Accueil ACTUALITÉ Un examen sous haute surveillance : comment on est arrivé là ?

Un examen sous haute surveillance : comment on est arrivé là ?

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Pourquoi s’émouvoir lorsque nos potaches sont tentés par le copiage et la fraude pour décrocher leurs examens de fin d’année et particulièrement le baccalauréat ? Ce comportement qui est condamnable en soi est devenu une seconde nature, voire un réflexe systématique, tant que l’effort se retrouve dévalorisé, et les connaissances se rétrécissent comme une peau de chagrin. La fraude s’est « institutionnalisée » au point que tout le monde l’admet comme une finalité, ne dit-on pas que la fin justifie les moyens , n’a-t-on pas vu les fraudes électorales qui ont de tout temps été dénoncées par certains partis d’opposition, on a eu les faux moudjahidine, des magistrats faussaires, les faux dévots, des faux diplômés, et la liste reste longue. Alors pour nos futurs bacheliers la voie à suivre est toute tracée, on sème ce qu’on récolte et on a tué l’effort, et réussir même en trichant n’est plus un déshonneur, mais reste une performance pour les candidats au bac, puisqu’ils croient avoir su déjouer la vigilance des surveillants. C’est une performance pour ces futurs cadres de la nation et ils la considèrent comme telle. Qu’elle absurdité diriez-vous !
Alors on tente le coup, ça passe ou ça casse semblent se dire tous ceux et celles qui sont attirés par la triche et ils sont nombreux malheureusement, et le leitmotiv des uns et des autres reste la réussite, coûte que coûte et ce quelque soient les moyens pour y arriver, car l’on se rappelle que l’échec au baccalauréat 2014 a été cuisant pour des milliers d’élèves, où 240. 000 candidats ont raté leur examen, et parmi ce grand contingent, plus de 100. 000 recalés au bac se retrouvent dans la rue, sans aucune orientation ni autre qualification et n’ont plus le droit de refaire l’année scolaire. C’est dramatique en fait et face à ces chiffres qui font peur, il se trouve que de nombreuses voix s’élèvent pour un remodelage de l’école algérienne. Le sinistre est maintenant incontestable et il fait désormais beaucoup de dégâts car la descente aux enfers du système scolaire n’est plus une vue de l’esprit, elle est réelle et palpable, et cela ne servira à rien de se voiler la face, le mal est profond et n’en déplaise à ceux qui affectionnent les chiffres et les fausses statistiques et aiment surtout se faire entendre parler pour dire que tout va bien dans le meilleur des mondes chez l’école de la République algérienne. En effet, beaucoup parlent maintenant de l’échec des réformes initiées par l’ex-ministre de l’éducation nationale durant son long règne sur l’école algérienne qui n’est plus à démontrer. Des voix s’élèvent désormais parmi le personnel enseignant pour exiger une réforme de la réforme et, surtout, une restructuration du baccalauréat pour que cet examen devienne crédible et valorisé.
En tous les cas, c’est avec beaucoup d’amertume que le naufrage de tout le système éducatif algérien est dénoncé parce qu’il est devenu incapable de garantir un avenir équitable pour des centaines de milliers d’élèves qui se voient du jour au lendemain rejetés dans la rue. C’est l’échec de qui ? Lorsque plus de 240.000 élèves ont échoué au baccalauréat 2014 en dépit du seuil des programmes, un examen à la portée de tout le monde, des sujets au choix et une correction avantageuse. Dans la foulée et, face à ce constat déplorable, aucune réponse n’est apportée à ces multiples attentes des enseignants, des élèves et de leurs parents ? Seulement il faut le dire, trop de temps et d’argent ont été perdus pour une reforme menée au forceps par l’ex-ministre de l’Education et de son staff et qui n’a effectivement donné aucun résultat tangible, l’école algérienne n’a pas avancé, au contraire elle a régressé et c’est pour cette raison que des voix s’élèvent pour une refondation totale du système éducatif.
Le mal de l’école algérienne est profond et seule une refondation de ce système par des enseignants expérimentés et qui travaillent sur le terrain pourrait la sauver et lui donner des valeurs nouvelles pour traiter toutes les insuffisances qui la gangrènent, à savoir la pédagogie, les problème de discipline, la surcharge des programmes et des horaire , la surcharge de travail de l’élève, la surcharge des classes, les programmes mal repartis et sans oublier la mauvaise orientation des lycéens et enfin le manque d’encadrement …
Il faut reconnaitre que les chantiers de l’école algérienne ne sont pas prêts de se terminer tant qu’on a pas encore touché en profondeur aux véritables maux de cette école qui tangue au gré des humeurs de ses ministres et de leur reforme artificielle. Enfin, Ce qui s’était passé durant la session du bac 2015 est scandaleux à plus d’un titre. Alors, il est dit que le bac 2016 sera incontestablement sous haute surveillance, et il ne manquera plus que les forces spéciales pour corser le tout. Reste la question , comment et pourquoi on est arrivé là ?
Mâalem Abdelyakine

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