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LA POLITOLOGUE LOUISA AÏT-HAMADOUCHE AU «COURRIER D’ALGÉRIE» : «C’est l’heure pour les étudiants de dégager des représentants»

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La communauté estudiantine, attachée plus que jamais aux revendications populaires, est la seule corporation qui est restée mobilisée de façon permanente en dehors des manifestations populaires des vendredis. Preuve en est, les avocats, les artistes, et les syndicats issus de plusieurs corporations professionnelles se sont retirés de la rue. Si maintenant les étudiants sont très impliqués dans le hirak, seraient-ils à même de constituer un miroir qui refléterait en entier les revendications du peuple algérien ? En réponse à cette question, la politologue Louisa Dris Aït Hamadouche, enseignante en sciences politiques, estime que «les étudiants ont toute leur place dans la société civile pour participer au dialogue avec le pouvoir en place. Les Algériennes et les Algériens sont tous fièr de leurs étudiants et de leur détermination farouche dont ils font preuve depuis 16 semaines déjà.» Cependant, dira-t-elle, « les étudiants ont tout intérêt à s’imposer en tant qu’acteur de la société civile», précisant que « cette dernière, comme les parties de l’opposition, a tout intérêt de montrer qu’elle est capable d’imposer un rapport de force au pouvoir politique.» Pour étayer ses propos, Louisa Aït Hamadouche a analysé que «les slogans scandés et les pancartes brandies par les étudiants sont porteurs de messages politiques». Pour illustrer sa lecture, elle rappelle les différents messages dégagés des marches du mardi, indissociables de façon globale de ceux du peuple algérien, dont ceux plaidant pour «une période de transition» et ceux appelant à «une justice indépendante.»

«Manque de messagers à l’offre politique»
Toutefois, et en l’absence, au demeurant, de représentants des étudiants et d’une feuille de route pouvant traduire sur le terrain leurs aspirations propres, Louisa Aït Hamadouche suggère que « les étudiants ont encore du travail à faire». C’est-à-dire, se structurer davantage. Quoique, «il existe des tentatives pour le faire, où des corporations estudiantines ont d’ores et déjà commencé à le faire dans différentes régions du pays, à l’instar de la capitale et la wilaya de Constantine…etc.» D’ailleurs, une «non-structuration», surtout avec un total de 1,7 millions d’étudiants, «est un point faible», met en garde la politologue. «L’heure est venue pour les étudiants de passer à la vitesse supérieure et dégager des représentants du mouvement estudiantin»,  a-t-elle recommandé, estimant que les étudiants « ne peuvent se contenter de faire des rassemblements ou des manifestations spectaculaires. »
Mais, comme pour dire qu’il y a cause à effet, Aït Hamadouche évoque «un manque de confiance» entre les différents acteurs de la famille universitaire en général derrière le problème de représentation. Une raison parmi tant d’autres confirmée par les étudiants. Approchés à ce sujets, nombreux sont ceux qui estiment: «Le peuple a tiré les leçons des expériences passées, notamment les mouvements avortés ou récupérés par des manœuvres.»
Mohamed Amrouni

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