Un premier cas de coronavirus en Algérie a été annoncé, mardi soir, par le ministre de la Santé. Il s’agit d’un ressortissant italien arrivé à Alger le 17 février dernier, et qui s’est avéré être porteur du méchant virus, apparu fin décembre dernier en Chine.
«Le dispositif de surveillance et d’alerte mis en place au niveau national a permis de détecter deux cas répondant à la définition du cas suspect (fièvre, symptômes respiratoires et notion de voyage d’une zone de circulation du coronavirus Covid-19) », a expliqué le ministère de la Santé. Malgré les assurances des autorités, la situation reste toutefois problématique dans la circulation de l’information et l’implication, par exemple, des cliniques privées, dans les efforts de lutte contre ce virus, a relevé, hier, Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l’Ordre des médecins. « Selon le ministère de la Santé, les masques sont disponibles en nombre suffisant au niveau des établissements publics de santé. Mais nous avons un problème en Algérie : la moitié des actes médicaux sont établis par des cabinets privés, qui n’ont jamais été pris en charge dans les politiques de la lutte contre les maladies infectieuses », a expliqué Bekkat Berkani. « Quand un patient qui tousse et crache se présente à une clinique privée, le médecin privé n’est pas au courant des mesures à prendre. Car, personne ne lui a dit quoi que ce soit. Ça c’est un problème. Le ministère de la Santé agit uniquement au niveau de ses structures et le privé n’est pas impliqué », a-t-il poursuivi. « C’est une faille dans notre système de Santé. Les médecins généralistes privés n’ont jamais été destinataires de quelconques recommandations, mais uniquement au niveau des structures de la santé publique. C’est une réalité, malheureusement. Je pense que l’effort doit être aussi mené au niveau des cabinets privés où exercent environ 50 % des médecins algériens », a-t-il regretté.
Retour sur la nécessité d’un organe de veille sanitaire
Pour sa part, le ministère de la Santé a assuré avoir « renforcé le dispositif de prévention autour du cas confirmé, et le dispositif de surveillance et de veille au niveau de tous les points d’entrée ». Mais, la situation actuelle, en termes de la communication des données médicales nominatives, celles qui concernent spécialement le suivi des éventuels cas de coronavirus dans le pays, afin de permettre l’identification de cas suspects, n’est pas rassurante. « De ce côté-là, l’information est indigente. Franchement, elle ne peut pas circuler rapidement et instantanément », a reconnu Bekkat Berkani. À l’heure actuelle, en Algérie, il n’existe qu’un seul cas confirmé positif de coronavirus, d’une nationalité italienne, arrivé sur le territoire national le 17 février. La stratégie actuelle a donc pour objet de limiter son introduction sur le territoire et de freiner son éventuelle propagation par des mesures d’endiguement.
Pour le président du CNOM, « les mesures prises par l’Algérie concernant toutes les personnes qui transitent ou à destination de notre pays sont conformes aux recommandations de l’OMS en la matière. C’est-à-dire, un contrôle accru au niveau des frontières des personnes qui représentent des signes respiratoires analogues à la grippe saisonnière ».
L’objectif est d’identifier et d’isoler rapidement un patient « cas suspect » (venant d’une zone de contamination, ayant de la fièvre, de la toux) et, s’il apparaît comme un « cas possible ». « Tout le monde est en train d’observer l’avancement de cette épidémie qui a pris une ampleur ascendante en Italie en particulier. D’autant plus que nous avons un ressortissant italien qui est rentré en Algérie et qui a été diagnostiqué positif. Il faut reconnaître cependant une chose : c’est la première fois que les autorités algériennes et le ministère de la Santé ont déclaré immédiatement le cas, le même jour, sans que cela n’engendre une véritable panique chez les Algériens », a constaté Berkani.
Toutefois, « les choses semblent être prises correctement. On a augmenté le niveau d’alerte. Les services hospitaliers ont été instruits d’isoler les cas suspects de coronavirus pendant la période de 14 jours », a-t-il estimé. Sur la disponibilité des moyens et de matériel médical pour parer à cette maladie, Berkani considère que « ce n’est pas le matériel médical qui est en cause, mais il s’agit de la traçabilité et l’organisation. À titre d’exemple, nous avons proposé depuis des années qu’il y ait création d’une agence de veille sanitaire qui puisse suivre ce genre d’évènement de plus près ».
Hamid Mecheri