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DES PARTIS D’OPPOSITION SUR L’ARTICLE 102 : Son application est «irrecevable» en l’état actuel des choses

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Après la forte mobilisation citoyenne de vendredi dernier exprimant son refus de l’application de l’article 102, annoncé par le chef de l’état-major, le général major Gaïd Salah, des partis politiques de l’opposition estiment qu’il faut aujourd’hui trouver des solutions politiques, explorer des pistes et instaurer un dialogue.

Un grand écart semble séparer les deux camps. D’un côté, la seule revendication clairement partagée par l’ensemble des manifestants, en mobilisation depuis le 22 février, est la demande, «d’une manière immédiate et sans conditions, du départ de tout le système politique en place » et la proposition en question, faite la semaine dernière, par le chef de l’état-major, Ahmed Gaïd Salah, n’a pas eu l’écho escompté, vendredi dernier, et beaucoup de partis politiques de l’opposition s’attèlent à dégager, selon sa lecture, du cours des évènements marquant la scène politique nationale, depuis le 22 février dernier, des pistes de solutions de sorties de crises, mais peinent à convaincre.

RCD : La solution réside dans «la pérennité» de la mobilisation des Algériens
Pour la députée RCD, Fetta Sadat, un premier constat s’impose : « le fait que le peuple algérien n’a pas été dupé par la proposition de Gaïd Salah dénote d’une prise de conscience et d’une maturité politique extraordinaires que l’on n’attendait pas, de prime abord, du peuple algérien ». «C’est la preuve que nous sommes réellement en présence d’un sursaut national et d’une mobilisation citoyenne. Donc, on est en présence d’une véritable révolution et non pas d’un “Hirak”, le terme utilisé actuellement que je considère comme réduisant un petit peu de ce mouvement à sa plus simple expression», a indiqué Fetta Sadat, hier, au « Courrier d’Algérie ». Pour appuyer ses propos, Sadat évoque « la mobilisation qui se poursuit depuis 6 semaines et l’importance et la nature des revendications largement partagées par la rue, qui sont à caractère hautement politique». Selon cette militante des droits de l’Homme et membre de la Commission des Affaires administratives et juridiques à l’Assemblée, l’après-Bouteflika sera décidé uniquement par la rue à travers les réponses que soulèvent les manifestants à l’occasion de chaque marche populaire. « On n’a jamais dit que c’est facile. On n’a jamais dit qu’un pouvoir mafieux et régi par la fraude électorale et le détournement des deniers de l’État s’en aille comme ça avec facilité. Il y a beaucoup d’intérêts en jeu. (…) Maintenant la solution se trouve dans la pérennité de cette mobilisation des Algériens. Il faut qu’ils continuent à investir la rue, dialoguer entre eux et aussi émettre des propositions concrètes pour une sortie de crise », a expliqué Sadat. Elle rappelle que le RCD « a été l’un des premiers partis à avoir émis une plateforme de propositions très concrètes appelée “Une rupture pour une transition pacifique et démocratique” afin de sortir de cette impasse », jugeant le choix d’aller vers l’application de l’article 102 comme « une ruse, une manœuvre et une simple technique fallacieuse pour essayer encore de faire perdurer le système ». L’application des dispositions de l’article 102 dans le temps actuel « est irrecevable sur la forme puisque celui qui le revendique est carrément incompétent sur le plan constitutionnel. Sur le fond, ce n’est pas à quelques jours de l’expiration du mandat actuel du chef de l’État qu’on va maintenant se réveiller subitement et découvrir qu’il est inapte à exercer ses fonctions», a poursuivi Sadat. C’est vraiment du mépris envers le peuple algérien (…) et un véritable coup de force contre la volonté populaire à travers le slogan qui a dominé hier la rue ; “tarhalu ga3 !”, (vous partez tous !», a-t-elle conclu.

Jil Jadid : L’article 102 «pour contourner » les revendications du peuple
Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, a appelé à la vigilance contre les réelles intentions derrière les appels à l’application de l’article 102. « Le cadre constitutionnel, qui définit les institutions politiques, ne répond pas aux besoins et aux exigences du peuple » . L’article 102 ne signifie pas plus que de contourner les revendications du mouvement populaire citoyen pacifique, exigeant « le départ du système politique en place », alors qu’avec l’application de l’Article 102, « Bensalah va prendre le pouvoir pendant 3 mois ou 4 mois et demi, puisque s’il y a démission du Président» et de là, poursuit Sofiane Djilali «nous irons immédiatement vers l’installation d’un président par intérim et la convocation du corps électoral, et qu’au bout de 3 mois, il devra y avoir une élection», a-t-il réagi sur sa page Facebook. Une démarche à contre sens du cours et de la direction prise par la dynamique qu’impose la mobilisation citoyenne, à travers le pays, depuis six vendredis. Par ailleurs, le scénario suivant l’application de l’article 102, « n’est pas possible » pour le responsable de Jil djadid qui affirme que la solution est celle qu’exprime le peuple depuis le 22 février, à savoir : le départ du système politique en place pour l’édification d’un État de Droit, et puis ce n’est pas avec «de l’ancien qu’on fait du neuf », comme il le souligne souvent dans ses déclarations, appelant au maintien du mouvement.

FJD : L’application de l’article 102 «ne suffit pas», «il faut aller vers l’article 7»
Le député et dirigeant du Front pour la Justice et le Développement (FJD), Lakhdar Benkhalef, considère que l’après-Bouteflika ne pourra se faire sans une période de transition. « Il faut que le “hirak” continue parce que l’application de l’article 102 ne suffit pas à lui seul. Il faut aller vers l’article 7 de la Constitution qui dispose que le peuple est la source de tout pouvoir. Et à partir de ce constat, on ne peut tolérer encore, à ceux qui étaient responsables des malheurs de l’Algérie, de continuer encore, à gérer », a-t-il indiqué hier au « Courrier d’Algérie». «Le temps nous est compté. Il faut un consensus au plus vite possible sur une période de transition de six mois afin de mettre des lois de sorte à permettre l’organisation d’une élection libre et transparente », a-t-il ajouté.
Hamid Mecheri

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