Le candidat du parti politique Talaïe El Hourriet, pour la présidentielle du 12 décembre, Ali Benflis, aura passé un mauvais quart d’heure, hier à Bouira, après s’être vu accueilli par une manifestation populaire qui a dégénéré pour se transformer en une échauffourée entre les manifestants et les forces de l’ordre. En déplacement électoral dans cette wilaya de Kabylie, Benflis a, bon gré mal gré, animé un meeting à la maison de la culture, Ali Zammoum, en dépit des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants qui rejettent le prochain scrutin présidentiel. Après un long périple, plutôt paisible, hormis les quelques incidents insignifiants, à travers, notamment les régions du sud et de l’ouest du pays, et à raison de deux meetings par jour, dans le cadre de la campagne électorale, l’ex-chef du gouvernement, a prévu une rencontre avec ses partisans à Bouira, au sud-est de la capitale Alger, au onzième jour de la campagne électorale. Un grand défi pour le postulant à la Haute fonction de l’État, que de s’aventurer dans un terrain miné, et l’un des fiefs de la protesta en cours depuis neuf (9) mois, rejetant pacifiquement l’agenda électoral du pouvoir, et par conséquent, tous les candidats partants sont déclarés «persona non grata». C’est dans ce contexte politique hostile que l’ex-premier ministre est appelé, donc, à se montrer à Bouira, pour faire valoir la noblesse de son programme électoral, et surtout, tenter de défendre son choix de participer à ce rendez-vous électoral, en nageant «à contre-courant» de la volonté populaire. Et malgré la situation tendue qui a tourné à des affrontements violents, le meeting populaire de l’ancien SG du Front de libération nationale (FLN), a eu lieu. La manifestation des partisans contre l’élection, pacifique au départ, qui n’a pas dépassé le stade de slogans habituels, pour signifier le rejet de l’agenda électoral du pouvoir, s’est transformée en scènes de violences contre l’impressionnant dispositif de sécurité dépêché sur place pour sécuriser la rencontre du candidat Benflis. Des manifestants ont tenté de forcer le cordon de sécurité déployé autour de la maison de la Culture, et les forces de l’ordre ont utilisé le gaz lacrymogène et des jets de pierres, rapportent plusieurs médias. Plusieurs arrestations ont été opérées parmi les rangs des manifestants, et plusieurs blessés ont été également recensés et transférés à l’hôpital par la Protection civile, selon toujours les mêmes sources, qui affirment que le calme est ensuite revenu sur les lieux. C’est la première fois depuis le 22 février dernier, que la révolte populaire a perdu son sang-froid, dans une région pourtant rompue à la lutte pacifique contre les pouvoirs successifs. Quelles seront les conséquences d’un tel dérapage du mouvement populaire? Le faiseurs de troubles, qui n’ont aucun lien avec le mouvement citoyen, sont -ils à l’origine de cette tension, qui ne peut qu’altérer son civisme? Peu importe l’origine des faits, ces scènes de violences apportent plus au pouvoir qu’au mouvement citoyen.
B. O.