Le rideau est tombé sur la 10ème édition du Festival international du théâtre de Béjaïa, clôturé au bout de quatre jours d’animation durant lesquels se sont alternés spectacles scéniques, formation (Master-class), lecture de contes, et musique.
Le festival a, toutefois, été écourté en raison de la défection de la troupe tunisienne qui s’est rétractée au dernier moment pour des raisons non encore élucidées, mais qui a dû obliger le commissariat de la manifestation à la remplacer au pied levé, en avançant de 24 heure le programme de clôture. Pour autant, au-delà de la frustration ressentie et de la perturbation programmatique subie, la sortie s’est faite dans l’émotion et en toute beauté, avec l’hommage poignant rendu au comédien Omar Guendouz, pour sa grande carrière, pour le moins éclatante et aussi sa longévité. « Da Omar «, comme l’appellent affectueusement ses amis et proches, cumulent près d’un demi-siècle de carrière de présence sur les plateaux scénique et cinématographiques, durant lequel, il a brillé de milles et une façon. Ce natif des années 50 à la Casbah, un des bastions de la culture et de l’identité nationale au lendemain de l’indépendance, est lauréat du conservatoire d’Alger ou son passage a été récompensé de plusieurs prix et distinctions , de surcroit dans plusieurs domaines dont le chant lyrique et le chant arabe, la comédie arabe et la comédie française. Il possède toutes les cordes à son arc. «Seule lui manque la danse», dira de lui Slimane Benaissa, qui a été complice dans le vie comme sur scène dont «Babor ghrak» et «Boualem Zid El goudam», auréolés, toutes deux, d’un succès retentissant. «C’est un artiste complet. Un grand acteur» dira-t-il emboitant le pas au cinéaste Ali Aissaoui, qui le qualifie «d’homme spectacle». En fait les témoignages sur le personnage ont laissé fuser un torrent d’éloges, dont certains ont estimé que sous d’autres latitude, Omar Guendouz aurait connu un autre rayonnement et une autre dimension. Et pour cause ! avec son talent rare, (il excelle même dans le mime), son style de jeu naturaliste, sa bouille tout aussi naturel et extrêmement expressive, sa gestuelle, etc. Il aurait pu mieux briller. Avec toutes ces qualités pourtant, il a rarement pris le haut de l’affiche ou distribué dans des rôles de composition qui font sa force et une bête de scène. Pourquoi ? Aucune réponse n’a été tentée, et lui n’en dira pas davantage, se contentant d’exprimer sa joie du moment et l’émotion qui l’étreint à l’occasion de cet hommage. Un film retraçant sa vie a ponctué cet hommage auquel le public a adhéré sans réserve, exprimant son contentement à plusieurs reprise, et riant avant même que l’élu du jour n’ait eu à parler. Ses gestes comiques sont toujours francs et réservant des surprises ou rappelant des séquences des scènes connues. Omar Guendouze à joué dans une centaine d’œuvres à la télévison, au cinéma et au théâtre. Après cet hommage décliné tout en reconnaissance et en émotion, la soirée a été ponctuée d’un récital musical andalou, animé par Beihdja Rahal, avec une partie de son large répertoire. Cette 10eme édition, dédiée à Nabila Djahine, une militante des droits des femmes et figure de lutte pour l’identité amazighe, assassinée le 15 février 1996 à Tizi-Ouzou par une horde terroristes, malgré une participation ramassée a valu par sa charge émotionnelle qu’il s’agisse des rencontres auxquelles elle a donné lieu ou des spectacles joués. «Et c’est déjà une grosse victoire», à souligné Slimane Benaissa, qui a refusé de faire l’impasse sur cette édition, à l’origine programmée en octobre dernier mais reporté du fait de la conjoncture socio politique du contexte et qui s’est traduite ultérieurement par le renoncement à la participation d’une douzaine de troupes invitées d’horizons divers.