Huit nouvelles victimes de la famine et de la malnutrition ont été enregistrées dans les hôpitaux de Ghaza au cours des dernières 24 heures, portant à 188 le nombre total de Palestiniens morts de faim depuis le début du siège israélien, dont 94 enfants. Ces chiffres, relayés ce mardi par les autorités médicales locales, illustrent une catastrophe humanitaire sans précédent dans l’histoire récente.
Selon des sources hospitalières, les nouvelles victimes comprennent un enfant et sept adultes. Les médecins décrivent des corps émaciés, des enfants mourant dans les bras de leurs mères, des personnes âgées succombant lentement au manque de nourriture et d’eau. Le docteur Mohammed Abou Salmiya, directeur du principal hôpital de Ghaza, alerte : « La famine est devenue la cause quotidienne de décès. Les hôpitaux enregistrent chaque jour des morts évitables ». Depuis le 2 mars 2025, les autorités d’occupation israéliennes maintiennent la fermeture totale des points de passage vers la bande de Ghaza, interdisant quasiment toute entrée de denrées alimentaires, de carburant et de médicaments.
Le siège a provoqué l’effondrement du système de santé et l’explosion des cas de malnutrition aiguë, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé que près d’un enfant sur cinq à Ghaza souffre aujourd’hui de malnutrition sévère, un taux qualifié de « catastrophique ». L’UNRWA, de son côté, a mis en garde contre la multiplication par deux des cas de sous-alimentation infantile entre mars et juin.
Le service de la défense civile a annoncé que 60 % de ses véhicules ne fonctionnent plus, faute de carburant et de pièces de rechange. « Nous ne pouvons plus répondre à toutes les urgences. Nous devons choisir entre plusieurs interventions critiques. C’est un choix inhumain », explique l’un des responsables.
Une guerre d’extermination
Ces décès liés à la famine s’ajoutent à une campagne de bombardements et de destructions massives qui dure depuis le 7 octobre 2023. Depuis cette date, le nombre de morts s’élève à 61 020 Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants, selon les chiffres du ministère de la Santé de Ghaza. On compte également 150 671 blessés, sans compter les milliers de disparus encore sous les décombres, que les secours ne peuvent atteindre à cause de l’intensité des frappes israéliennes et du manque de carburant.
Rien que pour la journée de mardi, les hôpitaux de Ghaza ont reçu 87 nouveaux corps, dont 8 extraits des décombres, ainsi que 644 blessés. Plusieurs zones du centre et de l’est de Ghaza ont été ciblées par des bombardements particulièrement violents, notamment autour du pont de Wadi, selon les correspondants sur place.
Le « prix » du pain : plus de 1 500 martyrs
Une autre statistique glaçante émerge de cette guerre contre les civils : 1 568 Palestiniens ont été tués alors qu’ils attendaient de l’aide humanitaire ou tentaient d’en recevoir. Le ministère de la Santé indique que 52 d’entre eux ont péri rien que ces dernières 24 heures. À cela s’ajoutent 352 blessés parmi les demandeurs d’aide. Dans le nord de Ghaza, l’hôpital al-Awda a confirmé avoir reçu 11 corps, dont celui d’une femme, ainsi que 78 blessés, à la suite d’un bombardement sur une file d’attente devant un point de distribution. Au sud, 5 personnes réfugiées dans une tente à Khan Younès ont été tuées dans un raid israélien. Partout, la faim tue, parfois plus silencieusement que les bombes. Le docteur Khalil al-Deqran, du centre hospitalier des Martyrs d’Al-Aqsa, alerte : « Nous sommes face à une vague de décès par sous-alimentation qui va encore s’aggraver si le siège n’est pas levé immédiatement ». Il ajoute : « Nous manquons de tout : eau, nourriture, médicaments, sang pour les transfusions. Le système de santé est au bord de l’effondrement ».
Les femmes et les enfants, premières victimes
Le ministère de la Santé souligne que 16,1 % des victimes sont des femmes (environ 9 735 mortes) et 7,3 % des personnes âgées (soit près de 4 429 morts). Le reste des décès concerne en majorité des enfants. Selon l’UNICEF, 28 enfants sont tués chaque jour dans la bande de Ghaza par les bombardements ou la faim. L’organisation précise : « Les enfants meurent de frappes, de malnutrition, de déshydratation et du manque d’accès aux soins de santé essentiels. Ils ont besoin de nourriture, d’eau, de protection… et surtout d’un cessez-le-feu immédiat ».
Crime contre l’humanité
Malgré les injonctions de la Cour internationale de Justice, les appels répétés de l’ONU, des ONG et de centaines de milliers de citoyens à travers le monde, Israël poursuit son offensive militaire tout en imposant une famine systémique, qualifiée de crime contre l’humanité par de nombreux juristes internationaux. Depuis la reprise des hostilités le 18 mars dernier, ce sont 9 519 personnes supplémentaires qui ont été tuées et 38 630 blessées, portant l’empreinte sanglante de la guerre au cœur des quartiers résidentiels, des camps de réfugiés, des hôpitaux et des files d’attente pour un sac de farine. À ce jour, les chiffres sont insoutenables 61 020 martyrs, 150 671 blessés, 1 568 martyrs parmi les demandeurs d’aide, 188 martyrs par famine, dont 94 enfants, 28 enfants matyrs chaque jour, et pourtant, le siège continue.
M. S.