La bande de Ghaza vit l’un des chapitres les plus sombres de son histoire.
Sous les bombes et sous le blocus, une double peine frappe la population : la mort immédiate des frappes sionistes et l’agonie lente de la famine.
Les chiffres, terrifiants, ne sont que le reflet d’une tragédie humaine organisée. Au cours des dernières vingt-quatre heures, les hôpitaux de Ghaza ont enregistré trois nouvelles victimes de la faim et de la malnutrition, portant à 425 le nombre total de personnes mortes de privations alimentaires depuis le début du blocus renforcé. Parmi elles, 145 enfants. Depuis l’avertissement lancé par l’Organisation IPC (Classification intégrée des phases de sécurité alimentaire), 147 décès supplémentaires ont été comptabilisés, dont 30 enfants. La situation est dramatique : 900.000 enfants souffrent aujourd’hui de la faim, et au moins 70.000 ont franchi le seuil critique de la malnutrition aiguë. Les médecins décrivent des scènes d’une horreur insoutenable : des enfants arrivant aux urgences avec des corps trop maigres pour supporter le moindre traitement, d’autres trop faibles pour boire une gorgée d’eau.
L’alerte des agences onusiennes
L’UNRWA a tiré la sonnette d’alarme : le taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans a doublé entre mars et juin 2025. Cette explosion est directement liée au blocus imposé par l’entité sioniste, qui transforme la nourriture en arme de guerre. « La faim est utilisée comme outil de domination et de punition collective », dénoncent les organisations humanitaires. Chaque jour, de nouveaux enfants sont admis dans les hôpitaux dans un état critique. Pour les médecins, la bataille n’est pas seulement de maintenir en vie ces petits corps affaiblis, mais aussi de prévenir des séquelles à long terme qui marqueront à jamais une génération entière.
Quand le corps d’un enfant s’autodévore
Le quotidien New York Times rappelait récemment le processus mortel qui frappe les enfants privés de nourriture. Lorsqu’ils ne s’alimentent plus, leur organisme commence par brûler les réserves de graisses pour maintenir les fonctions vitales. Une fois ces réserves épuisées, le corps attaque les muscles, puis les os. Chez un enfant en bonne santé de deux ans, le périmètre du bras est d’environ 15,2 centimètres. Si ce chiffre descend en dessous de 11,4 cm chez un enfant de moins de cinq ans, il s’agit d’un signe de malnutrition aiguë sévère. À Ghaza, 16 % des enfants examinés fin juillet présentaient déjà ce niveau critique de maigreur. Dans ces cas extrêmes, « le corps se nourrit littéralement de ses propres muscles et de ses os », rappellent les médecins. Les conséquences sont terrifiantes : organes vitaux dévorés par le métabolisme, système immunitaire effondré, incapacité à cicatriser, infections bénignes qui deviennent mortelles.
Trop faibles pour avaler
Un phénomène glaçant se répète dans les hôpitaux : des enfants tellement affaiblis qu’ils n’ont plus la force d’avaler un morceau de pain ou de boire un verre d’eau. Leur organisme, pour économiser le peu d’énergie qui lui reste, bloque tout effort. « Manger devient un fardeau insurmontable », expliquent les pédiatres. Dans les formes les plus sévères, le corps se met à consommer ses propres organes pour se maintenir en vie. Le foie, les reins, le cœur eux-mêmes sont lentement détruits. Même lorsque ces enfants survivent, leurs corps restent irrémédiablement marqués.
Des séquelles à vie pour une génération
Les survivants de cette famine imposée porteront des stigmates à vie. Les médecins énumèrent une liste effrayante de conséquences irréversibles dont le retards de la croissance : des enfants qui ne dépasseront jamais la taille normale de leur âge. La fragilité osseuse : des fractures à répétition, une vulnérabilité permanente. Les troubles hépatiques et rénaux : conséquence d’organes détruits par la malnutrition. Déficiences cognitives : difficultés d’apprentissage, pertes de mémoire, capacités intellectuelles réduites. Vulnérabilité aux maladies chroniques : risque accru de diabète, d’accidents vasculaires cérébraux et de maladies cardiaques à l’âge adulte. À Ghaza, la famine imposée par l’occupation ne se contente pas de tuer aujourd’hui : elle vole l’avenir d’une génération entière, condamnant des centaines de milliers d’enfants à vivre avec des corps mutilés et des esprits brisés.
Le massacre continue : 65.000 martyrs
À la tragédie de la faim s’ajoute celle des bombardements. Les sources médicales locales font état, ce lundi, de 64.905 martyrs et 164.926 blessés depuis le 7 octobre 2023. En une seule journée, 34 personnes ont été tuées et 316 blessées. Plusieurs victimes restent encore ensevelies sous les décombres ou abandonnées dans les rues, inaccessibles aux secouristes et à la défense civile. Parmi ces victimes, les « martyrs du pain » — des Palestiniens tués alors qu’ils tentaient de recevoir une aide humanitaire. Leur nombre atteint désormais 2.497 morts et plus de 18.182 blessés. Depuis le 18 mars 2025, le territoire a enregistré 12.354 martyrs et 52.885 blessés supplémentaires.
Ghaza, ville martyre sous le feu
Les bombardements de l’armée sioniste se sont abattus avec une intensité particulière sur la ville de Ghaza. Depuis l’aube de ce lundi, 28 martyrs, dont plus de 20 dans la ville même, ont été recensés. Le quartier de Rimal a pleuré la mort de 3 enfants dans le bombardement d’une tente abritant des déplacés derrière le « Capital Mall ».
Dans la rue al-Jalaa, 10 personnes ont péri après la destruction de deux habitations. Au nord, dans le quartier de Sheikh Radwan, des robots piégés ont été utilisés pour semer la mort et la terreur. Dans le quartier de Tel al-Hawa, au sud de la ville, les habitants vivent sous un feu continu. Les bombardements, accompagnés de destructions massives à l’explosif, visent à accélérer le déplacement forcé de milliers de familles. Les témoins parlent de scènes d’apocalypse : immeubles éventrés, rues en flammes, cadavres abandonnés dans les ruines.
Le centre et le sud du territoire ciblés
Le centre de la bande de Ghaza n’est pas épargné. Le camp de Nuseirat et la ville de Deir al-Balah ont été frappés par l’artillerie et des raids aériens. Plus au sud, à Khan Younès, les bombardements se sont abattus sur les quartiers nord et ouest, tandis que plusieurs habitants ont été abattus par balles dans la zone côtière de Mawasi. Partout, le même constat : des familles entières décimées, des quartiers rayés de la carte, des infrastructures médicales à l’agonie.
Famine organisée, guerre totale
Les bombes sionistes tuent sur-le-champ. La famine, elle, tue à petit feu. Ensemble, elles forment les deux faces d’une stratégie implacable : détruire la population de Ghaza. Pour les médecins, les ONG, les observateurs internationaux, le constat est clair : il s’agit d’un génocide. La faim est utilisée comme une arme, les enfants sont les premières cibles, et l’avenir d’un peuple est méthodiquement sacrifié.
Les chiffres de la faim et des bombardements ne sont pas de simples statistiques. Derrière chacun d’eux se cache un visage, un nom, une famille brisée. À Ghaza, l’horizon est bouché par les fumées des bombardements et par le silence des ventres affamés. Et l’entité sioniste, par sa guerre de la faim et du feu, ne se contente pas de tuer aujourd’hui : elle assassine l’avenir.
M. Seghilani