Les rebelles prorusses s’enhardissent en Ukraine et veulent mobiliser 100 000 hommes suite à leurs récentes victoires. Après l’échec des pourparlers de paix à Minsk ce week-end, le président russe a appelé à mettre fin aux combats, lesquels se sont encore intensifiés lundi. Vladimir Poutine est «extrêmement inquiet» de la situation dans l’est de l’Ukraine, a rapporté l’agence de presse russe Tass, citant le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Selon ce dernier, le président russe a appelé les deux camps à mettre fin aux combats. Les rebelles séparatistes prorusses continuaient cependant à pilonner les positions des forces gouvernementales dans la ville de Debaltseve, un noeud ferroviaire entre leurs bastions de Donetsk et Lougansk. Un des chefs séparatistes a par ailleurs annoncé une «mobilisation générale» d’ici dix jours pour renforcer les effectifs des rebelles.
Mercenaires russes
Pour Serguiï Zgourets, expert militaire indépendant à Kiev, l’annonce de cette mobilisation pourrait présager d’importants renforts à venir depuis la Russie, qui dément toujours toute implication dans le conflit ukrainien. «Les républiques séparatistes n’ont pas les moyens de mobiliser tant d’hommes, si ce n’est avec des mercenaires russes», souligne-t-il.
Selon un autre analyste ukrainien, Olexandre Souchko, la Russie, qui participe avec l’OSCE aux pourparlers de paix, «n’a pas intérêt à négocier un cessez-le-feu avant d’infliger une importante défaite militaire à l’Ukraine pour pouvoir dicter ses conditions».
Janvier sanglant
Sur le terrain, la situation s’est encore dégradée ces dernières semaines, avec de lourdes pertes chez les soldats ukrainiens et les civils. Douze personnes, dont sept civils, ont été tuées en 24 heures, après un week-end sanglant au cours duquel ont péri une cinquantaine de soldats ukrainiens et de civils. Les autorités de Kiev ont par ailleurs déclaré lundi que le mois de janvier a été l’un des plus sanglants dans l’est de l’Ukraine depuis le début du conflit séparatiste en avril dernier.
Washington réexamine l’idée d’armer Kiev
Par ailleurs, l’administration américaine étudie à nouveau la possibilité de fournir aux forces ukrainiennes armes et équipements défensifs face à l’intensification des combats contre les séparatistes dans l’est du pays, ont confirmé plusieurs hauts responsables fédéraux. Mais ils ajoutent qu’aucune décision n’a été prise à ce stade.
Ben Rhodes, le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a déclaré sur CNN que fournir davantage d’armes n’était pas une réponse à la crise en Ukraine. «Nous pensons toujours que la meilleure façon d’exercer une influence sur les calculs de la Russie passe par les sanctions économiques qui frappent profondément l’économie russe», a-t-il dit. «Nous ne pensons pas que la réponse à la crise en Ukraine consiste simplement à injecter davantage d’armes», a-t-il ajouté. «Nous regardons à nouveau, mais nous ne savons pas à quoi cela aboutira», a confié un autre haut responsable du gouvernement.
Néanmoins, le débat, révélé dimanche par le «New York Times», est en cours à Washington. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry est attendu jeudi à Kiev pour des entretiens avec le président ukrainien Petro Porochenko. Le même jour, les ministres de la Défense des pays de l’Otan se réuniront à Bruxelles.
L’Otan et l’Ukraine accusent la Russie d’envoyer des milliers d’hommes, des armes lourdes et des chars pour soutenir les insurgés. Moscou dément être directement impliqué dans les combats sur un territoire que le Kremlin appelle la «Nouvelle Russie». Washington livre déjà des équipements militaires à l’Ukraine, notamment du matériel de détection de mortiers, des lunettes de précision ou des gilets pare-balles et des tenues de protection. Mais pas d’armes. L’évolution récente des rapports de force et des combats dans l’est de l’Ukraine a entraîné toutefois un réexamen de la position américaine.