L’ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, est désormais dans le collimateur de la justice. En effet, un communiqué du procureur du tribunal de Sidi M’hamed, rendu public, dans la soirée d’avant-hier, a révélé qu’une enquête préliminaire concernant des faits à caractère pénal relatifs à la corruption a été déclenchée contre l’ex-ministre.
Le concerné est, également, frappé d’une interdiction de sortie du territoire national (ISTN), a annoncé la même source. Selon les précisions du communiqué, c’est l’Office central de répression de la corruption (OCRC) qui a été chargé de mener cette enquête. Pour rappel, le nouveau directeur général de cet organisme, Mokhtar Lakhdari, a été installé au mois de juin dernier. L’OCRC a été créé en vertu des dispositions de la loi n° 06-01 du 20 février 2006, modifiée et complétée, relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Dans son article 24 bis, il est institué un Office central de répression de la corruption chargé d’effectuer des recherches et des enquêtes en matière d’infractions de corruption et des infractions qui leur sont connexes. Les infractions prévues par la présente loi relèvent des juridictions à compétence étendue. L’OCRC a été créé pour consolider les instruments de lutte contre la corruption et les différentes formes d’atteintes à l’économie nationale et aux deniers publics. Il est composé d’officiers et d’agents de la police judiciaire, détachés par les services du ministère de la Défense nationale et du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, ainsi que d’agents publics aux compétences avérées en matière de lutte contre la corruption.
Rappelons, sur un autre plan, que l’ancien garde des Sceaux, a souvent été cité dans des affaires de corruption. Très proche de l’ex-président, Abdelaziz Bouteflika, il a occupé des postes de ministres pendant plusieurs années. Outre le portefeuille de la Justice, qu’il a géré entre 2013 jusqu’à avril 2019, Tayeb Louh a, entre autres, eu à gérer le département du Travail à plusieurs reprises (2012-2013), (2002-2012), et ce, dans les gouvernements de Benflis, Belkhadem, Sellal, Tebboune et Ouyahia.
Tayeb Louh était, également, président du Syndicat national des magistrats. Pour l’instant, la justice ne précise pas dans quelles affaires est soupçonné Tayeb Louh. Mais sa proximité avec certains hommes d’affaires et l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika va être certainement dévoilée par les enquêteurs. Il convient de rappeler, entre autres, que l’ex-ministre de la Justice a, à maintes reprises, souligné son engagement de lutter contre la corruption, avant qu’il ne soit lui aussi visé par cette enquête.
Lamia Boufassa