Les associations de musique andalouse «Ahbab Sadek El Béjaoui» de Béjaïa et «Ibn Badja» de Mostaganem ont animé vendredi soir, à Alger, la scène du 10e Festival national de la musique andalouse Sanaâ, devant un public enchanté, relativement nombreux.
L’Auditorium du palais de la Culture Moufdi-Zakaria a accueilli les associations de musique andalouse «Ahbab Sadek El Béjaoui» de Béjaïa, conjointement dirigée par Sonia Bouyahia et Madina Yahiaoui, et «Ibn Badja» de Mostaganem, orchestrée par Fayçal Benkrizi, qui ont livré, au deuxième soir du festival, deux prestations hautement appréciées. Près de deux heures de temps, les deux ensembles ont proposé au public, relativement nombreux, une immersion dans l’univers du patrimoine andalou, étalant les Noubas, «Ghrib», et «Mezdj, Maya et Rasd Dil», dans la richesse de leurs variations modales et déclinaisons rythmiques. L’association «Ahbab Sadek El Béjaoui» et ses 17 instrumentistes dont six musiciennes, a mis en valeur les voix pures de Sonia Bouyahia, Madina Yahiaoui, Narimane Meddas, Celia Zidelmel, ainsi que celles de Rayane et Ramzi Boufenniche, qui ont ravi l’assistance avec la beauté romantique des poésies, rendues dans la gamme mineure du mode ghrib. L’ensemble béjaoui a, notamment interprété, «Méchaliya ghrib»,»Kounna f ichqih»(m’çadar), «alaya ouhoud»(b’taïhi), «Ya mouhrikou bin’nari wadjha mohibbihi»(istikhbar Araq), «Ya mouqabil»(dardj), «Touchiya ghrib», «Ya qalbi khelli el hal», (n’çraf), «Koulliftou bi el badri» et «Amchi ya rassoul» (Kh’lass). Fayçal Benkrizi qui avait livré à l’ouverture du festival, une remarquable prestation, a récidivé en chef d’orchestre de l’association «Ibn Badja» de Mostaganem, également présente avec six musiciennes sur la vingtaine d’instrumentistes qui la représentent, choisissant de restituer «Noubet Mezdj, Maya et Rasd Dil» dans un répertoire varié, à deux modes. Mettant en avant les solistes aux voix étoffées, Faradj Bentounès, Sanae Boumehdiou et Amine Bentami, l’ensemble a entonné les pièces, «Ana djismi fana» (m’çadar maya), «Ya men sada sayden»(b’taïhi rasd dil), «El biâad amrone saâïb», (dardj maya), «In djaka errabië» (n’çraf maya), «Niranou qalbi» (kh’lass rasd dil) et «Allah yahdik»(kh’lass maya). Le travail d’arrangement effectué sur les chants d’ensembles, rendus en alternances entres les voix masculines et féminines, dont celle de la grande Fatima Bennoua, présente sans instrument dans la formation mostaganémoise, a donné une forme esthétique adéquate à la variation des modes contenue dans le répertoire choisi par l’association. Sous à un éclairage sobre, la scénographie, faite, dans la noblesse de la tradition ancienne, d’arcades, de tapis, de coffres et d’ustensiles de dinanderie, a mis en valeur les portraits des quatre regrettés maîtres, que le festival a choisi d’honorer, réalisés par le jeune plasticien-designer, Abdelghani Bouhellal. Auparavant, le festival a rendu hommage au regretté maître du hawzi Farid Oujdi (1931-2001), dont le parcours a été évoqué, à travers la projection d’un documentaire d’une dizaine de minutes, écrit et réalisé par le musicien-chercheur, président du Conseil national des Arts et des Lettres (Cnal), Abdelkader Bendamache. Intervenant en solo lors d’un court entracte à l’issue de la projection du documentaire qui a restitué la carrière artistique de Farid Oujdi, Saliha Ould Moussa, virtuose du luth, a séduit l’assistance par sa technique et sa maîtrise de l’instrument, dans une variation de modes savamment préparée. Applaudissant longtemps les deux formations, le public, a pu suivre sur écran le défilement des textes de pièces rendues par les deux formations au programme, s’imprégnant allègrement de la profondeur des poésies, conçues dans la métaphore et portées par beauté des mélodies.