Les 8e Journées du Théâtre dans le sud qui ont pris fin jeudi dernier auront permis de réitérer la volonté affichée des troupes participantes de pérenniser ce rendez-vous pour donner plus de visibilité aux créations des jeunes artistes du sud algérien tout en leur permettant d’exercer leur passion dans les normes requises du 4e art. Accueillies du 24 au 29 mars au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (Tna), ces Journées, absentes du canevas de ces deux dernières années et auxquelles Ghardaïa et Tindouf ont manqué, représentent ainsi une opportunité pour ces jeunes, même si le public a fait défaut. Des associations d’Adrar, de Tamanrasset, Naâma, El Bayadh, Biskra, Laghouat ou encore Djelfa -qui ont animé ces 8e journées- ont proposé des thèmes en résonance avec les conflits existentiels de l’individu, préoccupé par sa survie et en proie à une détresse psychologique dans les sociétés (arabes) en perte de valeurs, et l’urgence d’une remise en cause totale et objective pour tout reconstruire. Sept spectacles ont été rendus dans des registres différents, marquant des expériences préparées dans des «conditions souvent difficiles», au regard du «manque de moyens», -et d’infrastructures pour certains-, exprimé lors des débats qui ont suivi les représentations, à l’instar de «El holm el Aswed» d’El Bayedh, un psychodrame qui interroge la mort pour mieux saisir l’importance de la vie. Côté public, très peu présent à ces journées, les observateurs noteront que ce manque renvoie «à la situation générale du théâtre en Algérie» qui peine toujours, selon eux, à retrouver ses récepteurs, comparant la situation actuelle à «l’époque où le public affluait dans les salles de spectacles pour s’abreuver de la parole interdite».
Un théâtre minimaliste
Les 8e Journées du Théâtre dans le sud ont permis de relever une nette progression dans la dramaturgie, aussi bien dans le choix des sujets que dans l’adéquation des conceptions aux textes, à l’instar de «Achbah wa Tawila» de Djelfa, au moment où d’autres spectacles, ont opté, malgré le manque de moyens, pour la théâtralisation du patrimoine. Devant la contrainte de présenter les spectacles avec des moyens minimalistes, quelques thèmes traités aux connotations universelles, ont été servis par des scénographies qui ont mis en valeur des rites et de vieux accessoires, une manière pour le metteur en scène de mettre en valeur le patrimoine culturel algérien et orienter le récepteur vers l’importance d’une première lecture locale de son spectacle.
La scénographie demeure le parent pauvre du théâtre dans le sud, obligeant le metteur en scène à être plus inventif pour pallier le manque de moyens financiers. Une plus grande exigence est portée sur l’occupation de l’espace scénique, presque vide de décors dans la plupart des pièces, et un jeu d’acteurs auxquels il est souvent demandé de se surpasser. Les comédiens, dont certains ont foulé les planches du Tna pour la première fois, encouragés par la présence sur scène de professionnels, ont montré des aptitudes notables, interprétant, dans un jeu propre et juste, plusieurs personnages aux caractères différents, dans des registres divers.
Parmi les comédiens qui se sont distingués lors de ces journées, Mabrouka Sergma dans «Halet Hob» d’Adrar, Mehdi Hadji, dans «El Holm el Aswad» d’El Bayedh, Tahar Rezzag dans le rôle de l’ouvrier dans «Ightireb» de Biskra, ou encore Kamel Ouanaouki dans «Achbah wa tawila» de Djelfa.