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Tebboune et les jeunes trabendistes

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Ils ont débuté dans la deuxième partie des années 90. Au commencement, ils n’étaient que des « mules » des barons du marché informel. On les appelait aussi les « trabendistes » (le mot est passé au Larousse) ou les « porteurs de cabas ». En contrepartie d’un billet d’avion pour un voyage à l’étranger, d’une nuit à l’hôtel et quelques dinars à l’arrivée, ils transportaient, dans leurs bagages, les produits achetés par « l’antenne » de l’étranger des contrebandiers. Laquelle « antenne » remettait à ces jeunes des cabas pleins de produits manquant sur le marché national qu’ils devaient remettre, à leur arrivée, à un autre « baron » qui les attendait. Les contrebandiers choisissaient les jeunes parmi ceux qu’on appelait « les hittistes », c’est-à-dire les sans-emplois qui n’ayant pas de quoi se payer un café, restaient dans leur quartier adossés aux murs. Ils passaient ainsi leur journée à « tuer le temps ». Lorsqu’ils étaient « recrutés » par les barons de l’informel, ils étaient liés par un contrat de confiance tacite. Depuis, les choses ont quelques peu changé. Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas obnubilés par un simple voyage en avion comme les précédentes générations. S’ils se lancent dans le « trabendo » ce n’est plus pour servir de « mule ». Ils activent pour leur propre compte avec l’ambition de prospérer. C’est pourquoi, le président Tebboune a d’abord inscrit leur cas dans l’ordre du jour du dernier Conseil des ministres. En deuxième lieu, il veut les aider à évoluer, avec toutes les garanties sociales et économiques, dans leurs activités jusque-là illégale. Pour être plus précis, le Président de la République « a ordonné la régularisation totale et définitive de la situation des jeunes exerçant dans le cadre de la micro-importation individuelle… ». Et il poursuit « tout en les protégeant à travers leur intégration dans le circuit formel du commerce extérieur pour leur permettre de tirer profit des avantages prévus par la loi relative à l’auto-entrepreneur ». Il veut clairement leur faire oublier « la situation qui a engendré la saisie des marchandises, de certains parmi eux, outre leur déséquilibre social dû à la perte de leurs modestes capitaux ». Tebboune a même « enjoint au Premier ministre, de créer en urgence, une commission chargée de définir les mécanismes d’activité de ces jeunes qui investissent leurs modestes capitaux pour satisfaire des besoins élémentaires ». C’est pour eux la fin du calvaire. Celui de se tenir le ventre en passant devant le douanier. De vivre avec la crainte d’une saisie qui lui fera perdre ses maigres économies. De ne pas bénéficier de la protection sociale comme tous les entrepreneurs inscrits au registre du commerce. De n’avoir aucune relation possible avec les banques. À la lecture du communiqué, on déduit que le Chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, veut rendre leurs rêves à tous ces jeunes. Il ne les confond pas avec les barons de la contrebande. Il veut leur créer les meilleures conditions de réussite dans la vie. Le plus vite possible !
Zouhir Mebarki

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