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Yémen : l’ONU cherche des accords de cessez-le-feu locaux

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L’ONU, qui tente depuis dimanche de négocier un arrêt des combats au Yémen, a prolongé les pourparlers à Genève et révisé à la baisse ses objectifs en proposant de parvenir à des « cessez-le-feu locaux », faute d’une trêve générale. L’émissaire spécial de l’ONU, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, tente d’obtenir un arrêt des combats pour les localités sunnites d’Aden (deuxième ville du pays, capitale du Sud) et de Taez (Centre) où la population, organisée en « résistance populaire », combat l’avancée des rebelles, selon une source proche des discussions. « Nous ne voulons pas d’un cessez-le-feu temporaire (…) nous voulons un arrêt des combats », a cependant affirmé à l’AFP Yasser al Awadi, membre de la délégation rebelle, qui se dit opposé à des accords locaux. « C’est injuste d’appeler à un cessez-le-feu pour une zone particulière », estime-t-il. Quant à une trêve pendant le Ramadhan comme demandé par l’ONU, « c’est une décision que doit prendre l’Arabie saoudite », selon lui.
Le mois de jeûne musulman a débuté dans la violence au Yémen où le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué une série d’attentats à la bombe anti-chiites, alors que la situation des civils empire, en particulier à Aden. Au moins 31 personnes ont été tuées mercredi soir dans la capitale Sanaa, secouée par cinq attentats simultanés à quelques heures du début du Ramadhan. Depuis mai les combats ont fait plus de 2.600 morts au Yémen, selon l’ONU. Mais pendant ce temps les « consultations » de Genève piétinent et continuent de se dérouler dans la confusion. L’émissaire des Nations unies doit toujours faire la navette entre la délégation des rebelles qui reste dans leur hôtel en ville, et le siège de l’ONU où il a vu, plusieurs fois, la délégation du gouvernement en exil.
Ce détail logistique est le fait d’un blocage politique: les rebelles venus à une vingtaine refusent de se plier à la demande de l’ONU de limiter leur délégation à sept personnes et trois conseillers. Ils affirment représenter 13 partis politiques et exigent que tous soient pris en compte dans les discussions.
Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a à nouveau rencontré mercredi soir la délégation des rebelles. Puis jeudi matin, il a revu la délégation du gouvernement en exil, seul reconnu par la communauté internationale. Les miliciens houthis et leurs puissants alliés, les militaires restés fidèles au président déchu Ali Abdallah Saleh, souhaitent une trêve, mais refusent de se retirer des zones conquises, comme l’exige le gouvernement en exil. Ce dernier est soutenu par l’Arabie saoudite, qui dirige la coalition arabe qui mène depuis le 26 mars des frappes contre les houthis et leurs alliés.

Jet de chaussure et pugilat
Signe aussi de la tension qui règne à Genève, une femme originaire d’Aden a jeté une chaussure sur le chef de la délégation rebelle, Hamza al-Houthi, lors d’une conférence de presse et l’incident a tourné au pugilat avant un retour au calme, ont constaté les journalistes de l’AFP. « Assassins qui répandent la mort et la maladie dans le sud Yémen », a crié à l’attention de M. Al-Houthi cette femme d’un certain âge, avant de lancer la chaussure (grave insulte dans la culture arabe). Six hommes se sont joints à elle, criant les mêmes slogans et brandissant un drapeau de l’ex-Yémen du Sud, mouvement autonomiste qui réclame un retour à l’indépendance de cette région fusionnée avec le Nord en 1990. Une bagarre a alors éclaté avec des membres de la délégation des rebelles. Sur les réseaux sociaux des messages se sont multipliés pour saluer l’acte de cette femme. M. Al-Houthi a néanmoins assuré ensuite que les discussions de Genève ont pour « but de ranimer une solution politique ». « Nous espérons qu’elles vont aboutir à un accord sur certaines bases, sur certains principes qui permettraient aux différentes parties yéménites en conflit de parvenir à une solution globale », a-t-il dit, précisant que ces « consultations préliminaires » devaient se conclure vendredi soir. Selon l’émissaire de l’ONU, les rebelles se disent favorables à une trêve, « mais les Saoudiens et leurs alliés n’en veulent pas ».

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