Après avoir réuni, pendant toute la journée de samedi dernier, les membres de son Conseil consultatif en session extraordinaire pour trancher la question des présidentielles, le président du MSP, Abderrazak Makri, a animé hier une conférence de presse pour décocher quelques messages politiques.
D’ailleurs, le candidat à la présidentielle annulée du 18 avril dernier a lu le communiqué final du parti qui a décidé de ne pas prendre part aux prochaines joutes électorales pour « absence des conditions adéquates garantissant une concurrence loyale ».
« Il n’y a pas de nouveaux éléments pour restaurer la confiance et garantir que le futur scrutin sera ouvert sur une réelle concurrence. Également la chance d’aboutir à un « candidat consensuel » pour toute l’opposition s’est évaporé après que plusieurs partis ayant pris part à la Plateforme d’Aïn Bénian ont décidé, sans consulter leurs partenaires au sein de la plateforme, de participer aux prochaines élections », a expliqué Makri. Il a ajouté également que le MSP ne donnera pas de consignes de vote au cas où il y aurait un deuxième tour de la présidentielle.
Makri s’est félicité de la décision du Conseil consultatif du parti qui s’est faite en «toute démocratie et transparence», considérant que lui-même n’était pas au courant de la tendance dominante avant cette réunion. Mais sur une question sur les rumeurs qui ont circulé peu avant la réunion en question selon lesquelles Makri avait exercé un réel lobbying pour trancher en faveur de la participation, il a dit : « j’ai voté pour la non-participation car comme je l’ai dit, il n’y a pas de conditions adéquates». Néanmoins, le même Makri dira peu après que « si Bedoui [Premier ministre] a été limogé, cela aurait peut-être inversé la tendance au sein de Conseil consultatif et trancherait en faveur de la participation ». « Il n’y a pas de réponse claire sur pourquoi Bedoui n’a pas été limogé », a-t-il lancé, comme une reproche au Pouvoir de ne pas répondre à une exigence qui a été exprimée pourtant à l’unanimité de la classe politique, selon l’aveu même du membre du défunt Panel de médiation et de dialogue, Amar Belhimer.
Cette position signifie-t-elle le boycott par le parti des élections ? Le président de ce parti islamiste s’est contenté de dire que les consultations opérées par le parti dans sa base et la tranche de société qui constitue son réservoir électoral ont fait ressortir qu’il y a une opinion dominante en faveur de participer aux présidentielles. Cependant, « nous nous sommes excusés car les conditions de leur déroulement ne s’y prêtent pas », a-t-il argué.
Défendant encore ce choix, Makri a considéré que « le processus [des futures élections présidentielles] que nous vivons actuellement est faux car ne réalisant pas la transition démocratique ».
Sur les raisons motivant la décision de non-participation, Makri a évoqué l’instance de dialogue lancée par le chef de l’État qui a été «dépourvue de tout consensus », les « niches de fraude » qui entachent la nouvelle Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), le vote des corps constitués qui représentent « un million de voix qui sont difficiles à contrôler ». Il a noté également que la nouvelle loi sur le régime électoral « n’a pas apporté des mécanismes permettant aux représentants des partis de surveiller le fichier électoral au sein des cellules informatiques des wilayas». Interrogé sur les raisons de ce boycott «déguisé» des élections présidentielles prochaines alors qu’il s’est investi candidat au rendez-vous avorté du 18 avril dernier, ainsi annulé au lendemain de l’avènement du mouvement populaire et citoyen du 22 février, Makri a avancé deux raisons: « La première est les luttes qui se sont éclatées au haut sommet de l’État entre deux courants opposés et fortement outillés, ce qui rend les chances du MSP très réduites pour aborder le scrutin présidentiel. Et la deuxième est que nous n’avions pas encore cerné la donne du Hirak. Mais après le Hirak nous avions pris tout naturellement position en sa faveur ».
Hamid Mecheri