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40 MILLIARDS USD D’INVESTISSEMENTS À MOYEN TERME : Sonatrach sort le grand jeu

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Dans un long entretien accordé au site spécialisé MEES (Middle East Economic Survey), le PDG de la Sonatrach, Toufik Hakkar, a exposé les grands axes des plans de l’entreprise pour 2023 et au-delà avec l’augmentation notamment de la production de gaz, dans un contexte mondial marqué par la crise énergétique née de la guerre en Ukraine.

Le Pdg du géant pétrolier national a indiqué que l’Algérie qui vise en premier lieu à maintenir la production pétrolière et gazière en amont par la mobilisation de nouvelles réserves et leur mise en production rapide, ainsi que des développements en aval comme le raffinage et la pétrochimie, a maintenu son plan d’investissement à moyen terme d’environ 40 milliards de dollars dans le cadre d’une stratégie de création de valeur soutenue. Cette dernière, précise, l’intervenant, s’articule autour de quatre grands axes de développement qui sont : l’amont pétrole, l’amont gaz, la transformation des hydrocarbures principalement le raffinage et la pétrochimie et la commercialisation des hydrocarbures.
A travers, cette stratégie, enchaîne le Président directeur général de la Sonatrach, l’Algérie ambitionne de renforcer la part de Sonatrach sur les marchés internationaux, notamment pour le gaz. Il est aussi question, ajoute, le responsable, de réduire la réduction de l’empreinte carbone de notre industrie des hydrocarbures et l’apport de solutions bas carbone via une transition énergétique.
Revenant au plan quinquennal de 40 milliards de dollars, la même source, a fait savoir, que plus de 30 milliards de dollars allaient être orientés vers l’exploration et à la production avec l’objectif d’augmenter la production à court et moyen terme et de préparer un portefeuille de projets futurs, notamment pour le gaz naturel. Des investissements affirme-t-il, encore, qui allaient à la fois améliorer la sécurité énergétique locale tout en approvisionnant de manière fiable le marché mondial. Ceci à l’amont.
À l’aval, l’Algérie, prévoit d’investir plus de 7 milliards de dollars dans des projets de raffinage, de pétrochimie et de liquéfaction du gaz qui favoriseront la création de valeur en Algérie et renforceront notre potentiel d’exportation, fait-on savoir de même source. Aussi, l’entreprise, compte consacrer près de 1 Md$ à des projets contribuant à la transition énergétique notamment  à ceux visant la récupération de torche sur les sites de production et les complexes de GNL, et à ceux de l’électricité solaire photovoltaïque pour alimenter les sites de production. Également pour le transport et le traitement [pétrole et gaz], et de projets pilotes pour la production et le transport d’hydrogène vert.

Nouveaux contrats amont pour 2023
S’agissant des contrats signés en amont dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, Hakkar, a fait savoir, que la compagnie a conclu trois contrats de partage de production avec Eni, Sinopec et le dernier avec un consortium d’Occidental, Eni et Total Energies. Le premier a été signé en 2021, alors que les deux autres ont été ratifiés en 2022 (mai et juillet). L’Algérie aspire à travers ces contrats, assure la source, à mobiliser près de 6 milliards de dollars pour continuer à développer des gisements en améliorant la récupération du pétrole brut, des condensats, du GPL et du gaz naturel et en prolongeant la durée de vie de ces gisements. Pour l’intervenant ces contrats renseignent sur l’attractivité de la loi 19-13 sur les hydrocarbures et des efforts déployés par l’Algérie pour améliorer le climat des affaires qui devrait inciter les firmes étrangères à investir davantage.
Dans le même contexte, Sonatrach discute du potentiel de nouveaux projets d’exploration et de développement avec des partenaires intéressés qui opèrent en Algérie ainsi qu’avec d’autres sociétés intéressées par des partenariats. Nous espérons signer de nouveaux contrats en 2023.

L’Europe doit s’engager dans des accords d’achat à long terme
Concernant les efforts de l’Algérie pour répondre à la demande mondiale croissante au liquide précieux (gaz), l’intervenant a tenu à rappeler , les exportations du pays vers l’Europe au cours de l’année qui vient de s’écouler, réaffirmant que les engagements pris ont été pleinement honorés avec une livraison de plus de 4 milliards de m3 de gaz naturel sur une base spot en plus de d’autres clients à travers le monde.
Pour les efforts consentis pour l’amélioration de la productibilité de gaz, le Pdg de la Sonatrach a rappelé que l’entreprise investit chaque année, des sommes importantes dans l’exploration, dans le développement des champs et dans les installations de transport et de traitement du gaz. Plusieurs projets ont été ainsi mis en service au cours des trois dernières années, tels que les nouveaux gisements de gaz à Tinhert, Gassi Touil et Berkine Sud, les projets de surpression de gaz à Hassi R’Mel, Hamra et In Amenas, le nouveau gazoduc GR7 pour le transport du gaz du Sud- champs de l’Ouest, ainsi que l’extension du gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne. Davantage de gaz est attendu et sera destiné à répondre à la demande intérieure supplémentaire ainsi qu’à la demande de nos partenaires européens en fonction des conditions opérationnelles et commerciales.
Il s’est dit dans ce sens conscient que la sécurité d’approvisionnement et la diversification de l’approvisionnement sont des enjeux clés pour les pays européens, mais les pays européens doivent de leurs cotés s’engager dans des accords d’achat à long terme afin de garantir la sécurité de la demande pour leurs principaux fournisseurs, tout en réitérant l’engagement de l’Algérie, en tant que fournisseur fiable en gaz naturel à assurer à ses partenaires un approvisionnement stable, durable, tant que la demande en gaz restera forte, et ce, explique-t-il, par le biais d’un important programme d’investissement.

L’Algérie un fournisseur fiable avec un rôle clé
Sur la stratégie de commercialisation du gaz naturel de Sonatrach et du fonctionnement des contrats de vente de gaz, Toufik Hakkar, a estimé, que la flambée des prix de l’énergie, qui a affecté les pays d’Europe et de l’Asie dictée par un contexte mondial sous tensions, a mis en évidence le rôle pivot de l’Algérie comme facteur de sécurisation de l’approvisionnement en gaz naturel de ses clients, notamment pour les pays du vieux continent. Dans ces conditions de marché très difficiles, affirme, la même source, l’Algérie se positionne comme l’une des plus importantes sources d’approvisionnement en gaz au monde, grâce à d’importantes réserves de gaz naturel et aux récentes augmentations de production de nouvelles découvertes, en particulier en champ proche, qui ont généré une augmentation significative des volumes de gaz, disponible pour l’exportation, à la fois via des pipelines et des méthaniers. Tous ces atouts, ajoute, la même source, ont fait de l’Algérie un fournisseur fiable et un acteur important et stratégique sur le marché du gaz.
L’Europe, affirme-t-il, est le marché traditionnel de l’Algérie, qui s’attache à préserver sa part de marché ainsi qu’à la consolider et la diversifier à travers des contrats à long terme, traditionnellement établis sur ce marché pour assurer la sécurité d’approvisionnement. Mais nous nous adaptons également aux évolutions du marché en concluant des contrats à moyen et court terme, que ce soit pour du gaz naturel livré par canalisations ou du GNL acheminé principalement par notre propre flotte de méthaniers. Sonatrach a adapté sa stratégie de vente contractuelle à l’évolution des conditions du marché de l’énergie afin de capter les meilleures marges. Sonatrach optimise également ses ventes en livrant sur de nouveaux marchés lorsque ceux-ci permettent une meilleure valorisation de son gaz.

Le besoin au gaz demeure une réalité inéluctable
Coté bilan notamment pour l’année 2022, l’intervenant, a fait savoir, sans, toutefois s’adonner au langage de chiffres que la Sonatrach a atteint plusieurs records. Il s’est dit dans ce sens convaincu que seule une visibilité sur les comportements du marché et la demande future de gaz naturel, pourrait soutenir les politiques d’investissement dans les projets à forte intensité capitalistique et les projets gaziers.
Plus précis, le Pdg de la compagnie nationale, a laissé entendre que le marché gazier a toujours de beaux jours devant lui en dépit du fait que la plupart des pays s’engagent dans des orientations vers les énergies renouvelables.
« Même si les énergies renouvelables peuvent se déployer rapidement, le maintien du gaz au cœur du mix énergétique de long terme est une réalité inéluctable et la situation actuelle marquée par une forte demande de gaz et des prix spot qui restent à des niveaux exceptionnels favorise évidemment la augmentation des exportations », a-t-il dit, à ce sujet, assurant que tant que la visibilité sur la demande future de gaz est garantie, l’entreprise s’engage aussi, à faire les investissements nécessaires pour augmenter sa production, répondre à la demande du marché domestique et garantir la sécurité d’approvisionnement des marchés traditionnels de Sonatrach, et même sur de nouveaux marchés si les capacités du groupe atteignent les niveaux souhaités.

Mise en service de nouveaux champs en 2023 et 2024
En plus de la mise en service de nouveaux champs en 2023 et 2024, explique, l’intervenant, la Sonatrach a envisagé au cours du premier trimestre 2022 la possibilité d’accélérer le développement de certaines découvertes, notamment LD2 à Hassi R’Mel, où une réévaluation au début de l’année dernière a mis en évidence des réserves de gaz supplémentaires, estimées entre 100 et 300 Gm3. Des efforts dictés par le contexte actuel du marché européen, et pour contribuer à approvisionner davantage le marché.
Plus explicite le Pdg du puissant groupe pétrolier, a souligné, que l’entreprise s’est engagée dans un programme accéléré qui avait permis le démarrage de la production des premiers puits de cette découverte en décembre 2022. Il a également fait état de l’identification d’un portefeuille de découvertes réalisées ces dernières années qui peuvent être développées rapidement compte tenu de leur proximité avec des installations de traitement existantes et sous-utilisées.
Il fait savoir dans ce contexte, que deux projets ont été sélectionnés, à Ahnet et In Amenas Periphery, objet d’un programme accéléré pour qu’ils soient opérationnels au cours de l’année 2023. Il a tenu à préciser, dans ce chapitre, que le développement des trois projets, LD2 à Hassi R’mel, Ahnet et In Amenas Périphérie, n’était pas initialement prévu dans les plans de l’entreprise, mais cet état des lieux, soutient-t-il encore, permettra un approvisionnement supplémentaire en gaz de 10 Gm3 par an, révélant l’existence de d’autres projets gaziers en cours d’étude, notamment dans la région du Sud-Ouest, dont la production pourrait être envisagée si les financements et la technologie sont mobilisés, notamment en partenariat, et si la demande de gaz reste soutenue.

L’Algérie est membre de l’Opep et respecte ses décisions
Sur une question sur la production du pétrole un peu en recul par rapport à la production gazière, le dirigeant de la Sonatrach, a rappelé que, depuis le début de la pandémie, l’Opep a décidé de réduire les quotas de production pour soutenir l’équilibre du marché. Et l’Algérie en tant que membre du Cartel respecte les décisions du groupe s’agissant des quotas. Le quota de l’Algérie est aujourd’hui d’environ de 1,03 million de b/j de pétrole brut.
Toutefois précise, la source, le développement du secteur n’a pas été laissé pour autant évoquant notamment le lancement de quelques projets à moyen terme, à même d’augmenter la production de pétrole brut, dans la limite de notre quota Opep, dans des régions à fort potentiel telles que Touggourt, Hassi Messaoud, Hassi Berkine, Bir Sbaa et Hassi Bir Rekaiz.
Ces investissements concernent principalement des travaux d’extension, des améliorations de récupération et de nouveaux développements. En plus de cet effort, nous travaillons à la réévaluation d’importants volumes de pétrole classés comme probables et possibles dans les zones de « champ proche ». Nous introduisons des technologies de pointe, notamment la sismique 3D, et nous espérons récupérer une bonne partie de ces volumes, ce qui soutiendrait notre production de pétrole brut à long terme.

L’Algérie et les membres de l’OPEP
Interrogé sur les relations de l’Algérie avec les membres de l’Opep, Toufik Hakkar, a réaffirmé que l’Algérie a toujours adhéré et participé aux décisions de l’Opep et a toujours agi dans le cadre de collaboration constructive avec les autres pays membres de l’organisation, rappelant que le pays a joué un rôle de premier plan dans divers accords de l’Opep, à commencer par ceux conclus en Algérie en décembre 2008 et septembre 2016.
Par ailleurs, Mohamed Arkab, et le secrétaire général de l’Opep, Haitham Al-Ghais, ont toujours partagé, lors de leurs entretiens, leurs points de vue sur la situation actuelle du marché mondial du pétrole et ses perspectives de développement dans le monde à court et moyen terme, ainsi que les incertitudes qui l’affectent actuellement.
Il a, toutefois, tenu à préciser que les décisions de l’Organisation et de ses alliés (Opec+), sont  »purement économiques et techniques », basées sur une étude technique de la situation mondiale concernant l’économie et la demande de pétrole, en plus des approvisionnements de l’Opec et non-Opec , pour parvenir à une décision qui soit au service des États consommateurs et producteurs de pétrole, mais aussi au service de l’économie mondiale. L’objectif de l’Opep est d’équilibrer l’offre et la demande, pas un prix spécifique du pétrole.

Protéger son statut de leader
Sur la stratégie en aval adoptée par l’Algérie, le Pdg de la Sonatrach, a rappelé que l’entreprise dispose d’importantes capacités de traitement des hydrocarbures. Ces dernières, affirme, la même source, lui permettent de se positionner comme un leader sur le marché méditerranéen et comme un acteur majeur sur le marché européen. Une position que l’entreprise compte protéger et consolider pour les années à venir, indique-t-il à ce propos. Comment ?
En plus, développe encore l’intervenant, des installations de traitement d’hydrocarbures existantes, Sonatrach a pris l’initiative de lancer plusieurs autres projets pour maintenir et réhabiliter les capacités actuelles et aussi pour développer de nouvelles capacités de traitement notamment dans le raffinage et la pétrochimie et ce en consacrant environ 20% de son investissement global pour les cinq prochaines années aux activités de transformation. Des projets portés par Sonatrach, seule et en partenariat et porteront sur les activités de raffinage, de GNL et de pétrochimie dont l’objectif est de répondre à la fois à la demande intérieure en produits raffinés et pétrochimiques, tout en réduisant les importations, et à la demande extérieure à travers l’exportation de l’excédent. Il est aussi question d’encourager le développement local des petites et moyennes entreprises et en même temps à créer des opportunités d’emplois directs et indirects. Quant au raffinage, nous optimisons les installations de raffinage et augmentons leur capacité de production, notamment d’essence et de diesel afin de maximiser la valorisation de notre pétrole brut et de répondre à la demande intérieure de carburants à moyen et long terme. Il s’agit de l’unité de craquage de fioul à Skikda, pour augmenter de 37 % notre capacité de production de diesel, de la nouvelle unité de reformage de naphta à la raffinerie d’Arzew, d’une capacité de production de 1,2 million de tonnes d’essence en voie de construction, et de l’unité de production de Methyl Tert-Butyl Ether (MTBE), un additif pour essence, qui nous permettra d’arrêter d’importer ce produit et d’exporter tout surplus. Le contrat pour ce projet a été signé en juillet 2022 avec les entrepreneurs chinois CNTIC. En plus  de la nouvelle raffinerie de 5 millions de t/an près de Hassi Messaoud en cours d’édification avec d’autres projets du GNL en construction, comme celui du réservoir de stockage et un nouveau quai de chargement au port de Skikda. Ces projets nous permettront d’améliorer notre flexibilité à l’exportation et d’accueillir de grands navires pouvant approvisionner des régions éloignées.

La pétrochimie, une option stratégique
Concernant la pétrochimie, Toufik Hakkar, a évoqué plusieurs chantiers de partenariats avec Total Energies en Algérie et l’autre dans le port turc de Ceyhan entre autres. Combinés, ceux-ci auront une capacité de 1m t/an. Sonatrach construit également une unité de production d’Alkyl-Benzène Linéaire (LAB), utilisé dans l’industrie de la détergence, d’une capacité de 100 000 t/an, affirmant que le projet avec Total Energies consiste en la construction à Arzew d’une unité de déshydrogénation du propane avec des installations de production de 550 000 t/an de polypropylène (PDH-PP). Un projet, indique-t-il, en phase de sélection de l’entrepreneur EPC. La décision finale d’investissement (FID) est prévue pour début 2023.
Brahim Oubellil

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