La réponse est dans le degré de l’observation par la population des mesures barrières. C’est l’unique moyen pour l’instant pour une immunité collective », a-t-il affirmé, ajoutant, que « la solution est entre nos mains ».
Sur la méfiance affichée par certains sur l’efficacité des vaccins et les opinions exprimées par-ci, par-là, contre la vaccination qui circulent sur les réseaux sociaux, le docteur Yousfi explique : «C’est normal que le citoyen ait peur. Mais il faut savoir que la découverte de vaccins a sauvé plusieurs fois l’humanité». Il a souligné l’importance de mener des campagnes de sensibilisation au profit de la population, et ce avec l’adhésion des médias.
Enfin, il a invité ceux qui véhiculent des théories complotistes ou qui ne croient pas à cette pandémie, d’aller voir de leurs propres yeux les patients dans les hôpitaux. Il a rappelé que le monde avait connu une situation de méfiance quand le vaccin anti-rougeole a été découvert, mais l’année suivante, et devant l’augmentation des contaminations, ce sont tous les parents qui ont accouru pour faire vacciner leurs enfants.
Hamid Mecheri

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