Par Ali El Hadj Tahar
C’est une véritable colère que le président, Abdelmadjid Tebboune, a exprimée en réaffirmant son engagement à assainir le pays de la corruption, l’abus de fonction, le trafic d’influence, les délits d’initiés, le gaspillage et autres petits et grands fléaux qui gangrènent l’État et la société.
C’est à l’adresse des walis, supposés être les premiers concernés par la lutte contre ces maux, qu’il a souligné la nécessité d’y mettre un terme, en mettant chacun devant ses responsabilités. Car le pays n’aurait jamais connu l’incurie durant deux décennies si chaque wali avait agi pour l’application de la loi et selon ce qu’elle dicte et non pas en exécutant des ordres venus d’en haut, lorsqu’il n’était pas lui-même impliqué dans la gabegie. La décision du président Tebboune de combattre ces crimes et délits s’inscrit en réalité dans la continuité du travail d’assainissement entamé par la justice algérienne au lendemain de la chute du système bouteflikien. Basé sur le clientélisme, le clanisme, la prédation et le pouvoir autoritaire qui a sévi durant deux décennies engendrant une mafia qui s’est incrustée du sommet à la base de la pyramide de l’État. Les dégâts moraux et éthiques engendrés par ces maux et ses pratiques sont tout aussi graves, sinon plus que les dégâts financiers et économiques car la moralisation de la société, le sens des responsabilités et l’éthique nécessiteront des années, si ce n’est des décennies, tant le mal est profond dans l’État algérien et la société.
C’est la nécessité de créer une administration nouvelle qui impose au président de la République de tenir aux walis un langage cru, direct et franc. Il ne s’est pas contenté d’avertir qu’«Aucune personne, quel que soit son rang, ne bénéficie d’une protection lorsqu’il s’agit de corruption», il a illustré son propos par moult exemples sur « les grandes et les petites corruptions», comme il les a qualifiées. Même la délivrance d’un document administratif est conditionnée par une compensation, a-t-il rappelé, montrant une parfaite connaissance du mal qui ronge l’Algérie. Et si ce fléau que les Algériens appellent tchippa s’est propagé c’est parce que beaucoup de walis et de chefs de daïra étaient plongés dans les pratiques exercées en haut lieu, et se sont ainsi lancés à faire leur beurre, eux aussi. Mais le président Tebboune ne s’est pas contenté de mettre en garde, il a préconisé des solutions, estimant que le code pénal doit être revu avec des peines à la hausse pour nombre de délits et de crimes. Ainsi donc, l’avertissement ne s’adresse pas uniquement aux mafieux qui opèrent à coups de containers remplis de pierres, de fausses factures, de surfacturation ou carrément de détournement des prêts bancaires, de subventions de toutes sortes, y compris dans le domaine de la culture, comme le montre la liste des films financés depuis des décennies et qui ne sont pas sortis sur les écrans.
Outre la corruption et l’abus de pouvoir, Abdelmadjid Tebboune a aussi stigmatisé le gaspillage des dépenses publiques. Pire que les trottoirs cités par le Président, il y a ces digues inutiles érigées dans tous les ports et qui ont couté des millions de dollars. Des dépenses publiques superflues ont avalé des dizaines de milliards de dollars, tout en enrichissant les corrompus.
A. E. T.