« Libérez l’UGTA » ou encore « Sidi Saïd dégage !», c’est ainsi que les représentants des syndicats de différents secteurs ont réclamé, hier, le départ du secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens, Abdelmadjid Sidi Saïd, lors d’un sit-in organisé au lendemain du 6e vendredi de marche grandiose.
Pour restituer l’UGTA et la replacer dans sa mission originelle, le départ de son SG demeure une priorité des syndicalistes protestataires qui ont longuement dénoncé des dossiers de corruption par lesquels ils impliquent la responsabilité de Sidi Saïd. Sur place, nous nous sommes rapprochés des travailleurs manifestants pour les interroger sur les mots d’ordre de cette action, mais surtout sur le comment comptent-ils «récupérer» l’UGTA des mains de son patron ? Salim Bentiba, représentant du bureau national du Syndicat des chercheurs, et représentant des syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, indique que «nous appelons les sections syndicales affiliées à l’UGTA à participer à l’opération «de curage de l’UGTA du clan» qui a hypothéqué l’avenir de millions de travailleurs, en étant mouillé dans des affaires d’argent sale pour impliquer les représentants des travailleurs».
En poursuivant que «Si Sidi Saïd parte, la commission exécutive nationale (180 membres), doit se réunir comme prévoit la loi et le règlement intérieur, pour désigner un nouveau directoire qui sera chargé de gérer les affaires courantes de l’UGTA. En cas où la CEN ne parviendrait pas à le faire, on doit mettre en place une commission provisoire pour la gestion de l’UGTA, car malgré l’installation de cette commission, on doit revenir à la base pour organiser des élections etc.», préconise ce syndicaliste.
Se dirige-t-on vers une UGTA «parallèle» ?
Pour un représentant syndical de Naftal, «depuis quelque temps, le SG de l’UGTA est désavoué par plusieurs sections syndicales pour son soutien au président de la République. Il est tenu pour responsable d’avoir tourné le dos aux revendications des travailleurs et de s’investir dans le soutien inconditionnel au Président. À cet effet, des sections syndicales ne tiennent plus compte de la direction, et appellent à tenir des rassemblements pour mettre à la porte le SG de l’UGTA. Franchement, il faut qu’il parte !»
De son côté, Malika B., ancienne syndicaliste au niveau de la Fédération des chemins de fer dit que « les représentants de différents syndicats sont venus aujourd’hui pour exiger le départ de Sidi Saïd, et dénoncer les personnes corrompues qui l’entourent. Par la même occasion, nous voulons soutenir les syndicalistes exclus par la Centrale syndicale », et de poursuivre « le syndicat des cheminots était auparavant, un syndicat très revendicatif mais, par la suite, à cause de Sidi Saïd et son entourage, il est devenu un syndicat soumis, afin de mettre une main sur les œuvres sociales et pour manipuler les revendications des travailleurs.»
« C’est les travailleurs qui doivent décider de leurs représentants, on ne veut plus que les représentants soient imposés par la Centrale syndicale ou autres. Tout le monde le sait, Sidi Saïd roule pour et avec le système, il est là depuis 22 ans, et il n’était pas élu par les travailleurs», ajoutant, dans ce sens : «tous les secrétaires nationaux des wilayas, tous les secrétaires nationaux de l’UGTA, tous les secrétaires nationaux des unions locales, ils n’ont pas été élus, ils ont été parachutés pour museler le travail leur et les revendications des travailleurs », a-t-elle dit.
Pour «remettre l’UGTA sur de bons rails», notre interlocutrice a souligné que «seule la voix des travailleurs doit être prise en compte, c’est à eux de décider de leurs représentants et c’est à eux de décider qui seront les élus.
On doit commencer par la base avant d’arriver au sommet de la pyramide. Tout doit se faire à travers des élections, c’est pour cela qu’on doit se réapproprier l’UGTA », a-t-elle affirmé.
Signalons que les travailleurs et membres des syndicats de Naftal, Sonatrach, l’Enseignement supérieur, Assurances, Cheminots, l’ENIEM et biens d’autres, ont tous pris part à ce rassemblement, alors qu’ils prévoient d’organiser un autre sit-in, «plus important», samedi prochain, afin de maintenir la pression sur le vieux patron de l’UGTA.
Med Wali
SCÈNE DE VIOLENCE ET D’AGRESSION
L’auteur arrêté par la Police
Le sit-in des représentants des syndicats de différents secteurs, tenuhier, devant le siège de l’UGTA, à Alger, a été le théâtre d’affrontements au moyen d’armes blanches entre un présumé «Baltagui» présenté comme un partisan de Sidi Saïd et les protestataires. Un jeune homme a eu recours à des chaînes de fer pour barrer la route aux protestataires afin de les empêcher de se rapprocher de la porte principale du bâtiment de la Centrale syndicale, sis sur l’avenue Aïssat Idir. Il a fallu l’intervention de la police afin d’assurer la sécurité des personnes et de ramener le calme et la sérénité. Cette agression, à découvert, a engendré la blessure d’une personne, qui a été évacuée en urgence à l’hôpital, alors que l’agresseur a été interpelé et conduit au commissariat.
M.W.