Au moment où des partis politiques de l’opposition soutiennent l’appel du vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP, pour l’application de l’article 102 de la Constitution, d’autres s’y sont inscrits, exigeant pour certains, la réunion de conditions et pour d’autres des garanties. Avant le sixième vendredi de la mobilisation d’hier, les partis Jil Jadid, RCD, FFS et FJD ont rejeté la proposition de Gaïd Salah, en faisant savoir que le changement du système en place ne peut s’opérer «par des instruments et des hommes qui incarnent le système politique en place ». Sur ce, le président de Jil Jadid, Sofiane djilali, a expliqué dans un enregistrement vidéo publié sur sa page Facebook, que l’application de l’article 102 permettra « le maintien du gouvernement, et la désignation d’Abdelkader Bensalah à la tête du pays » pour ensuite, poursuit-il, «organiser l’élection présidentielle ‘’sous la tutelle’’ de ce même gouvernement» que, a-t-il rappelé, « la majorité absolue du peuple algérien refuse ». Djilali a fait savoir aussi que le mouvement populaire pacifique et des partis de l’opposition « n’accepteront pas l’application de cet article qui ne répond pas», a-t-il affirmé, « aux revendications populaires », appelant « le peuple à poursuivre ses manifestations pacifiques, dans sa lutte pour revendiquer le départ du système politique en place ». Sans manquer de relever qu’aujourd’hui le peuple commence à « cueillir les fruits de son mouvement pacifique déclenché le 22 février dernier à travers tout le pays » le président de JJ déclare que le renoncement du 5e mandat et le départ de Ouyahia est déjà un acquis pour le peuple» et d’avertir que « l’application de l’article 102 fera entrer l’Algérie dans une nouvelle phase de la crise actuelle». Et, pour éviter justement le prolongement de la crise politique, il rappelle « que les revendications du peuple sont claires, à savoir le changement du système politique en place et l’édification d’une 2e République » a-t-il précisé. Plus explicite, Djilali, qui a eu à lancer des appels depuis 2014 pour l’application de cette mesure constitutionnelle sur le président Bouteflika en raison de son état de santé, affirmera que « le départ de toutes les personnalités à la tête du système est le préalable pour passer à une période de transition» qui, estime-t-il, «ne durera pas longtemps et sera menée par des personnalités crédibles afin de réviser les lois et organiser des élections transparentes». Pour leur part, le FFS, le RCD, et le FJD convergent plus ou moins avec la position du responsable de Jil Jadid, en refusant la solution appelant à l’application de l’article 102. Estimant « qu’il est en contradiction avec les revendications du peuple algérien » vue que l’application de l’article 102 « requiert le transfert des responsabilités au président du Sénat, Abdelkader Bensalah». Un refus motivé par le fait que l’actuel président du Sénat est issu des rangs du RND, qui est un parti incarnant le système. Alors que ces derniers convergent, dans leurs positions respectives, sur l’Article 102, avec celle exprimée, hier, par le Peuple, dans son sixième vendredi, appelant à «l’application de l’Article 7» qui stipule: «Le peuple est la source de tout pouvoir».
D’autres, par contre, à l’exemple du MSP, que préside Mokri, sont tout à fait d’accord avec la proposition de Gaïd Salah. Ce parti a salué en effet l’annonce du vice-ministre de la Défense, en demandant des « garanties ». Position qui n’ a pas été pour converger avec la position politique exprimée, hier, par les millions de manifestants, sortis dans leur sixième vendredi, pour dire «NON» à l’application de l’Article 102 qui est jugé de «révolu» en réaffirmant que les figures du système politique en place doivent « tous partir ».
D’autre part, les acteurs de la société civile, avocats, artistes, et autres, ainsi que des partis de l’opposition refusent l’implication des formations politiques de l’alliance présidentielle (P/FLN, RND, TAJ, MPA, ANR) dans l’élaboration de la feuille de route ouvrant la voie au changement du système politique. Ces partis, pour rappel, ont exprimé leur soutien à l’appel de Gaïd Salah, quoique certains d’entre eux invitent le Président à démissionner. En tout état de cause, la question qui revient, à présent, dans les débats politico-médiatiques, comme lors des manifestations pacifiques du peuple algérien à travers le pays, est celle de savoir «jusqu’à quand les partis de l’alliance comprendront-ils qu’ils ne sont et ne peuvent pas être des acteurs du changement ? ».
Sarah Oubraham