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Timbuktu : éveil du cinéma africain et acte de diplomatie culturelle

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Le film franco-mauritanien, Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako, sacré lors de la 40e cérémonie des César, vendredi à Paris, marque l’éveil du cinéma africain et constitue un acte de haute diplomatie culturelle, ont estimé samedi des cinéastes maliens et mauritaniens. Le film, décrivant la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des jihadistes en 2012, ne faisait en revanche pas l’unanimité dans ce pays, certains de ses détracteurs lui reprochant d’en édulcorer la réalité. Je dis +bravo Abderrahmane Sissako+. C’est une bonne nouvelle pour le cinéma africain. Je dirais même que c’est l’éveil du cinéma africain, a déclaré à l’AFP le cinéaste malien Souleymane Cissé. M. Cissé, seul réalisateur à avoir décroché deux fois la plus haute récompense du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadoudou (Fespaco), dit espérer que Timbuktu profitera aux populations du nord du Mali. Le jour du triomphe du film aux Césars, la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) annonçait d’ailleurs le financement dans cette région de six nouveaux projets d’un montant global de près de 175 000 euros concernant la réhabilitation des systèmes d’adduction d’eau et la transformation et le stockage de produits agricoles pour les femmes. Dans un communiqué, la Minusma rappelle avoir exécuté, en 2014, plusieurs projets dans cette région, dont la réhabilitation partielle du stade municipal de Tombouctou qui a fortement contribué à la reprise des activités socioculturelles et sportives, alors qu’une scène du film montre des jeunes jouant sans ballon, bravant l’interdiction du football par les jihadistes. C’est un jour de fête pour nous Mauritaniens, a indiqué de son côté le cinéaste Abdarrahmane Ould Mohamed Salem, responsable de la Maison du cinéaste mauritanien (privée). Pour lui, le film, dont le réalisateur est depuis 2011 conseiller culturel du président Mohamed Ould Abdel Aziz, constitue un acte de haute diplomatie culturelle qui donne au pays un nouveau souffle au plan international et à la nation (islamique, ndlr) une image autre que celle des horreurs diffusées au quotidien. Je regrette une chose. On ne voit pas la brutalité des jihadistes sous l’occupation, a fait remarquer Oumar Maïga, enseignant à Tombouctou, ville où se déroule l’action du film. Nous étions sous l’occupation. Les jihadistes-terroristes ont coupé des mains et des femmes ont été violées. C’était la barbarie. On ne voit pas ça clairement dans le film, a-t-il déploré. Pour l’étudiant malien Amadou Kanté en revanche, ce film permet de ne pas oublier la tragédie qu’a connue et que connaît toujours le nord du Mali. Le film a été projeté à Bamako il y a quelques semaines en avant-première. Il devait initialement être tourné au Mali mais l’a finalement été sous protection militaire à Oualata, dans le sud de la Mauritanie, près de la frontière entre les deux pays, à l’exception de quelques plans filmés presque clandestinement à Tombouctou même. Timbuktu a triomphé vendredi soir, remportant sept prix, dont les prestigieux trophées du meilleur film et du meilleur réalisateur.

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