Les Philippines ont signalé dimanche le premier décès en dehors de la Chine d’une personne atteinte du nouveau coronavirus, une information qui relance les inquiétudes concernant la propagation à travers la planète de cette épidémie qui a déjà fait plus de 300 morts.
Cette annonce est survenue alors qu’un nombre croissant de pays ont décidé la fermeture de leurs frontières aux personnes en provenance de Chine. Depuis son apparition en décembre dans la métropole de Wuhan (centre), le coronavirus a contaminé à travers la Chine 14.000 personnes et s’est propagé dans 24 pays. Wuhan a été placée de facto en quarantaine, imitée dimanche par la ville chinoise de Wenzhou (Est) qui a imposé le confinement de ses plus de 9 millions d’habitants. En Chine, la journée de dimanche sonne la fin des vacances du Nouvel An lunaire. Les habitants ont donc commencé à rentrer chez eux, en avion et en train, même si de nombreuses entreprises demeureront fermées pendant au moins une semaine.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la semaine dernière l’épidémie comme «une urgence de santé publique de portée internationale» et de nombreux pays ont annoncé des mesures exceptionnelles en espérant se prémunir contre le virus.
Les Etats-Unis, l’Australie et Israël ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant rendus en Chine dans les 14 derniers jours. La Mongolie, la Russie et le Népal ont fermé leurs frontières terrestres avec la Chine alors que la Papouasie Nouvelle Guinée a fermé mercredi ses entrées aériennes et maritimes à tous les voyageurs étrangers en provenance d’Asie.
Près de 14.500 personnes contaminées
Ces mesures de confinement pourraient avoir ralenti la propagation du virus mais ne l’ont pas arrêtée. La personne décédée aux Philippines était un Chinois de 44 ans originaire de Wuhan, a indiqué l’OMS.
Cette annonce est intervenue peu de temps après la décision des Philippines de ne plus accepter de voyageurs étrangers en provenance de Chine. «Il s’agit du premier décès signalé en dehors de la Chine», a déclaré à la presse Rabindra Abeyasinghe, représentant de l’OMS aux Philippines. Au cours du week-end, la Grande-Bretagne, la Russie et la Suède ont annoncé leurs premiers cas confirmés.
En Chine, le nombre de morts s’élevait dimanche à 304, les autorités ayant annoncé que 45 personnes étaient décédées au cours des dernières 24 heures. Le nombre des infections confirmées dans l’ensemble de la Chine a lui aussi augmenté pour s’établir dimanche à près de 14.500.
Ce chiffre dépasse désormais le nombre d’infections enregistrées lors de l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), un coronavirus qui avait fait en 2002-2003 un total de 774 morts, dont la majorité en Chine continentale et à Hong Kong.
Whenzhou à son tour confinée
Pékin a pris des mesures sans précédent pour limiter les déplacements des personnes, le virus étant transmissible d’humain à humain. La plus spectaculaire a été mise en place dans la province du Hubei et sa capitale Wuhan – où le virus a déjà contaminé 661 personnes: depuis le 23 janvier, quelque 56 millions d’habitants y sont coupés du monde par un cordon sanitaire. Avec 265 cas de contamination, Wenzhou (prononcer Wenn-djo), l’une des villes de Chine les plus touchées, a annoncé dimanche des mesures similaires. Les habitants de cette ville portuaire, située à environ 800 kilomètres à l’est de Wuhan, ont désormais l’obligation de rester chez eux. Seule une personne par foyer est autorisée à sortir une fois tous les deux jours pour faire les courses. Les transports publics sont suspendus ainsi que les autocars longue distance. Les grands axes routiers sont presque entièrement fermés. Ce virus est apparu au pire moment pour la Chine, des centaines de millions de Chinois voyageant lors des congés du Nouvel an lunaire, qui a commencé officiellement le 24 janvier. Ces congés, au cours desquels la plupart des Chinois rentrent dans leurs familles, devaient prendre fin vendredi mais ils ont été prolongés jusqu’à lundi pour laisser plus de temps aux autorités pour faire face à la crise. Alors que le Hubei et certaines grandes villes, dont Shanghai, ont prolongé cette période, de nombreux habitants mettaient fin dimanche à leurs vacances. Une jeune fille de 22 ans, arrivant dans une gare de Pékin en provenance du nord-est, explique que sa famille souhaitait qu’elle retarde son retour. «Mais je craignais que cela n’affecte mon travail», déclare-t-elle. Un agent de sécurité, Du Guiliang, originaire lui aussi du nord-est, indique qu’il sera de retour au travail dimanche. «De nombreux collègues (du Hubei) n’ont pas pu revenir. Maintenant, ceux qui travaillent de jour dans notre entreprise doivent aussi faire le travail de nuit», explique-t-il. Selon l’agence Chine nouvelle, les autorités ont ordonné des contrôles de température à tous les points de sortie et d’entrée de la capitale. Les passagers sont également tenus de remplir un formulaire sur leur état de santé. Les personnes de retour à leur domicile sont contrôlées dans leur résidence. Dans de nombreuses stations de métro, la fièvre est contrôlée, ainsi que dans de nombreux bureaux et cafés.