Mettant en avant une conjoncture marquée par “la prudence, la confusion, une manipulation médiatique des faits ainsi qu’une polarisation de plus en plus forte” s’ajoutant à “une situation socioprofessionnelle difficile”, la Confédération des syndicats algériens (CSA) a appelé les travailleurs, dans un communiqué, à “s’impliquer avec force dans le Mouvement citoyen pacifique”.
Réuni au siège du Syndicat national des praticiens de la santé publique, l’une des 13 organisations professionnels autonomes composant le CSA, pour “examiner les récents rebondissements survenus sur les scènes politique, sociale et syndicale” et après “un débat approfondi et responsable”, ce conglomérat de syndicats, se réclamant 14 millions d’adhérents, a dressé un constat pessimiste. Le CSA a déploré “les arrestations dans les rangs des activistes, personnalités et étudiants“, les restrictions sur les manifestations pacifiques et les mesures illégales à travers les décisions de fermer les accès de la capitale” et “le refus d’octroyer des autorisations de tenir des réunions” pour certaines associations et organisations de la société civile.
La confédération a dénoncé également “le black-out médiatique” imposé sur le Hirak et s’est dit redouter les conséquences de cette ambigüité de la situation politique sur les revendications socioprofessionnelles soulevées par les travailleurs. “Devant la responsabilité de s’engager aux côtés du Hirak populaire pacifique et ses revendications légitimes d’un côté, et la responsabilité d’œuvrer à éviter tout ce qui pourrait nuire au pays et l’exposer aux dangers de l’autre côté, le contexte nous oblige de s’en remettre uniquement au devoir de servir le pays”, lit-on dans le communiqué signé par le secrétaire national du CSA, Farid Bougara.
“ D’emblée, en tant que confédération, nous réitérons notre soutien au Hirak pacifique dans la réalisation de ses revendications et nous appelons les travailleurs à s’y impliquer avec force”, a précisé le même communiqué. La CSA a appelé ainsi à “la libération de tous les détenus d’opinion interpellés lors des marches du Hirak”, “la levée des restrictions sur les manifestations pacifiques et la facilitation de tenir des réunions”, ainsi que “de renoncer à la fermeture des accès de la Capitale” devant les manifestants les vendredis.
La CSA a appelé à “la levée du black-out médiatique sur le Hirak populaire afin de garantir un accès à l’information à tout le monde”. Les membres de la confédération considèrent que “la concrétisation des revendications de Mouvement populaire en marche depuis février 2019 est tributaire de la mise en place de certaines conditions, garanties et mécanismes”, notant que “la politique du fait accompli ne garantira pas une réelle stabilité du pays”.
Les signataires du communiqué de la CSA se sont dits “refuser tout processus visant à détourner la volonté souveraine du peuple” et réaffirmé leur attachement à “l’initiative de la société civile élargie aux partis politiques et personnalités nationales afin d’aboutir à une solution consensuelle et inclusive permettant de trouver une issue à la crise; à commencer par le retour au processus électoral”.
Hamid Mecheri
