Il ne se passe pas un jour sans que l’ange de la mort qui sévit à travers les routes du pays ne frappe encore, pour emporter son lot de victimes, entre morts et blessés. Ceci, sans parler des traumatismes psychologiques engendrés aux usagers. Car, ces derniers, faut-il le dire, sont de plus en plus nombreux à être hantés par le cauchemar routier. Aujourd’hui, conduire en Algérie équivaut, ou presque, à s’exposer à un péril permanent qui guette les vies humaines. Il ne s’agit pas tant de parler d’un risque à mettre sur le dos du destin, tant l’avenir réserve bien des surprises que plus personne ne peut y échapper. Mais là, la menace dépasse tout entendement. Le fait marque bien les esprits et l’impasse devant ce phénomène fait le reste, pour laisser place à un danger public auquel l’on assiste impuissants. En l’espace de 48 heures, pas moins de 15 personnes sont passées de vie à trépas, et plus de 100 autres blessées, suites à des accidents de la circulation survenus sur l’ensemble du territoire national. C’est le énième bilan rendu public, avant-hier, par la Protection civile. Des morts s’ajoutent à une liste noire qui va crescendo au fil du temps. Ce qui inquiète outre mesure, c’est le fait que le phénomène tend à se «banaliser» aux yeux de l’opinion publique. Devant cette situation alarmante, hormis les solutions mises en place par les pouvoirs publics, à travers différentes mesures visant à atténuer les accidents, dont les résultats obtenus ont démontré bien des limites, aucune vision permettant de traiter le phénomène de manière globale ne se profile à l’horizon. Celle-ci aurait pour vocation de réfléchir au phénomène pour bien comprendre ses causes avant de passer à l’action pour le traiter. À ce moment là, les moyens qu’il conviendrait de choisir n’en seront pas peu efficaces. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le Code de la route est malheureusement une culture peu présente dans le paysage routier algérien. Pourtant, il est censé être l’instrument de référence clé au chauffeur, l’obligeant, ainsi, à se soumettre aux règles, dès lors qu’il emprunte la voie publique, comme cela se fait partout dans le monde. Et pour cause, non seulement la qualité de la formation des candidats au permis de conduire effectuée auprès des auto-écoles laisse à désirer, comme l’ont relevé les autorités publiques elles-mêmes, mais il y a aussi l’inconscience dont font preuve des conducteurs véreux, ayant pour conséquences fatales d’attenter à la vie d’autrui et, bien entendu, à celle de soi-même, qui est notamment soulevée.
Un retour rétrospectif sur le bilan des accidents routiers enregistrés lors des sept premiers mois de l’année en cours atteste d’une réalité amère. Plus de 2 200 personnes ont été tuées et près de 22 000 ont été blessées dans plus de 12 350 accidents, rien que ça. Des chiffres qui donnent froid dans le dos, même si, en comparaison avec la même période de l’année dernière, les statistiques pourraient désavouer ce constat. Puisqu’en 2014, un écart de quelques décès de moins a été relevé. Partant de ce point de vue, autant dire oui, et s’en réjouir du fait que le nombre de victimes des routes est revu à la baisse. À ce titre, même les différentes autorités en charge de la lutte contre ce phénomène se targueront d’avoir atteint -infimes soient-ils- les objectifs tracés. Mais dans les faits, peut-on vraiment parler d’une baisse ou plutôt faire le point sur ce phénomène en vue de mieux l’expliquer ? Lequel, au-delà de déplorer des victimes, prend des proportions alarmantes, avec tous les risques de dérapages que cela pourrait avoir. Sachant que les routes sont devenues un espace public où le respect de la loi est le cadet des soucis, où l’on découvre to
utes sortes de comportements indélicats. Ne faudrait-il peut-être pas, donc, changer d’angle de vue pour traiter de façon plus ingénieuse, et en profondeur, ce phénomène ? Or, à l’heure actuelle, les autorités concernées semblent laisser la proie pour l’ombre. En effet, jugeant -à tort ou à raison d’ailleurs- que le phénomène est en baisse, en termes notamment de victimes enregistrées, les mesures de lutte, de prévention et de vigilance routière semblent prendre la même tendance. Par ailleurs, le facteur humain constitue et demeure d’ailleurs la principale cause des accidents. L’excès de vitesse, les dépassements dangereux et le non-respect de la distance de sécurité ; sont les trois infractions souvent commises par les conducteurs, à l’origine donc des périls routiers. En moyenne, dix personnes décèdent chaque jour sur les routes, à travers tout le territoire national. Selon les dernières informations recueillies en date, quatre personnes ont trouvé la mort durant les dernières 24 heures, selon la Protection civile.
Farid Guellil