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IL A APPELÉ À VOTER CONTRE LE PROJET DE CONSTITUTION SANS AVANCER D’ARGUMENTS PLAUSIBLES : Les contradictions de Makri

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Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderrezak Makri a décidé de participer au prochain référendum sur la nouvelle Constitution prévu pour la date symbolique du 1er novembre, mais avec cette consigne de voter contre le projet constitutionnel proposé par le président Abdelmadjid Tebboune. L e parti islamiste a tranché la question lors de la réunion de son Conseil consultatif (Majlis Achoura), qui s’est tenue les 25 et 26 du mois en cours et consacrée à l’examen de la position du parti sur la question. À Son issue, le MSP a accouché d’un court communiqué, d’à peine trois lignes, se limitant à instruire ses militants à voter «  NON  » lors du référendum. Qu’est ce qui a donc motivé cette décision pour un parti connu pour avoir toujours gardé un pied dans l’opposition et un autre au pouvoir  pour se démarquer d’une approche avancée par ce dernier?

TENTATIVE DE SAPER LE TRAVAIL DE LARABA
Il faut remonter un peu dans le temps pour tenter de comprendre la position adoptée par le parti du successeur de Aboudjera Soltani. À l’annonce de la première mouture de l’avant-projet sur la nouvelle Constitution, le parti islamiste commence déjà à faire la tête en raison de son contenu. Il s’est même attaqué à la personne de Ahmed Laraba, qui dirige le comité d’experts chargé de rédiger les amendements sur la Constitution, attestant qu’elle est élaborée pour des «  parties  étrangères ». Comprendre par-là, qu’aux yeux du MSP, la mouture à travers son contenu ne correspond pas à la réalité de la société algérienne. En réalité ce parti du courant islamiste s’est retrouvé à la lumière du document proposé pour débats et enrichissements quelque peu désorientée. Et pour cause : Le parti est partisan d’un régime parlementaire alors que le président Tebboune a évacué, préalablement, cette question des débats, car le projet a été élaboré dans l’esprit d’un systè- me semi-présidentiel. Mais sur ce volet le parti de Abderzak Makri a eu gain de cause en partie dans le document final de la Constitution. En effet, le chapitre deux (2) de la Constitution stipule, dans son article 103 que  : Le gouvernement est dirigé par un Premier ministre lorsqu’il résulte des élections législatives une majorité présidentielle et par un chef du gouvernement si la majorité est parlementaire. Ce qui constitue une réponse favorable à leurs doléances. Pourquoi est-il alors toujours fâché ?

LE NOUVEAU STATUT DE TAMAZIGHT
En fervent défenseur de la généralisation de l’arabisation dans toutes les institutions de l’État, de bannir l’usage de la langue française, et de se dresser contre tout projet inspiré ou puisé en dehors des precepts de l’Islam, comme l’avait bien signifié dans sa propre «  Constitution  », le parti de Makri, n’a jamais caché, par ailleurs, comme tout islamiste, son animosité pour l’identité et la langue Amazigh. Le chef de file de ce parti a été, grandement, déçu par le statut accordé à la langue et de l’identité Amazighe, et surtout son maintien dans le texte final lui, qui rêvait de la contenir dans son aspect folklorique. Au deuxiè- me alinéa du troisième article de la première mouture de l’avant-projet de la Constitution, le MSP, rappelle-t-on, avait souhaité ajouter au paragraphe « l’État se chargera de la promotion de la langue amazighe  », l’alinéa « dans son espace civilisationnel antique arabo-musulman ». Pour défendre son idée irrationnelle de la promotion de la langue amazighe, une langue que son parti avait déjà par le passé combattu et rejeté, Makri a mis en avant l’héritage historique des civilisations Zyanites et autres, qui ont embrassé et utilisé l’arabe comme langue officielle alors que la langue des palais était tamazight. Mais peine perdue pour Makri et tous les détracteurs de cette langue nordafricaine, dès lors que et contrairement à la Constitution de 2016 sous le règne du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, la langue Amazigh a un statut d’« immuable » à la faveur de cette nouvelle première Loi du pays soumise à l’approbation populaire. Ainsi cette langue millénaire est protégée par la Constitution et ne peut en aucun cas faire objet d’amendement à l’avenir étant reconnue comme un des fondamentaux «  intouchables » de la Nation algé- rienne. L’ÉCOLE À L’ABRI DES LUTTES IDÉOLOGIQUES Outre cette ligne rouge dressée face à ceux qui s’attaquent à cette langue ancestrale, le document final s’est dressé également en rempart contre toute utilisation ou exploitation des espaces pédagogiques à des fins politiques ou idéologiques. En effet, dans le chapitre 1, article 65, il est clairement mentionné que « L’État veille à la neutralité des institutions éducatives et à la préservation de leur vocation pédagogique et scientifique en vue de les protéger de toute influence politique ou idéologique. L’école constitue la base de l’éducation à la citoyenneté  ». Un grand espace de prédilection pour les islamistes, qui vient ainsi de s’envoler des mains d’un parti qui s’est toujours positionné en tuteur en matière de la morale religieuse, en usant et abusant de ces espaces sensés pourtant promouvoir le savoir et la science au lieu de véhiculer des idées politiques et idéologiques partisanes. Autant de questions donc qui lui sont restées en travers de la gorge, et par lesquelles le MSP tente de justifier sa position face au projet constitutionnel. Une décision sur laquelle il devrait nous éclairer davantage lors de la conférence de presse qu’il devrait tenir, aujourd’hui, au siège du parti. Il est à rappeler, que le parti de Makri, qui a participé au débat par des propositions remises à la pré- sidence de la République, a boycotté le vote du projet à l’APN, la semaine dernière, pour protester contre la décision des autorités de «  courtcircuiter » le débat en plénière.
Brahim Oubellil

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