Des centaines d’enseignants du primaire, venus de plusieurs wilayas du pays, ont répondu hier à l’appel de leur Coordination nationale, en observant un rassemblement à la place des Martyrs, à Alger, pour réclamer des revendications socio-professionnelles.
En effet, à la première heure de cette journée, les enseignants du primaire, portant des blouses blanches, ont commencé à se rassembler à la place des Martyrs, afin de marcher jusqu’au ministère de l’Éducation nationale, comme c’était programmé. Mais ces derniers ont été malmenés et leur marche a été empêchée par la police qui a tenté de disperser les manifestants qui scandaient « silmia, silmia (pacifique, pacifique) ».
Ce rassemblement, qui n’est pas le premier du genre, a été organisé pour faire plus de pression sur la tutelle qui a choisi le silence « en refusant » l’ouverture de tout dialogue avec le partenaire social, afin de discuter sur les problèmes du secteur. Devant cet « entêtement », dit la Coordination nationale des enseignants du cycle primaire, « la tutelle ne laisse aucun autre choix que la grève qui représente un droit constitutionnel pour exprimer le désarroi des enseignants et dénoncer le malaise qui ronge le cycle primaire». Selon la même représentation, cette action est une forme de « pression sur le les autorités qui ne répondent pas favorablement à nos revendications», et qui « continuent la politique de la sourde oreille ».
De ce fait, la question de savoir pourquoi le ministère de l’Éducation refuse d’ouvrir un dialogue avec les enseignants du primaire attend des réponses. Ce au moment où le problème pourrait être résolu dans une séance de débat avec les différents acteurs du secteur, et arrêter ainsi de prendre l’élève en otage dans ce conflit, surtout pour ceux qui s’apprêtent à passer les épreuves de fin de cycle. Des mesures ont été prises par la tutelle pour éviter des dommages sur l’avenir des élèves, surtout ceux qui sont en classes finales, en remplaçant les enseignants grévistes par d’autres non grévistes. Mais cette « solution » pourrait perturber encore plus l’enfant scolarisé.
Réprimés et empêchés de marcher
Lors de leur rassemblement, les enseignants des écoles primaires ont subi une répression de la part des forces de l’ordre, qui ont encerclé la place des Martyrs pour empêcher les enseignants de marcher vers le ministère de l’Éducation, comme c’était prévu.
Pour rappel, les enseignants du primaire ont observé, le 8 janvier dernier, un sit-in devant l’annexe du ministère de l’Éducation nationale, à Alger, pour réaffirmer leurs revendications socioprofessionnelles, appelant le ministre, Mohamed Ouadjaout, à engager un dialogue et à trouver des solutions satisfaisantes à leur demande. De son côté, le ministère de l’Éducation avait qualifié les revendications pédagogiques et professionnelles des enseignants de «légitimes», affirmant qu’«elles doivent être traitées dans le cadre d’un dialogue associant les représentants des enseignants et l’administration centrale du secteur ». Mais, jusqu’à aujourd’hui, aucune porte n’a été ouverte pour ce dialogue.
Ce que demandent les enseignants…
Concernant la plateforme de revendications, il s’agit de la révision des programmes pédagogiques, des calendriers des vacances et de la rentrée scolaire pour les régions du Sud du pays », de « la modification du statut particulier » de telle sorte à reclasser les enseignants du secondaire, du moyen et du primaire au même grade de base, et de « la diminution du volume horaire ».
En outre, les grévistes réclament « l’application immédiate du décret présidentiel N°266/14 avec effet rétroactif depuis sa parution en 2014, le recrutement de superviseurs, afin d’assurer l’encadrement des élèves dans la cour et les cantines pour permettre aux enseignants de se consacrer à leurs tâches pédagogiques » et, enfin, « la création de nouveaux grades d’enseignant pour les matières scientifiques, littéraires et d’éducation physique ».
Sarah Oubraham